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En 2010, à Paris, le Musée Maillol a exposé la Vanité à travers les siècles et principalement dans l'art contemporain. Les lieux, étroits, se prêtant assez mal au recul du regard, et donc favorisant le regard de près, le choix des œuvres présentées me semble en avoir été fortement canalisé, judicieusement, vers des œuvres de petite dimension. Notamment de formidables petits bijoux (bagues, pendentifs, etc) provenant de la collection vénitienne Codognato. En revanche, ce choix s'est traduit par une redondance de crânes seuls : comme si les catacombes de Paris pouvaient constituer une proposition alternative à cette exposition... Qu'est-ce donc que la Vanité ? On est passé de la Vanité chargée de connotations chrétiennes — plutôt absente de cette exposition — à la Vanité déchristianisée, "sécularisée" si l'on préfère, qui semble correspondre ici à une œuvre de Géricault.

               

Géricault. Les trois crânes. Musée Girodet, Montargis.


Pour ces ces "Trois crânes" peints dans le contexte de l'effondrement de l'empire napoléonien, Géricault a également dépouillé sa création de tous les symboles culturels présents dans une vanité hollandaise ou française du XVIIe, comme celle de Renard de Saint-André — voire encore suggérés par Cézanne ("Nature morte, crâne et chandelier") qui montre  un livre ouvert.

 
* * *

Géricault inaugure ainsi la réduction de la Vanité au crâne. Inutile de rechercher des symboles çà ou là : il invente la "crânologie" pure et dure qui prolifère dans presque tout le reste de cette exposition. Pourtant, la monotonie lassante qui pourrait en résulter est brisée par des créations remarquables.

D'abord, parmi les œuvres des artistes "crânomaniaques" et/ou "skullophiles" — et pas nécessairement macabres ! — il se rencontre ainsi une série de clins d'œil. La photographie se prête admirablement à ces créations contemporaines pour tourner la page par rapport à une accumulation de créations de moindre intérêt. Le top est l'œuvre d'Erwin Blumenfeld, 1933, qui superpose une photo d'Adolf Hitler et une tête de mort.
Les collages étaient aussi la spécialité de cet artiste exilé aux États-Unis.


         
J'y associerais volontiers la photographie de la performeuse serbe Marina Abramovic portant un beau squelette blanc sur fond noir. Comme un danse macabre. Et le rappel que chacun porte en soi sa propre mort.

 
 
Plus fort que la publicité préventive "Fumer tue", j'aime beaucoup ce "Crâne gaulois" de Serena Carone — voyez son site plein de surprises !
 
 
Ensuite et enfin, l'incontournable ! Avec son crâne tout orné de diamants, et presque rieur, Damien Hirst ne produit-il pas un "barbarisme" qui contredit l'idée même de vanité ou "memento mori" puisque… "le diamant est éternel" ?
 
Damien-Hirst.jpeg 

 

Exposition "C'est la vie ! Vanités de Caravage à Damien Hirst". Musée Maillol en 2010.

Catalogue édité par Skira-Flammarion (40 €) où vous attendent notamment Damien Hirst, Pierre et Gilles, le Caravage, Zurbaran, Martinelli, le Genovesino, Georges Braque, Bernard Buffet, Jean Hélion, etc…

vidéo du Point

• Un correspondant que je remercie me communique une vanité très ironique qui met en jeu un singe et Darwin.
 

Tag(s) : #VANITÉS, #BEAUX ARTS
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