Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Roman en deux temps, le dernier opus de Moya nous entraîne à Mexico et au Salvador, au milieu des échos distants des putschs, des coups d'état et des guerres civiles. Vous pourrez réviser vos connaissances de base sur le Front Farabundo Marti de Libération nationale, sur les Somozistes et les Sandinistes. Et en cas de grande détresse politico-historique, vous pourrez vous en remettre à "Mondes Rebelles" de J.M. Balencie et Arnaud de La Grange (tome 1er) ou reprendre une vodka — comme les principaux personnages du roman.


Dans la première partie, on voit l'ex-ambassadeur salvadorien Alberto Aragon, ruiné, âgé, venir mourir à Mexico, accompagné de l'Infante, une compagne grassouillette de 25 ans, fidèle jusqu'à la dispersion de ses cendres dans l'océan (Pacifique). Dans la seconde partie, un émule salvadorien du privé, genre Philip Marlowe des tropiques, est embauché par un vieil ami d'Alberto pour aller au Mexique savoir toute la vérité sur ses derniers jours. Celle-ci n'apparaîtra bien sûr que dans les toutes dernières pages, une fois que le lecteur aura subi l'emmerdant récit de l'enquêteur Pindonga – qui n'arrive pas à oublier le départ de Rita pour l'Espagne.

 

L'abus d'alcool et de sexe me semble en effet réduire l'intérêt de la lecture du roman, qu'il s'agisse de divers personnages dont on attend qu'ils finissent leur dernier verre, ou qu'il s'agisse du monologue du privé dont on attend souvent qu'il se rhabille et se mette au boulot. La vodka est curieusement beaucoup plus consommée que le gin ou le rhum  (Cuba Libre bien sûr !) — néanmoins la cirrhose fait rage. Un lecteur habitué de Moya retrouvera brièvement la trace de quelques personnages essentiels des romans précédents : Robocop (L'Homme en arme), le commissaire Handal, son adjoint Villalta ainsi que la journaliste Rita (Le bal des vipères) avant qu'elle n'aille à Madrid faire des études de journalisme. L'enquêteur fait d'autant plus preuve d'incontinence verbale que l'excès d'alcool l'a poussé à quelques jours de citronnade réparatrice. Ce qui fait que c'est sur nous que sa rogne retombe. Souhaitons que l'auteur et son narrateur se rétablissent, par exemple grâce aux Alcooliques anonymes qu'Alberto Aragon n'a pas eu le courage de fréquenter.

 

• Horacio CASTELLANOS MOYA : Là où vous ne serez pas
Traduit de l'espagnol par André Gabastou. Les Allusifs, 2008, 272 pages.

 

Tag(s) : #AMERIQUE LATINE, #SALVADOR
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :