Des Vanités
——————————————
Introduction

Milieu du XVII° siècle, Musée de Tessé, Le Mans
Essai de définition d'un genre
L'école hollandaise repose sur plusieurs bases. D'une part deux siècles de peinture flamande ont apporté de nombreuses innovations (notamment maîtrise de la perspective, peinture à l'huile sur la toile, souci du détail); d'autre part le dynamisme du marché de l'art qu'offre un ensemble de cités marchandes où la bourgeoisie prospère dans une abondance matérielle sans précédent ; enfin un climat religieux marqué par le triomphe du calvinisme.
Dans ces conditions, les peintres hollandais se spécialisent dans les portraits, les marines, les scènes de la vie quotidienne, les paysages ruraux et urbains, et ce que les Français qualifieront de natures mortes, mais c'en est fini des commandes de Vierge à l'enfant ou de tableaux de saints.
La Vanité constitue un sous-genre de la nature morte
/image%2F0538441%2F20250203%2Fob_caa565_1625-claesz-vanitas-musee-haarlem-fra.jpg)
Pietr CLAESZ (1597-1661) - Vanité - 1625 - Musée Frans Hals, Haarlem.
Ce qui précède explique pourquoi, dans les catalogues des musées et des galeries virtuelles, la Vanité est souvent nommée "still life" . Or, la Vanité est une "still life" bien spécifique. C'est la présence d'un crâne, résumant la mort, qui permet la distinction. Les éléments constitutifs de la Vanité varient par leur nombre. Ils évoquent les cinq sens —et certaines œuvres se limitent aux cinq sens sans représenter de crâne. Ils évoquent aussi la culture humaniste du livre (reliures, livres ouverts) et l'état des connaissances par des objets techniques précis (globe terrestre, sphère céleste).
La Vanité (vanitas) se développe dans une époque où le latin est partagé par l'ensemble des classes cultivées de l'Europe occidentale, et où l'environnement chrétien est indissociable d'une certaine familiarité avec la langue latine. On ne sera donc pas surpris d'y retrouver des formules latines dont la plus connue est : « vanitas vanitatum et omnia vanitas » [«Vanité des vanités, tout est vanité.» Écclésiaste, 1.2] ou bien encore « memento mori ».
Une vanité d'Edwaert ou Evert COLLIER (Breda c.1640-Londres c.1708) rassemble les deux formules écrites et multiplie les objets significatifs du genre autour du crâne : deux livres, des partitions musicales, deux tibias croisés, deux instruments de musique, une lampe qui s'éteint... Collier s'établit à Leyde en 1667 et produisit un grand nombre de Vanités.
/image%2F0538441%2F20250202%2Fob_d74b69_collir-vanite-signee-avec-les-os-cro.jpg)
Evert COLLIER - Vanitas still life. 1652
Mais s'il devait choisir, le chrétien de ce temps choisissait le salut de son âme, étant prêt à lui sacrifier les douceurs de sa vie terrestre personnelle. Lorsque les Médicis furent chassés de Florence à la fin du XV° siècle, Savonarole prit le pouvoir et établit une tyrannie religieuse extrême : on organisa un bûcher des vanités. La 7 février 1497 les Florentins vinrent "brûler les œuvres de Dante, de Pétrarque et de Boccace, en même temps que jeux de cartes, instruments de musique, bijoux, perruques et peintures profanes" (4). Ces objets se retrouveront dans les peintures de vanités du XVII° siècle.
/image%2F0538441%2F20250204%2Fob_0a869a_hans-memling-1490-vanite-mba-strasbo.jpg)
Hans MEMLING - La Vanité - Musée des Beaux-Arts, Strasbourg. Vers 1490.
Au siècle suivant, cette Allégorie de la Vanité, orientée vers la musique, est intermédiaire entre le thème de la femme à sa toilette et celui de la vanité des plaisirs :

Si dans ce dossier la peinture des vanités va nous faire parcourir les siècles, et franchir les frontières, prenons juste un instant pour considérer des versions cousines, celles de la sculpture et de la gravure. La figure de la Mélancolie avait précédé la mode des Vanités.
![]() |
![]()
|
La Mort foule aux pieds une tiare pontificale, une mitre d'évêque, un heaume de chevalier et un spectre : vanité du pouvoir ! idée à retrouver par exemple dans la Vanité avec couronne d'Evert Collier.
Ivoire sculpté de 53 cm de haut. L'artiste anonyme s'est inspiré d'une gravure de la "Fabrica" d'André Vésale (1514-1564) dont la légende invite à méditer sur la condition humaine : Vivitur ingenio caetera mortis erunt. ("C'est par l'esprit que l'on vit, le reste appartient à la mort").
/image%2F0538441%2F20250204%2Fob_3e8597_totentanz-nuremburg-chronicle-hans-hol.png)
Hans HOLBEIN - Danse macabre - extrait - c.1525.
Des triptyques ou dyptiques des XV°–XVI° siècles apportent aussi leur contribution aux origines des Vanités. Non pas dans le sujet principal, plutôt sur l'extérieur des volets. En voici trois exemples. Dans le premier, un sablier accompagne le crâne, formant quasiment la base du sous-genre. Dans le second, le crâne s'appuie sur une brique en voie d'effritement, signe du temps qui passe, comme avec le sablier précédent.

Rogier van der WEYDEN (c.1400-1464) - Triptyque (fermé) de la famille Braque.
1450, Musée du Louvre, Paris
Dans ce troisième exemple, Jan GOSSAERT dit Mabuse représente à la fois le chancelier Carondelet avec son épouse et le crâne à côté de leur blason. Variante sur le thème recto-verso.



1502 - San Giorgio degli Schiavoni, Venise
Déjà, à partir du Trecento, les artistes avaient commencé à disposer des objets, comme dans des boîtes, en marge de leurs compositions, pour leur donner plus de vérité et pour jouer sur une signification symbolique (6).

vers 1475-80 - Österreichische Nationalbibliothek, Wien

C'est pourtant l'agencement de ces différents éléments qui permet de constituer la vanité, toujours marquée par cette fascination du détail que l'on rejetterait plus tard, dès le temps des Lumières. (7)
1. Les Vanités des Hollandais
Vanité anonyme, XVII° siècle
Outre la pendule figurée pliée qui fait penser aux montres molles de Salvador Dali, cette Vanité anonyme présente un intérêt… linguistique. On note en effet des inscriptions en néerlandais et non plus en latin. C'est que les habitants des Provinces-Unies, calvinistes pour l'essentiel, tenaient à se démarquer de l'Eglise romaine fidèle au latin.
Leyde a vu se constituer un foyer actif, notamment après la création de l'Université en 1575, puisque Guillaume le Taciturne récompensa de la sorte une ville qui avait résisté aux assauts catholiques. Gerrit Dou et d'autres furent les fondateurs de la guilde des peintres de la ville ; ils créèrent en 1648 l'école des "FIJNMALER" c'est-à-dire des peintres raffinés, ceux dont les peintures sont si appliquées que les coups de pinceaux sont indécelables.
Jacob de GHEYN - Vanitas Still-Life
1603 - Metropolitan Museum, New York
Toutes les vanités ne sont pas œuvres des peintres de Leyde! L'anversois Jacob de Gheyn inaugure cette série de vanités du Siècle d'Or de la peinture hollandaise par le premier "memento mori" qui nous soit parvenu (8). Le tableau fonctionne comme un portrait, puisque le crâne est la principale figuration. Le crâne est surmonté d'une sphère où se reflètent divers objets, le monde en quelque sorte ; il est disposé dans une niche dont la clef de voûte contient l'inscription "Humana Vita", car les peintres cherchent souvent à orienter l'interprétation de l'œuvre par un texte bref et significatif. Autour de la niche, des philosophes sont placés dans les angles supérieurs : philosopher, n'est-ce pas apprendre à mourir ? La tulipe est présente, c'est la fragilité de la vie humaine, plus que l'allusion à la spécialité locale.
Mais le premier grand spécialiste du sujet semble être Pieter CLAESZ (1597-1661) qui est originaire de Westphalie et s'est installé à Haarlem en 1617, au cœur des cultures de tulipes. La spéculation sur les oignons de tulipes aboutit au premier krach en 1636 ; Claesz se fit appeler Nicolaes Tulp… mais ce sont des œillets qui figurent la vanité de Dresde. Claesz peignit plusieurs vanités et natures mortes ; outre la Vanité reproduite ci-dessus dans la section "1. Définition", trois ont été sélectionnées pour la période 1624-1630, conservées à Dresde, La Haye et Amsterdam.
Celle de Dresde, ci-dessous, ne comporte pas de crâne mais d'assez nombreux éléments habituels de la vanité : verres, montre, orfèvrerie, nautile, petits coquillages comme ceux d'un cabinet de curiosité ; les objets sont placés sur une console de marbre, disposition héritée du principe de la niche (cf. Gheyn).
/image%2F0538441%2F20250203%2Fob_9ea72b_pieter-claesz-nature-morte-avec-gobel.jpg)
Pieter CLAESZ - Nature morte au grand gobelet en or
1624, Gemäldegalerie, Dresden
Noter aussi le sujet dans l'arrière-plan, comme dans plusieurs tableaux contemporains, par cette "nature morte inversée" ou 'image dédoublée", la nature morte est insérée dans le vivant (9). Autre procédé significatif, le rideau, à la fois fond sombre qui permet de faire ressortir les objets (comme dans Les Ambassadeurs de Hans Holbein), et surtout dévoilement du sens, comme dans la vanité de Johannes Cuvenes.
Il convient aussi de souligner la tendance à la répétition des objets, ici des coquillages. "Accumuler les objets, s'en faire une forteresse, bâtir une muraille d'objets inertes et silencieux pour ne pas voir la nuit du monde et ne rien entendre de sa rumeur, tel est le projet mélancolique de qui, sous la richesse apparente, n'entretient jamais que le goût amer de la solitude…" écrit Jean Clair à propos du tableau "La Vue" de Jan Brueghel dit de velours (1617, Musée du Prado, Madrid)(10).
/image%2F0538441%2F20250203%2Fob_b4ed43_1630-claesz-mauritshuis.jpg)
Pieter CLAESZ - Vanitas Still-Life
1630, Mauritshuis, La Haye
/image%2F0538441%2F20250203%2Fob_5587d4_claesz-tireur.jpg)
Pieter CLAESZ - Vanité au tireur d'épine - 1628, Rijksmuseum, Amsterdam.
Ici, moins d'austérité. Les arts sont davantage présents avec des instruments de musique au premier plan, mais pas de partition. Et, à côté de l'armure, une gravure montre un nu féminin. En arrière-plan une palette et le matériel du peintre. Sur la table, la statue d'un personnage non pas en pleine méditation mais en train de s'enlever une épine du pied.
Willem Claesz HEDA (1594-1680)
Vanitas - 1628, Collection Bredius, La Haye
Harmen STEENWIJCK (1612-1656)
Vanité - 1640, Stedelijk Museum De Lakenhal, Leyde
Simon LUTTICHUYS (1610-1661) - Vanité avec crâne (n°1) - 1645
Huile sur bois. Vente Sotheby's 12-2004
/image%2F0538441%2F20250128%2Fob_1483fe_1635-40-simon-luttichuys-vanitas-nm-gd.jpg)
Simon LUTTICHUYS - Vanité avec crâne (n°2) - ca.1635-40
Museum of Fine Arts, Houston (Texas)
Il existe une œuvre identique au Musée de Gdansk. On voit à gauche que la page de titre du livre est daté de 1611 (M DC XI). Le miroir sphérique démontre l'art de Luttichuys : le peintre à son chevalet avec une femme à ses côtés :
|
![]() |
Outre les portraits, les deux œuvres de Luttichuys comprennent un globe terrestre, objet que l'on retrouvera sur des vanités d'Evert Collier ou du flamand Cornelis Gijsbrechts.
/image%2F0538441%2F20250125%2Fob_8a0b53_1660-n-l-peschier-vanitas-stilleven.jpeg)
N.L. PESCHIER né en Ardèche vers 1600 et mort à Amsterdam en 1661 a laissé cette Vanité conservée au Rijksmuseum d'Amsterdam. On distingue à droite le sablier.
Ci-dessous, une version voisine au Musée d'Art de Philadelphie.
/image%2F0538441%2F20250125%2Fob_477f3e_1660-n-l-peschier-vanias-philadelp.jpg)
Dans ces deux compositions de N.L. Peschier figurent des partitions. Derrière le crâne un globe terrestre et plus haut une tête sculptée qui fait le pendant d'une gravure.
Auteur de compositions complexes, Evert Collier s'est installé à Leyde en 1667 et y devint membre de la guilde de Saint-Luc six ans plus tard. Il a été l'un des principaux créateurs de Vanités, toutes caractérisées par le détail de l'exécution, et la profusion des détails comme des citations.
Evert COLLIER (Breda c.1640-Londres 1708)
Vanitas (Vita brevis, ars longa) - 1672
Evert COLLIER
Vanité avec deux globes (céleste et terrestre)
Evert Collier émigra ensuite à Londres où il continua à peindre des vanités et aussi des trompe-l'œil. Il y mourut en 1708. Certaines vanités sont attribuées à son atelier.
/image%2F0538441%2F20250202%2Fob_5aee09_evert-collier-vanite-avec-une-fleur.jpg)
Evert COLLIER. Vanité avec une fleur signée et datée 1700.
/image%2F0538441%2F20250209%2Fob_f6fc7b_1700-collier-vanitas-avec-couronne.jpg)
Evert COLLIER - Vanité avec une couronne. 1705.
Sur le livre : Sic Transit Gloria Mundi. C'est le thème de la fragilité même des richesses et du pouvoir.
/image%2F0538441%2F20250202%2Fob_034277_collier-vanite-avec-nautile-c1700.jpg)
Atelier d'Evert COLLIER. Vanitas still Life. Avec un nautile, un chandelier, une montre... 64 x 58 cm. Vente Christie's, 2005. L'inscription « Homo est similis bullae » fait écho aux bulles de savon.
Des vanités avec personnages
Si les vanités précédentes relevaient toute de la nature morte, en réalité un personnage, ou davantage, pouvait se trouver dans l'œuvre.
Ainsi le thème de la femme à la toilette traité par Jan Miense Molenaer (Haarlem 1610-1688) renvoie à la fois à la femme au miroir et à la Vanité puisque le crâne est présent — mais au pied de la dame, pas à portée de sa main.
Jan Miense MOLENAER - Femme à sa toilette / Allégorie de la vanité. 1633, Musée des Beaux-Arts de Toledo, États-Unis.

David BAILLY - Autoportrait avec les symboles de la vanité
1651, Stedlijk Museum De Lakenhal, Leyde
Sur la toile, le peintre tient un portrait d'homme que la bougie sépare du portrait d'une femme, peut-être l'épouse décédée. La flûte remplie de vin blanc, c'est la plaisir de la dégustation ; mais elle indique aussi la fragilité du cristal. D'autres verres, des livres, une sculpture, une pipe, un collier, des roses, mais aussi un couteau, entourent une bougie dont la position est centrale et qui indique la fuite du temps.
Considérons ensuite des œuvres de Jan VERMEULEN (ou van der Meulen) né à Haarlem en 1638 et mort en 1674.
/image%2F0538441%2F20250204%2Fob_6c4daf_jan-vermeulen-vanite-mba-nantes.jpg)
Jan VERMEULEN - Vanité - Musée des Beaux-Arts de Nantes
Dans cette nature morte qui est une vanité sans crâne, Vermeulen a cependant placé un sablier (à gauche, derrière le livre refermé), des écrits et imprimés comme chez Evert COLLIER, avec ici un livre ouvert sur une écriture illisible), une flûte, etc... La composition repose sur une table recouverte d'une nappe.
/image%2F0538441%2F20250129%2Fob_f02f5f_jan-vermeulen-vanitas-still-life.jpg)
Jan VERMEULEN. Vanitas Still Life. Datée 1654 sur la partition (couverture bleue) avec les inscriptions "Mors omnia vincit" et "Vanitas vanitatum et omnia Vanitas" (Ecclésiaste, 1,2). Collection privée, vente Sotheby's, 2013.
/image%2F0538441%2F20250209%2Fob_16cfbd_jacques-de-claeuw-vanitas-stillleben-k.jpg)
Jacques Adolphsz. de CLAEUW. Vanitas Stillleben. 1679.Huile sur bois, 52 x 64 cm. Kunsthalle Karlsruhe.
/image%2F0538441%2F20250209%2Fob_0c1f64_1650-jacques-de-claeuw-vanitas-rijks.jpg)
Jacques de CLAEUW. Vanitas. Rijksmuseum Amsterdam. Des livres, un violon... pour cèe peintre originaire de Dordrecht en 1623 et mort à Leyde en 1694.
Originaire de Rotterdam, Gerritt Van VUCHT (1610-1697) affectionne aussi les livres dans ses natures mortes et Vanités.
/image%2F0538441%2F20250207%2Fob_8e6743_1690-gerritt-van-vught-vanite-oxfor.jpg)
Gerritt VAN VUCHT - Vanité avec des livres, un crâne, un bougeoir, une carafe... Oxford, Ashmolean Museum.
/image%2F0538441%2F20250207%2Fob_b8ea04_1680-g-van-vucht-vanite-ilwaukee-a.jpg)
Gerritt VAN VUCHT - Vanité. Coll. particulière. Exposition From Rembrandt to Parmigiano au Milwaukee Art Museum en 2016..

Une nature morte qui est une vanité puisque l'on remarque un crâne au milieu du tableau et que la fuite du temps est compétée par le sablier et par l'usure des pages de deux livres. Vanité que tout ce savoir au coeur des autres livres posés sur la table comme sur une étagère !
Pour terminer cette partie consacrée à l'école hollandaise, avec Joachim WTEWAEL (Utrecht 1566-1638) pour un regard à la peinture mythologique dans la mesure où il y a ici reprise du thème du crâne, au pied de la belle captive, ceci évoquant la vanité du Maître M.Z. Étant donné le paysage marin, cette version utilise la collection de coquillages de manière moins surprenante que dans la vanité de Pieter Claesz.
Joachim WTEWAEL - Persée délivrant Andromède
1611, Musée du Louvre, Paris
/image%2F0538441%2F20250204%2Fob_c1177e_capture-d-ecran-2025-02-04-a-11-39.png)
Le graveur allemand Matthäus Zasinger (1477-vers 1533) dit Maître M.Z. - Louvre, Département des Arts graphiques.
2 - Les Vanités des Flamands
/image%2F0538441%2F20250205%2Fob_6ead18_1520-joost-van-der-beke-dit-joos-va.jpg)
Atelier de Joost van der Beke dit Joos VAN CLEVE (1485-1540) du nom de sa ville natale. Il rejoignit la guilde des peintres d'Anvers. Ce "Saint Jérôme à l'étude", une huile sur bois de 94 x 69 cm, précède d'une centaine d'années la grande vogue des Vanités : crâne, chandelle, livre, inscription : tout y est déjà, avec la promesse de la vie éternelle pour qui se prépare à mourir. (Collection particulière, Vente Koller, 2017).
/image%2F0538441%2F20250205%2Fob_3dec7c_detail.jpg)
Hendrick ANDRIESSEN ou Andriezsoon (1607-1655) est un peintre flamand, natif d'Anvers, également connu sous le nom de Mancken HEYN, apprécié pour ses vanités et natures mortes "tabagiques" (toebackjes) montrant des ustensiles pour fumer le tabac.
/image%2F0538441%2F20250203%2Fob_08c543_1630-40-hendrik-andriessen-vanite-au.jpg)
Hendrick ANDRIESSEN. Vanité au verre Roehmer brisé. Vers 1630-40. Vente Christie's.

Vanité avec le portrait d'un serviteur
1650, Herbert F. Johnson Museum of Art, Cornell University, Ithaca
Un serviteur noir habillé avec élégance porte au cou un collier en or, signe de fidélité à son maître, commanditaire du tableau, dont il brandit le portrait miniature tout en le fixant des yeux. Le crâne est situé au centre de la composition. Tout autour s'organisent de multiples symboles de la vanité. D'abord la musique avec un luth et une flûte ; la beauté de la nature (les quelques fleurs) ; les arts plastiques (la palette, les brosses, la petite sculpture) ; les divertissements (les dés, les cartes, la pipe). Les bulles disent que tout est éphémère ; on les retrouve dans l'œuvre suivante.
/image%2F0538441%2F20250203%2Fob_e0ba30_1650-55-hendrick-andriessen-still-li.jpg)
Hendrik ANDRIESSEN. Still life with skull, mask and globe. bubbles. 1640-50. Ashmolean Museum, Oxford.
Autre peintre flamand, Cornelis Norbertus GYSBRECHTS (aussi : Gijsbrechts) est né à Anvers dans les années 1625-29, ville dont il a rejoint la Guilde de Saint-Luc, mais il a exercé aussi au Danemark à la cour de Frédéric III et Christian V.
Comme dans la Vanité précédente d'Andriessen, Gysbrechts a placé l'œuvre suivante un personnage, mais qui ne se remarque pas d'emblée, à peine visible à la gauche de l'image.
/image%2F0538441%2F20250128%2Fob_5cb5e0_cornelis-norbertus-gijsbrechts-vanit.jpg)
Cornelis GYSBRECHTS. Vanité au jeune Maure présentant une montre.
Cornelis GYJSBRECHTS - Vanitas
Après 1650. Musée des Beaux-Arts d'Anvers
/image%2F0538441%2F20250128%2Fob_bbf50c_1660-80-cornelis-nobertus-gijsbrechts.jpg)
Cornelis GYJSBRECHTS - Vanité. Une version assez voisine de la précédente, mais au Musée des Beaux-arts de Strasbourg, et sans globe terrestre. L'originalité des vanités de Cornelis Gysbrechts passe entre autres par l'emploi de documents avec un sceau, et de livres imprimés. Les épis de blé coupés se retrouvent sur les tableaux suivants, n'oublions pas la Mort comme une faucheuse !
/image%2F0538441%2F20250128%2Fob_152d78_1650-cornelis-gysbrechrs-vanite-loc.jpg)
Cornelis GYJSBRECHTS - Vanité, 1650. (Localisation inconnue). Le temps fatal c'est aussi le papier froissé. Surtout, on constate le remploi d'éléments de l'œuvre précédente : le crâne est le même, le livre, ainsi que la boîte dorée. De là vient l'impression d'une sorte de production en série avec des options...
/image%2F0538441%2F20250128%2Fob_31a3cc_1667-8-gijsbrechts-vanitas-mfa-boston.jpg)
Sa "Vanitas still life" du Museum of Fine Arts de Boston, qui daterait des années 1667-1668, comprend un sablier renversé et une montre avec son ruban rouge, symboles du passage du temps. Il y a ici un recours intéressant au trompe-l'œil : la toile qui semble se décoller du cadre est un effet inédit pour représenter la finitude ; même l'art, qui passe pour défier le temps, aurait donc la même fragilité que toutes les choses humaines.
/image%2F0538441%2F20250128%2Fob_c3bd00_1660-cornelis-norbertus-gijsbrechts-va.jpg)
Cornelis Gyjsbrechts encore. Le recours au trompe-l'œil se retrouve ici. Avec la coquille de nautile, objet répandu dans les illustrations du XVI° siècle.
/image%2F0538441%2F20250203%2Fob_28752e_pieter-boel-large-vanitas-still-life.jpg)
Pieter BOEL (1622-74) - Allégorie des vanités du monde - 1663 - Musée des Beaux Arts, Lille
/image%2F0538441%2F20250207%2Fob_d5420b_1665-johann-de-cordua-bruxelles-1630-p.jpg)
Johann de CORDUA (1630-1702). Vanité au buste. Musée des Beaux-Arts de Pau. Né à Bruxelles, ce peintre flamand a travaillé à Vienne et est mort à Prague.
************************************************
SUITE :
Vanités d'artistes espagnols...
(3) Jacques Duquesne, L'histoire de l'Eglise à travers 100 chefs-d'œuvre de la peinture, Presses de la Renaissance,2005. Page 16.
SUITE (Vanités - 2 - Artistes français, rhénans, espagnols, italiens...)