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La figure du Prophète

Premier guide spirituel et politique, Moïse préfigure Jésus et Mahomet. Symbole de Justice et de Liberté, les peintres de toutes les époques s'en sont inspirés. Moïse a symbolisé l'accession à la Liberté des esclaves noirs américains : pendant la guerre de Sécession les soldats chantaient “Go Down Moses”. Les Dix Commandements restent la pierre de touche morale des hommes au XXI° siècle. Même en dehors du judaïsme Moïse symbolise Justice, Liberté et Fraternité.

L'image de Moïse on la connaît d'abord par la sculpture colossale de 2m 35 due à Michel-Ange à l'église Saint-Pierre-aux-Liens au cœur de Rome. Ce Moïse de 1516 tient les Tables de la Loi et sa tête est étrangement surmontée de... deux cornes ! En fait, selon la Bible hébraïque, il rayonne, et ce sont donc des rayons de lumière qu'on devrait voir et non des cornes. Au IVe siècle, saint Jérôme a confondu les termes hébreux pour "corne" et pour "aura" alors que la Bible grecque des Septante ne faisait pas cette confusion, précisant clairement que sa figure rayonne. On verra que Raphaël à la même époque place des rayons lumineux sur la tête de Moïse descendu du mont Sinaï avec les Tables de la Loi, comme le fera Ribera en 1638, tandis que Philippe de Champaigne, proche des jansénistes, se garde bien, dix ans plus tard, d'ajouter corne ou rayon sur la tête du prophète comme on le verra dans la version de l'Ermitage.

Léonard LIMOSIN (1505-1576 env). “Le prophète Moyses”. Château d'Écouen, Musée National de la Renaissance qui abrite une collection d'émaux.

Certains artistes ont illustré le cycle mosaïque par une série d'œuvres : citons les fresques de Raphaël et de Signorelli au Vatican, les œuvres de Nicolas Poussin, de Marc Chagall.

 

 

Ière Partie : l'enfance de Moïse

 

Moïse sauvé des eaux

Les Hébreux sont esclaves au pays de Pharaon. Pour que son bébé échappe à l'ordre officiel de tuer les garçons nouveaux-nés des Hébreux, la mère de Moïse le cache dans un panier au fil du Nil.

Le nouveau-né est abandonné par ses parents, Amram tenant par la main Aaron, et Jocabed (ou Yokébed) qu'on voit ici pousser le panier sur le fleuve. L'Ashmolean Museum d'Oxford possède cette toile de Nicolas POUSSIN, "Moïse exposé sur les eaux“ datant de 1654.On remarque que la lumière ne touche que les trois personnages principaux.

 

Près de deux siècles plus tard, en 1840, Alexei TYRANOV peint “Yokébed et Myriam abandonnant Moïse sur le Nil“, Galerie Tretiakov, Moscou. - L'atmosphère paisible et ocrée du couchant contraste avec le regard inquiet de la mère de Moïse.

 

L’enfant est recueilli par Thermoutis la fille du Pharaon et élevé à la cour. Moïse sauvé des eaux est  le premier thème abondamment choisi par les peintres occidentaux.

En 1518-1519, Raphaël travaille avec son équipe au Vatican. Ce premier “Moïse sauvé des eaux” faite partie de l'ensemble de fresques bibliques sur voûte appelées Loges de Raphaël, ici 8ème voûte. - La légèreté des tissus, les tons pastels, donnent à la scène une profonde sérénité.

 

En 1550, Paolo Caliari alias Véronèse peint son “Moïse sauvé des eaux” conservé au Musée des Beaux Arts de Lyon. Une version légèrement différente se trouve à la Gemaldegalerie de Dresde. Ici le sauvetage de l'enfant est scénarisé dans un décor aristocatique et luxueux.

 

En 1555 Jacopo Robusti dit le TINTORET réalise à son tour un “Moïse sauvé des eaux” aujourd'hui au musée du Prado.

 

Nicolò dell' ABATE donne vers 1560 sa version de “Moïse sauvé des eaux”. Musée du Louvre. On notera l'originalité de la construction du tableau : à gauche, le panier flotte encore su rle Nil ; à droite trois femmes choient le bébé à terre ; elle seules portent la lumière de l'ensemble.

 

Il faut attendre une génération pour retrouver le thème. Vers 1633 Orazio GENTILESCHI en peint deux versions. D'une part celle que conserve la National Gallery à Londres sous le titre “The Finding of Moses”. Ici l'artiste a donné au sauvetage une dimension publique avec beaucoup d'agitation autour du berveau.

 

L'autre version conservée au Prado sous le titre “Moisés salvado de las aguas”. Elle diffère essentiellement dans la partie droite de la scène.

 

Pieter de GREBBER, 1634, “Moïse sauvé des eaux”. Gemaldegalerie, Dresde. - Une fois encore l'artiste a centré la lumière sur la fille de Pharaon  : la main de Dieu qui sauve.

Les représentations de ce thème se multiplient dans les années 1638-1655, particulièrement du fait de Nicolas Poussin, dans un décor qui souvent évoque la campagne romaine puisque le peintre venait de s'établir à Rome.

 

Nicolas POUSSIN : “Moïse sauvé des eaux”, Musée du Louvre. 1638. L'arrière-plan évoque la campagne romaine que Poussin connaissait bien puisqu'il vivait à Rome. On remarque ici deux personnages masculins lors du sauvetage, ce qui est inhabituel.

 

Moins de dix ans plus tard, 1647, POUSSIN reprend le même thème“Moïse sauvé des eaux“ du Louvre. Mais ici la scène prend la dimension d'un événement exceptionnel.

 

Ce "Moïse sauvé des eaux” du Musée de Cardiff et daté de 1651 est plus lumineux que le précédent, plus gai aussi : la posture de la fille de Pharaon avec Moïse n'est pas sans évoquer celle de la Vierge à l'Enfant.

 

Charles de POERSON, "Moïse sauvé du Nil". 1652. Galerie Heim, Bâle. Ici, Moïse est peint tout en bas de la toile comme dans les compositions du milieu du XVIe siècle de Véronèse et Tintoret.

 

Giovanni Francesco ROMANELLI : “Moïse sauvé des eaux”. Vers 1650. Château de Compiègne.

 

Thomas BLANCHET, “Moïse sauvé des eaux”, Louvre, 1655. Là encore des femmes s'empressent autour de Moïse, baignées de lumière quand l'ensemble de la scène reste plongé dans l'ombre.

 

Élisabeth SIRANI. “Moïse sauvé des eaux". Vers 1660. (coll.part.)

 

Fin XVIIe. Carlo CIGNANI. Musée des Beaux-Arts de Nancy. Le peintre figure Thermutis, la fille du pharaon, tenant délicatement dans la sienne la main du petit Moïse.

 

Antoine COYPEL, “La découverte de Moïse", 1697. Allen Memorial Art Museum, Oberlin, Ohio, USA. Ici l'artiste a magnifié Thermutis lumineuse et puissante.

 

Jean JOUBERT. "Moïse sauvé des eaux". Gouache de 26x33 cm peinte vers 1700 au Château de Versailles pour l'appartement du duc de Bourgogne affecté ensuite à l'infante-reine Marie-Anne Victoire d'Espagne fiancée à Louis XV puis remanié pour Marie Leszczynska. L'œuvre faisait partie d'une série de miniatures accolées à touche touche alternant les formats rectangulaire et ovale. Cabinet des Arts graphiques du Louvre.

 

Alessandro GHERARDINI, "Moïse sauvé des eaux", 1700. Huile sur cuivre. Collection Motais de Narbonne.

 

Charles de LA FOSSE : “Moïse sauvé des eaux“, 1700, Louvre. Remarquer une composition en diagonale, comme dans le tableau suivant, qui permet aux regards de converger vers l'enfant sauvé des eaux.

 

Adriaan van der WERFF : "Moïse sauvé des eaux", 1722. Rennes, Musée des Beaux-Arts. La diagonale des bras descend vers l'enfant et celui-ci lève les siens, d'où une impression chaleureuse plus marquée, propre à l'évolution des sentiments envers les enfants qui se constate au XVIIIe siècle.

 

Jean-Jacques LAGRENÉE : “Moïse sauvé des eaux”, 1785 environ, Musée Magnin, Dijon.

 

Giovanni TIEPOLO : “The Finding of Moses”, 1738, Scottish National Gallery, Édimbourg. Le petit Moïse est ici encore au centre du tableau et des préoccupations.

 

Nicolas de LARGILLIERE : "Moïse sauvé des eaux”, 1728, Louvre. Une peinture plus froide, aristocratique, qui manque de chaleur. C'est la princesse qui est au centre de la composition et Largillière est à l'aide dans le portrait d'apparat.

 

On fait un grand saut dans le temps, passant par-dessus l'époque romantique... pour arriver à l'Orientalisme de la Belle Époque.

 

Edwin LONG : “La Fille de Pharaon” 1885, Bristol City Museum of Art.

 

Lawrence ALMA-TADEMA : “La découverte de Moise", 1905. (coll. part).

 

Moïse à la cour du Pharaon

Giorgio Barbarelli dit GIORGIONE : “Moïse subit un procès par le feu”, 1505. Les Offices, Florence. Adopté par Thermutis la fille du Pharaon, Moïse vit à la cour. Le Pharaon joue à lui mettre sa couronne sur la tête. Moïse la jette par terre et la piétine. Les courtisans effrayés par ce mauvais présage veulent le tester en apportant deux assiettes. L'une contient du charbon de bois et l'autre de l'or et des pierres précieuses. Moïse choisit les charbons et se brûle la bouche prouvant l'absence de toute intention maligne, aucun dessein de lèse-majesté. Mais il reste "lourd de langue" autant dire bègue. Naturellement, ce paysage prétendument égyptien ressemble à la campagne italienne.

 

Artemisia GENTILESCHI. “The infant Moses and the burning coal”. Vers 1630 (vente Christies). Ici, le traitement du sujet est plus explicite que chez Giorgione puisque la couronne du souverain est à terre.

 

1645. Nicolas POUSSIN. “Moïse enfant foulant aux pieds la couronne de Pharaon”. Tableau passé de la collection du duc de Bedford, Woburn Abbey,à une collection particulière au Japon. Au centre le hiérogrammate qui avait prédit la naissance d'un enfant qui saperait le puissance de l’Égypte pharaonique se précipite pour tuer le petit garçon. Thermutis et le Pharaon s'y opposent. Après cette épreuve Moïse peut grandir à la Cour mais il restera bègue.

 

Jan STEEN traite le sujet en lui donnant une tournure plus dramatique en 1670 avec son “Moïse et la couronne de Pharaon”. Mauritshuis, La Haye.

 

Edward POYNTER (1836-1919). “Israël en Égypte” (1857). Guildhall Art Gallery, Londres. Dans le contexte impérial de l'Angleterre victorienne, le peintre anglais est sensible à la puissance de la civilisation pharaonique et l'exprime par le caractère imposant des bâtiments — comme on le verra plus loin avec John Martin.

  

 

IIè partie : Moïse, de l’Égypte à la Terre promise

 

Sandro BOTTICELLI. “Scènes de la vie de Moïse : les épreuves ” (partie gauche de la fresque). 1481-82. Chapelle Sixtine, Vatican. Plusieurs scènes consécutives sont représentées sur un même tableau. Au premier plan à droite, Moïse (robe jaune et manteau vert) tue de son épée un Égyptien qui battait un Hébreu. En haut à gauche, Moïse s'agenouille devant l'apparition divine du buisson ardent. Au centre, Moïse avec les filles de Jéthro. En bas à gauche, il conduit le peuple d'Israël vers la Terre promise. Noter qu'ici Moïse n'est pas représenté comme un vieillard aux cheveux blancs, contrairement à la plupart des œuvres qui suivent.

 

Sandro BOTTICELLI . “Scènes de la vie de Moïse : la punition des rebelles” (partie droite de la fresque). Chapelle Sixtine, Vatican. Dans le “désert”, l'autorité de Moïse a été contestée (scène de gauche). Au centre il sanctionne les rebelles en brandissant sa canne. La scène de gauche montre les meneurs punis : la terre s'ouvre sous leurs pieds.

 

Moïse dans le désert

La vie de Moïse devient ainsi une succession d'épreuves. Après avoir été élevé à la cour du Pharaon, Moïse devenu adulte agresse et tue un Égyptien. Il doit s'enfuir dans le désert. Hébergé par un prêtre du pays de Madian, Jéthro, il épouse sa fille Tsippora (Séphora)  et devient berger. Ainsi est-il amené à défendre les filles de Jéthro.

 

James TISSOT. “Jéthro et Moïse”. Entre 1896 et 1900. The Jewish Museum, New York.

 

1523. Rosso Fiorentino. “Moïse défendant les filles de Jéthro”. Les Offices, Florence.

 

1609-10. Carlo SARACENI. “Moïse défendant les filles de Jéthro”. Huile sur cuivre. National Gallery, Londres.

 

Giovanni Francesco ROMANELLI. “Moïse défendant les filles de Jéthro”. Vers 1650. Louvre.

 

Sebastiano RICCI. Moïse défendant les filles de Jthro. (1708-1711), Musée des Beaux-Arts de Budapest.

 

Alors que Moïse garde son troupeau, et qu'il atteint 80 ans, Dieu lui parle à travers un buisson ardent. Il lui révèle sa mission : sortir son peuple d’Égypte et l'amener en Terre Promise. Il s'en suivra l'Exode à travers le désert, le passage de la mer Rouge, puis l'errance dans le désert du Sinaï.

 

Dans les années 1460-70, Dirk BOUTS peint “Moïse et le Buisson ardent”. L'œuvre est au Musée des Beaux-arts de Philadelphie.

 

1517-19 : la 8è Loge de Raphaël au Vatican reprend le thème du “Buisson ardent”.

 

Francisco COLLANTES. (1599-1656): “Moïse et le buisson ardent” (1630-34), Louvre. Le peintre madrilène propose ici une apparition divine plutôt discrète dans ce paysage touffu et très végétal fort éloigné d'une vision d'un Orient désertique.

 

Jean TASSEL (1608-1667), “Moïse devant le buisson ardent”, église Saint-Germain, La Châtre.

 

Reuven RUBIN (1893-1974) : “Moïse et le buisson ardent” (1923). Le peintre originaire de Roumanie est revenu de New-York pour la Palestine cette année-là.

 

“Moïse et le buisson ardent”, années 1960. À Nice, le Musée national Marc Chagall abrite la collection que ce peintre a consacrée au Message biblique et nous y reviendrons.

 

Les Hébreux cheminant dans le désert sont mordus par des serpents. Moïse fabrique un serpent de bronze (airain) qui les guérit.

 

Le Serpent d'Airain

1618-20. Antoine VAN DYCK. “Le serpent d'airain”. Prado, Madrid.

 

1638. Pierre Paul RUBENS. “Le serpent d'airain”. National Gallery, Londres.

 

Charles LE BRUN. “Le serpent d'airain”. 1647-49. Bristol City Museum and Art Gallery.

 

1743. Jean-Charles FRONTIER. “Moïse et le serpent d'airain”. Église Sainte- Blandine, Lyon.

 

Les Dix Plaies d'Égypte

Selon l'Exode (7-11) Dieu envoie les Dix Plaies sur l’Égypte pour contraindre le Pharaon à libérer les Hébreux de l'esclavage et qu'ainsi Moïse puisse exécuter sa mission. D'abord les eaux du Nil deviennt du sang, les grenouilles envahissent le pays, les insectes attaquent la population, puis la vermine, et, cinquième plaie, la peste anéantit le bétail.
 

Joseph Mallord William TURNER. “La 5ème plaie d’Égypte”, 1800. Indianapolis Museum of Art. Avec une pyramide au milieu du tableau, chacun sait bien qu'il s'agit du pays des pharaons. La lèpre suivra.

 

John MARTIN (1789-1854). “La 7ème plaie d’Égypte”. 1823. Boston, Museum of Fine Arts. La 7ème plaie fut la grêle, et l'on voit Moïse brandissant sa canne ; la 8ème les sauterelles, la 9ème les ténèbres et enfin moururent les premiers-nés.

 

Joseph Mallord William TURNER, “La 10ème plaie d'Égypte”, 1802. Tate Gallery, Londres.

 

Survient alors seulement le départ d’Égypte ou Exode, rapportée dans le livre éponyme de la Bible. Cette sortie d'Égypte sera célébrée par la Pâque juive (Pessah).

 

L'Exode

Pietro PERUGINO. “Moïse quittant l’Égypte”. 1481-83. Chapelle Sixtine, Vatican. Moïse, qui n'a pas encore de chevaux blancs, est reconnaissable à sa canne et à l'ange qui s'adresse à lui. Dans la partie droite, la circoncision de son second fils.

 

David ROBERTS (1796-1864).“Les Israélites quittant l’Égypte” (1830). Musée des Beaux Arts de Birmingham.

 

Marc CHAGALL. “Moïse et ses frères. L'Exode”. 1968. Musée Chagall, Nice.

 

 

Le Passage de la mer Rouge

Le peintre arménien Toris ROSLIN a imaginé vers 1250-1270 le passage de la mer Rouge par les Hébreux et le flot arrêtant la cavalerie du Pharaon.

 

Bartolo di Fredi. Le passage de la mer Rouge. 1367. Collegiata Santa Maria Assunta à San Gimignano. L'armée du Pharaon est en train de se noyer. 

 

Cosimo ROSSELLI (ou Domenico Ghirlandajo ou Biagio di Antonio Tucci). “La Traversée de la mer Rouge”, 1481-82, Chapelle Sixtine, Vatican.

 

1517-19. Loges de RAPHAËL. N°8. “Le passage de la mer Rouge”.

 

1633-34 : Nicolas POUSSIN. “La traversée de la mer Rouge”. National Gallery of Victoria, Melbourne. La scène est dramatique!

 

Vers 1700. Jean JOUBERT. “Le passage de la mer Rouge”. Département des Arts graphiques, Musée du Louvre.

 

Marc CHAGALL, 1955, “la traversée de la mer Rouge”. Les Hébreux traversent à pied sec et la mer se referme derrière eux engloutissant l'armée égyptienne qui tentait de les stopper.

 

Les Tables de la Loi

Au mont Sinaï, Moïse attend 40 jours les Tables de la Loi annoncées par Dieu.

 

La Haggada dite de Sarajevo. “Moïse et les Tables de la Loi”. Miniature extraite d'un manuscrit du XIVe siècle d'origine juive espagnole. Musée national de Bosnie-Herzégovine, Sarajevo. La Haggada est un récit de la sortie d’Égypte utilisé lors du Seder de Pessah.

 

1480 Cosimo ROSSELLI, “Les Tables de la Loi” à la descente du mont Sinaï. Chapelle Sixtine, Vatican.

 

1517-19. Loges de RAPHAËL. N°9. “Remise des Tables de la Loi”.

 

1517-19. Loges de RAPHAËL. N°9. “Présentation des Tables de la Loi aux Juifs.” Vatican.

 

1624. Guido RENI. “Moïse tenant les Tables de la Loi”. Galleria Borghese. Rome.

 

1638. José de RIBERA. Moïse et les Tables de la Loi. Museo Nazionale di San Martino, Naples.

 

1648. Philippe de CHAMPAIGNE. “Moïse et les Dix Commandements”. Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.

 

Une autre version au Musée de Picardie à Amiens, “Ecoutez Israël”. La silhouette du mont Sinaï se profile à l'arrière-plan.

 

1700 env. Jean JOUBERT. “Moïse montre au peuple les Tables de la Loi”.

 

Années 1960. CHAGALL. “Moïse recevant les Tables de la Loi”. Huile sur toile, 237x233 cm. Musée Chagall, Nice.

 

Quand il a reçu les Tables de pierre où sont gravés les Dix Commandements (Décalogue) son peuple a perdu patience. Aaron, frère de Moïse, lui a fabriqué une statue de dieu à forme animale comme dans la religion égyptienne. C'est le nouveau dieu que le peuple adore : il a rompu l'Alliance. Moïse, de dépit, brise les Tables de la Loi et massacre les adorateurs du Veau d'or. Moïse devra retourner sur la montagne pour recevoir de nouvelles Tables et créer une nouvelle alliance. L'Arche d'Alliance trouvera plus tard sa place au Temple de Jérusalem.

 

Le Veau d'Or

Marc CHAGALL. “Le Veau d'Or”, 1972. Muse Chagall, Nice. Ce veau qui ressemble plutôt à un âne a un pelage étonnante pour représenter le Veau d'Or. La tradition a été plus réaliste.

 

1485 environ. Filippino LIPPI . “Le culte du Veau d'Or”

 

1517-19. Loges de RAPHAËL. N°9. “Adoration du Veau d'Or”.

 

Vers 1530. Lucas van LEYDEN. “Adoration du Veau d'Or”. Rijksmuseum.

 

Pieter POURBUS. “Le Veau d'Or”. vers 1550. National Gallery of Iraleand, Dublin. On festoie et on danse, Moïse n'est pas encore redescendu du mont Sinaï. C'est comme une vue de l'Arcadie !

 

1600 env. Adam ELSHEIMER (1578-1610). “Der Tanz um das goldene Kalb”.

 

Franz FRANCKEN II : “The Worship of the Golden Calf”. Vers 1630. Fitzwilliam Museum, University of Cambridge.

 

Ce peintre a réalisé une autre version davantage tournée vers l'opulence et les puissants. Vers 1630. Snijders & Rockox House, Anvers.

 

1633. Nicolas POUSSIN. “Les adorateurs du Veau d'Or”. National Gallery, Londres.

 

Andra VACCARO. “Adoracion del vitello d'oro”. Vers 1650. Musée de Capodimonte, Naples.

 

1653. Claude Gellée dit LE LORRAIN. “Adoration du Veau d'Or”, Kunsthalle Karlsruhe.

 

Domenico GARGIULO. “L'Adoration du Veau d'Or”, vers 1660. Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.

 

1700 env. Gérard HOET l'Ancien (1648-1733).  “L'Adoration du Veau d'Or”, Musée d'Art de Pau.

 

Wlliam BLAKE : “Moses Indignant at the Golden Calf". 1799-1800. Tate Britain.

 

Henri-Paul MOTTE. “Tanz der Israelitent ums Goldene Kalb”. 1899. Vente Bruun Rasmussen, Danemark.

 

Devant une telle manifestation d'idolâtrie, la réaction de Moïse est violente !

 

1659. Rembrandt. “Moïse brisant les Tables de la Loi”. Gemaldegalerie Dresde.

 

Domenico BECCAFUMI. “Moïse brisant les Tables de la Loi devant le Veau d'or”. 1537, Duomo, Pise.
 

Daniele da VOLTERRA, “Moïse brisant les Tables de la Loi”, 1555.  Dresde, Staatliche Kunstsammlungen Dresden, Gemäldegalerie Alte Meister. Moïse semble dire « Arrêtez-moi ou je fais un malheur » mais c'est en vain qu'on se récrie autour de lui...
 

La manne céleste

Les Hébreux errant dans le désert du Sinaï pendant quarante ans souffrent de la soif et de la faim. L'épisode de la chute de la manne intervient alors. Plus loin les Juifs se plaignent de manquer d'eau : Moïse et Aaron brisent un rocher et l'eau jaillit.

 

Dieric BOUTS. La récolte de la manne. Vers 1465. Collégiale Saint-Pierre de Louvain. 

 

Anonyme : Le Maître de la Manne. Musée de la Chartreuse, Douai. Vers 1460-70. Ces deux œuvres présentent une certaine proximité dans le dessin et les couleurs. L'une a peut-être influencé l'autre, d'autant que Douai et Louvain ne sont pas si éloignées.

 

“La Chute de la manne” par un artiste anonyme. Premier tiers du XVIe siècle. Huile sur bois. Église Saint-Genest, Flavigny-sur-Ozerain, Bourgogne.

 

Francesco UBERTINI dit le BACCHIACCA : la récolte de la manne. Vers 1555. National Gallery of Art, Washington D.C. Merci à la correspondante qui m'a signalé cette œuvre.

 

Nicolas POUSSIN. “La Manne”, 1638-39. Musée du Louvre.

 

L'eau jaillissant du rocher

1517-19. Loges de RAPHAËL. N°8. “Le prodige de l'eau jaillissant du rocher”. Vatican.

Francesco UBERTINI dit le BACCHIACCA. “Moses Striking the Rock”, 1525. Scottish National Gallery. Edimbourg.

 

1655. Valerio CASTELO (1625-59). “Moïse frappant le rocher”. Louvre.

 

Marc CHAGALL. “Le frappement du rocher”. Années 1960. Musée Chagall, Nice.

 

Moïse est puni pour n'avoir pas encouragé son peuple à avoir confiance en Dieu et à savoir attendre. Moïse est puni : il n'entrera pas en Terre Promise mais errera seul avec son bâton de berger donné par Dieu pour détruire le pouvoir pharaonique en Égypte et mourra à 120 ans.

 

Gustave MOREAU “Moïse, en vue de la Terre Promise, ôte ses sandales”. Musée G. Moreau, Paris.

 

James TISSOT. “Moïse et Josué s'inclinant devant l'Arche d'Alliance”. 1900. Gouache, 18x22cm. The Jewish Museum, New York.

 

Luca SIGNORELLI : “Le Testament et la mort de Moïse”. (1481-82). Fresque 350x572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican. À droite trône Moïse alors âgé de 120 ans. À ses pieds l'Arche d'Alliance. À gauche, Josué est désigné comme son successeur. Au centre Moïse est conduit par l'ange au mont Nébo d'où il pourra contempler Jérusalem et la Terre Promise. Les funérailles de Moïse sont à l'arrière-plan à gauche.

 

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En recherchant l'image de Moïse à travers l'histoire de la peinture, on met en évidence quelques temps forts et quelques tendances. Le temps fort le plus net c'est au Vatican du début du XVIe siècle qu'on le trouve, avec les fresques de la chapelle Sixtine et les Loges de Raphaël. Au XVIIe siècle le thème de Moïse sauvé des eaux fut en vogue, comparant Moïse et Jésus. L'un comme l'autre échappent de justesse à l'édit du souverain cruel, l'un Pharaon, l'autre Hérode. La juxtaposition des images de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament, qui paraît s'effacer aujourd'hui, était courante pour la société chrétienne du temps de la Contre-Réforme. L'intérêt pour Moïse sauvé des eaux que l'on voit chez Nicolas Poussin en est la conséquence. D'autre part, on peut reconnaître entre XVIIe et XVIIIe siècles l'évolution de l'attitude envers la petite enfance considérée avec plus d'amour maternel. Avec le recul de la pratique religieuse, la peinture occidentale tend à perdre de vue les sujets bibliques. Enfin, plus que Poussin, ce sont James Tissot et Marc Chagall qui semblent avoir le plus représenté le Prophète de l'Ancien Testament. L'un par souci de mettre en images sa conversion chrétienne de peintre mondain, l'autre pour sublimer sa judéité après la Shoah.

 

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Tag(s) : #BEAUX ARTS, #ANTIQUITE
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