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On ne se limitera pas à la peinture strictement animalière, tant la présence des chevaux s'étend à de nombreux thèmes. De la Renaissance à la Post-modernité, l'image du cheval perdure, surtout dans les civilisations qui se servaient de cet animal pour faire la guerre comme pour travailler aux champs, un faire-valoir apprécié des hommes de pouvoir. Si la peinture d'animaux remonte aux grottes de la Préhistoire (Lascaux, Pech Merle, Altamira...), on commence à rencontrer dès le Quattrocento des peintres soucieux d'imiter la nature lorsqu'ils insèrent des animaux en tant qu'accessoires nécessaires dans des scènes d'histoire, de bataille ou de religion, tel Pisanello ou Piero di Cosimo.

 

Pisanello, de son vrai nom  Antonio di Puccio Pisano (1395-1455). Deux chevaux harnachés. Vers 1430. Ce dessin préparatoire à la plume et à l'encre est extrait du Codex Vallardi acquis par le musée du Louvre en 1856. Ces chevaux sont à rapprocher de ceux de la fresque Saint Georges et la Princesse que Pisanello a réalisée pour la chapelle Sant'Anastasia de Vérone en 1438, ci-dessous.

Néanmoins Pisanello ne peut être considéré comme peintre animalier.

 

 

Les premiers peintres animaliers

 

Quand vient le Siècle d'Or hollandais, les animaux deviennent des sujets pour eux mêmes. Le cheval inspire alors des peintres animaliers spécialisés comme Paulus Potter toutefois plus connu pour peindre des bovins que des chevaux. 

Paulus Potter (1625-1654), peintre animalier hollandais actif à Delft puis La Haye. Deux chevaux au pâturage près d'une porte. 1649. Rijksmuseum, Amsterdam. Le cheval blanc, patte levée, semble vouloir approcher le noir, indifférent.

 

Paulus Potter. Le Cheval pie. 1650-54. Musée J. Paul Getty, Los Angeles. Paulus Potter est sinon le seul du moins l'un des très rares peintres à avoir pris le cheval pie pour modèle.

Actif au siècle suivant, l'anglais George Stubbs a été qualifié de plus grand peintre animalier de l'histoire et surnommé le “peintre des chevaux” et ses sujets équestres sont effectivement très nombreux.

George Stubbs (1724-1806). William Anderson with two Saddle Horses. British Royal Collection, Windsor.

George Stubbs. Juments et poulains. 1763-68. Tate Britain, Londres. La lumière joue sur les croupes rebondies dans cette scène de douce intimité.

 

Les chevaux de Théodore Géricault

 

En France c'est à Théodore Géricault qu'on a plutôt attribué ce mérite de grand peintre animalier voué à la représentation des chevaux. Formé dans l'atelier de Carle Vernet, et ami de son fils Horace, il développe une passion pour tous les sujets équestres.

Jean Louis André Théodore Géricault (1791-1824). Le Cheval arabe blanc-gris. Vers 1812. Musée des Beaux-Arts de Rouen. L'artiste a gardé dans l'ombre la tête et les pattes de l'animal comme pour magnifier les tons de sa robe.
 

 

Théodore Géricault. La taverne du cheval blanc. 1821-22. Harvard Museums, Fogg Museum, Cambridge, Massachussets.

 

Théodore Géricault. Portrait équestre du lieutenant Dieudonné ou Officier de chasseur à cheval de la Garde impériale chargeant. 1812. Musée du Louvre. Grand format de 349 x 266 cm. Nous reviendrons sur les portraits équestres et sur le rôle des chevaux dans la guerre.


 

Théodore Géricault. Riderless Racers at Rome. 1817. Walters Art Museum, Baltimore. Cette huile sur papier de petit format est une esquisse pour un tableau qui n'a pas été réalisé. Œuvre datant de son séjour en Italie en 1816-17 et également appelée Le Carnaval de Rome.

 

Lors de son voyage en Angleterre en 1820-21, Géricault peignit Le Derby d'Epsom et grava une série de lithographies qui furent publiées en 1821 par Rodwell et Martin.

Géricault. Horses going to a Fair. 1821. Musée Condé, Chantilly — qui possède de ce peintre une large collection de gravures consacrées aux chevaux.

Géricault. Cheval sortant de l'écurie. <1824. Musée Condé, Chantilly. Selon la notice du musée, cette toile non signée représentant un cheval noir tenu à la bride par son lad était restée inachevée et Horace Vernet l'aurait complétée avec la figure du lad. Géricault est décédé à trente-trois ans des suites d'un accident d'équitation le 16 janvier 1824.

Horace Vernet et Eugène Delacroix faisaient partie de ses amis. On ne sera pas surpris de retrouver des chevaux dans leurs œuvres.

 

Horace Vernet (1789-1863). L'atelier de l'artiste. Vers 1820. Collection particulière, image reproduite par Web Gallery of Art. La blancheur de la robe du cheval attire le regard dans cet atelier assez sombre.

Eugène Delacroix (1798-1863). Chevaux arabes dans une écurie. 1860. Musée du Louvre.

Le XIXe siècle a vu se multiplier les peintres de sujets animaliers comme Rosa Bonheur et même les artistes spécialisés dans les chevaux comme l'italo-autrichien Julius von Blaas — qu'on rencontrera plus loin.

 

 

Der blaue Reiter

 

Franz Marc (1880-1916) a développé un grand intérêt pour les chevaux. Il a fait partie du groupe Le Cavalier Bleu (Der blaue Reiter) qui s'est formé à Munich en 1911 avec Kandinsky, Jawlensky, Delaunay, Klee, Macke et d'autres peintres expressionnistes. « Nous aimions tous les deux le bleu » affirme Kandinsky et « Marc les chevaux, moi les cavaliers ».

 

Franz Marc. Le Cheval bleu. 1911. Lenbachhaus, Munich.

 

Franz Marc. La tour des chevaux bleus. 1913. Gouache et encre de Chine sur papier, 14 x 9 cm. Collection graphique d’État de Munich. L'huile sur toile de même titre et date, qui a figuré à l'exposition nazie d'«Art dégénéré» est considérée comme disparue depuis 1945.

 

Franz Marc. Le cheval bleu. 1912. Musée de la Sarre, Sarrebrück. Bien loin du réalisme !

 

Wassili Kandinsky. Le Cavalier bleu. 1903. Collection privée, Zurich.

 

 

Les chevaux de Giorgio De Chirico

 

Les chevaux de Giorgio De Chirico (1888-1978) ne sont pas non plus des modèles de réalisme. Après sa période parisienne dite “métaphysique” à partir de 1911, Chirico a fait entrer les chevaux dans ses tableaux à partir de l'année 1926, et les figurations équestres vont accompagner son œuvre jusqu'à la fin. Le peintre italien, qui est né en Grèce, a multiplié les sujets inspirés par l'onirisme et l'antique, y compris la mythologie, par exemple avec ses interprétations de Gladiateurs, des Dioscures ou du Retour d'Ulysse. Temples grecs et colonnes brisées ornent la plupart de ces œuvres.

 

Giorgio De Chirico. Cheval blanc (ou Cheval et Gladiateurs), vers 1930, Musée d'Art moderne de Paris.

 

Ce tableau de Giorgio De Chirico est daté de 1926 et intitulé Les Rives de Thessalie. « Au fond, on voyait une tour rouge et un monument équestre semblable à ceux dédiés aux soldats et aux héros du Risorgimento, comme il y en a dans tant de cités italiennes, particulièrement à Turin » écrit G. De Chirico dans ses Mémoires publiées en 1965. Toile vendue au collectionneur havrais Olivier Senn, premier acquéreur français de Chirico. - Une autre version, même titre, même date, mais de couleur dominante brun appartient à la Pinacothèque communale de Faenza.

 

Chez ce peintre né à Vólos sur la côte de la mer Égée, de nombreuses toiles montrent des chevaux en bord de mer, ainsi : Cavalli in riva al mare. 1926. Musée d'Art moderne et contemporaine de Rovereto. Ici, une sorte d'Acropole dominé par le Parthénon constitue tout l'horizon terrestre.

 

Cheval et zèbre au bord de la mer, 1948

Les  divins chevaux, 1963

Ces tableaux ont de très nombreuses variantes car le peintre n'a cessé de reprendre ses thèmes jusque dans les années 60, certains critiques parlant alors de “régression” dans son art. Les divins chevaux font référence aux chevaux d'Achille pendant la Guerre de Troie (thème traité au XIXe siècle par Regnault, voir infra).

 

Giorgio De Chirico : Antique Horses on the Aegean Shore, 1966.  Collection privée, Rome. (Beaucoup d'œuvres de cet artiste sont en mains privées, notamment en Italie).

 

De Chirico. Alexandros. 1935. Fondation Barnes, Philadelphie. (Chirico a été en relation d'affaires avec le Dr Barnes dès 1926).
 

Chevaux mythiques et légendaires

 

On les appelle souvent par leur nom ! Voici les chevaux de légende et les chevaux légendaires de l'histoire, de la littérature et de la mythologie. Ainsi Pégase le cheval merveilleux de Bellérophon, ainsi Bucéphale le préféré d'Alexandre le Grand et tant d'autres...

 

Alexandre Ivanov (1806-1858). Le départ de Bellérophon au combat contre la Chimère. 1829. Collection particulière. Roi de Corinthe, Bellérophon est accompagné de Pégase, le cheval blanc ailé, et fait ses adieux au roi de Lycie, Iobatès, et à sa fille Philonoé qu'on devine dans l'ombre à gauche. Athéna, en armes, domine toute la scène.

 

Henri Regnault (1843-1871). Automédon ramenant les coursiers d'Achille des bords du Scamandre. 1868. Musée des Beaux Arts de Boston. (Peinture également signalée au Musée d'Orsay). Automédon est le conducteur du char d'Achille. Ces chevaux sont particulièrement fougueux, et sans doute aussi effrayés par la montée des eaux du Scamandre puisque le fleuve a pris parti dans le conflit entre les Grecs et les Troyens.

Les classiques de la littérature, comme la mythologie, font souvent place à des chevaux, y compris dans la civilisation musulmane du Proche-Orient.

Miniature attribuée à Muzzaffar Ali (avant 1576) illustrant le Shah-nameh, version du Shah Tahmasp. Aga Khan Museum, Toronto, Canada. Ici, Roustam à la poursuite d'Akvan dans le Shah-nameh, le Livre des Rois, épopée du poète Ferdowsi qui vivait dans la Perse du Xe siècle. C'est l'une des 258 illustrations du Livre des Rois (feuillet AKM 162). Elle raconte que le héros Roustam est appelé par le Shah à tuer l'onagre, l'âne sauvage qui menace ses chevaux. Roustam espionne l'onagre et s'aperçoit qu'il s'agit en fait d'Akvan, un démon qui disparaît dès que le lasso de Roustam touche son cou !

Alexandre-Gabriel Decamps (1803-1860). Don Quichotte et Sancho. Musée des Beaux Arts de Pau. C'est Rossinante qui porte le fier chevalier à la triste figure inventé par Cervantès pour son roman publié en 1605.

Mais c'est aussi l'Histoire qui fabrique les chevaux de légende, ainsi Bucéphale.

Giambattista Tiepolo (1896-1770). Alexandre et Bucéphale (1757). Musée du Petit Palais, Paris. Bucéphale le Thessalien, descendant d'une jument de Diomède, accompagna Alexandre le Grand, qui l'avait dressé, jusqu'aux rives de l'Hydaspe, actuel Jhelum, qui rejoint l'Indus.

 

Quelques siècles passent et c'est le prophète Mahomet dont l'histoire est liée aussi à un fameux cheval, Al Buraq, qu'il chevauchera de Médine à Jérusalem. Mais Al-Buraq a été diversement représenté, et très curieusement dans cette œuvre indienne d'inspiration persane.

Al Buraq. Peinture anonyme du Deccan, 1770-75. National Museum, New Delhi. Habituellement dessiné avec une tête de femme et un corps de jument, Al Buraq est ici une chimère extrêmement composite avec un corps de lion et un grand nombre d'animaux (oiseaux, serpents, éléphant), construction étonnante qui s'apparente à une œuvre d'Alcimboldo.

Tout le monde connaît le cheval d'Henri IV. Il s'appelait Albe. Et donc blanc, comme cette peinture tardive s'est crue obligée de la confirmer.

Jean-Baptiste Mauzaisse (1784-1844). Portrait équestre d'Henri IV. 1824. Musée national du château de Pau. En fait le cheval du Vert-Galant était noir, mais il l'aurait préféré blanc. Ainsi naquit la légende.

Antoine-Jean, baron Gros (1771-1835), Marengo, 1801 ou 1803. Le cheval de Napoléon Bonaparte, vient d'Aboukir et a été ramené en France à l'âge de 5 ans. Après son retour d’Égypte le général corse fut victorieux à Marengo en 1800, d'où le nom de sa monture. Premier Consul puis Empereur des Français, son maître le monta lors de nombreuses batailles d'Austerlitz à Valladolid, et jusqu'à Waterloo où les Anglais le capturèrent, en firent un étalon qui il finit ses jours dans le Suffolk. Marengo est également censé être la monture de Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard  le tableau de David peint en 1801.

 

Ceci nous amène à développer le thème du cheval et de son cavalier.

Le cheval et le cavalier

 

 

Han Gan (c.706-783). Palefrenier menant deux chevaux. 783. Peinture sur soie à l'époque de la dynastie Tang. Musée National, Taipei.

Le thème est propice a une diversité de sujets : réalistes ou allégoriques, voire religieux. C'est le Chevalier bravant la Mort ou le Chevalier blanc combattant le dragon ou encore les cavaliers de l'Apocalypse. C'est aussi bien le cow-boy de la conquête du Far West américain que le cavalier de la Chine d'anciennes dynasties.

 

Charles M. Russell (1864-1926). Smoking Cattle Out of the Breaks. 1912. Wichita Art Museum. Ce sont les conquistadors qui ont importé les chevaux en Amérique du Nord. Ils s'y sont reproduits, sont devenus sauvages. Appoloosas et Mustangs ils ont été domestiqués par les Indiens et les cow-boys comme dans cette toile d'un des plus célèbres peintres étatsuniens d'avant 1914.

 

Daniel Eskridge. Running With Buffalo. Cet artiste américain originaire de Géorgie est un spécialiste de l'image numérique et a réalisé toute une série de tableaux remarquables avec Indiens et chevaux, à voir sur son site personnel.

Parfois le cavalier n'est pas seul sur sa monture...
   

William Laparra (1873-1920). Le Chevalier et la Destinée ou La Mort montée en croupe. 1910-1914, Musée d'Aquitaine, Bordeaux.

 

Hans Baldung dit Grien (1484-1545). Le chevalier, la jeune fille et la Mort. 1498-1503. Musée du Louvre.

Dürer a repris plusieurs fois ce thème du cavalier, associé ou non à la Mort.

Albrecht Dürer : Le Chevalier, 1498, Albertina, Vienne.

 

Albrecht Dürer : Le chevalier la mort et le diable, 1513, Albertina, Vienne.

 

Salvador Dali a imaginé une version un peu différente réunissant le Chevalier et la Mort et excluant le Diable, mais avec un arc-en-ciel, une sorte de chevalier errant...

Salvador Dali (1904-1989) : Le chevalier et la mort, vers 1934. Collection privée. On ne sait où va ce cavalier errant, mais d'autres vont combattre le dragon ou combattre pour leur dieu...

 

Selon une légende apparue vers le VIIe siècle, Placidas est un brave général victorieux du temps du règne de l'empereur Trajan. Un jour qu'il chasse à Tivoli il rencontre un cerf portant un crucifix entre ses bois. Le général se trouve converti sur le champ prend le nom d'Eustache et suite à des problèmes privés se retire en Égypte avec toute sa famille convertie. Rappelé par Hadrien pour combattre les barbares, il refuse de sacrifier aux dieux de la Rome païenne. Il est alors jugé et condamné à mort, livré au lion qui au lieu de le dévorer se couche à ses pieds ! Au XIIIe siècle Jacques de Voragine, évêque de Gênes, a repris la légende. Célébré le 20 septembre, Eustache est sorti du calendrier chrétien en 1969, faute de preuve de son existence. La conversion du général romain Placidas est un thème associant cheval et cavalier qui a été repris tant par Pisanallo que Dürer.

 

Pisanello. La vision de saint Eustache. 1436. National Gallery, Washington D.C.

 

Albrecht Dürer (1471-1528): Saint Eustache, conversion du général romain Placidas, vers 1501. Fort Hagg Museum, Cambridge.

C'est aussi à cheval que saint Georges affronte le Dragon.

Bernat Martorell (c.1390-1452). Saint George Killing the Dragon. 1434-35. Art Institute, Chicago. C'est Jacques de Voragine qui a élaboré la légende de Georges de Lydda, un militaire qui souffrit le martyr au temps de l'empereur Dioclétien. Arrivé à Silène, en Libye, sur son cheval blanc il combat le dragon qui exigeait qu'on lui remette des jeunes gens : la princesse est délivrée et les habitants se convertissent.

Pere Niçard dit aussi Pedro Nissart. Sant Jordi. 1470. Museu d'Art sacre, Mallorca, Baléares. Sans doute originaire de Nice, il fut actif à Majorque qu'on voit en arrière-plan du tableau, même si la ville semble plus flamande que catalane ou libyenne. Le cheval blanc est idéalisé : le blanc étant symbole de pureté.

 

Paolo Uccello. Saint Georges et le dragon, vers 1470. National Gallery, Londres. Ce saint Georges, c'est vraiment un chevalier blanc ! L'expression est restée pour désigner un sauveur.

 

Raphaël, de son vrai nom Raffaelo Sanzio (1483-1520) : Saint Georges et le dragon. 1503-1505. Louvre. Le cheval est toujours blanc.

 

Les 4 cavaliers de l'Apocalypse

 Au 6ème chapitre de l'Apocalypse de Jean, apparaissent des cavaliers. « Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par le glaive, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre.»  La plus ancienne image du thème des cavaliers de l'Apocalypse serait cette enluminure du XIIIe siècle.

Apocalypse, enluminure d'un manuscrit de la Morgan Library, New York, vers 1250.

Albrecht Dürer : Les 4 cavaliers de l'Apocalypse, 1498, Louvre.

 

D'autres cavaliers de l'Apocalypse illustrent la permanence du thème jusqu'au début du XXIe siècle.

Viktor Vasnetsov (1848-1925) : Les 4 cavaliers de l'Apocalypse. 1887. Mort, Famine, Guerre et Conquête sont les quatre figurations équestres. Musée Glinka de la culture musicale, Moscou.

 

Werner Peiner (1897-1984). Les 4 cavaliers de l'Apocalypse. 1937-1943. Influencé par les romantiques allemands, puis l'expressionnisme sous Weimar, il fut un peintre officiel du IIIe Reich et cette œuvre devait être reproduite en tapisserie pour la chancellerie du Reich. Après 1945 il peignit pour l'empereur d’Éthiopie avant de devenir paysagiste. (De gauche à droite :La Peste, la Guerre, la Faim, la Mort).

 

Salvador Dali. Apocalypse, 1970. Lithographie datée et signée en haut à gauche.

 

Gilles Chambon. Les 4 cavaliers de l'Apocalypse, 2008. Ce peintre libournais est spécialisé dans les œuvres insolites où se manifeste aussi son intérêt pour l'architecture.

 

Giorgio De Chirico a donné de ce thème une version plus originale encore puisque sans cavalier !

Appelée Horses of Tragedy l'œuvre appartient à la Fondation Barnes, exposée salle 18 à coté du tableau Alexandros vu précédemment. Ces quatre chevaux illustreraient le thème de l'Apocalypse que le peintre aurait identifié à l'avènement du Fascisme en Italie après la Première guerre mondiale.

 

Les portraits équestres

 

C'est le lieu commun de la peinture de cour. Les tableaux officiels. Rois, empereurs, chefs militaires et hautes personnalités ... y compris des enfants de l'aristocratie ou de familles régnantes, et des princesses et duchesses, etc.

Il faut remonter au Quattrocento pour trouver le renouveau de l'intérêt des peintres et dessinateurs pour le cheval alors que la statuaire commence à imposer les statues équestres sur les places, ainsi Donatello avec la statue du condottiere Guattemelata à Padoue (1445 env.), reprenant la tradition romaine.

 

Statue de Marc Aurèle. 160-180 après J.-C. Pendant des siècles cette statue était au Latran et en 1538, le pape Paul III, de la famille puissante Farnèse, la fit installer place du Capitole. Elle est aujourd'hui au Musée du Capitole et remplacée sur la place par une copie.

 

Benozzo Gozzoli (1424-1497). Chapelle des Mages du palais Medicis-Riccardi à Florence. (1459-61). Détail de la fresque représentant Jean VIII Paléologue sur un magnifique destrier blanc, venu pour le concile sur la réunification des Églises.

Jean Clouet (c.1480-1541). François Ier. Louvre. D'après le site du Louvre il s'agit de « l'un des premiers à montrer au XVIe siècle dans une peinture autonome le souverain à cheval et en armure ». L'attribution est incertaine, Jean Clouet ou son fils François Clouet. Dans une autre version, aux Offices à Florence, l'arrière-plan n'est pas un aplat bleu mais un paysage.

 

Atelier de François Clouet (<1520-1572). Henri II. Metropolitan Museum, New York. François Clouet a succédé à son père comme peintre officiel de la Cour de France.
 

Tiziano Vecelli dit le Titien (c.1490-1576). Charles-Quint à la bataille de Mühlberg. Peint en 1547-48 à Augsbourg. Musée du Prado, Madrid. Le portrait évoque encore l'idéal chevaleresque du Moyen-Âge nettement visible ausi dans les portraits de François Ier. Cette œuvre aurait inspiré Rubens pour le portrait du duc de Lerme.

Pierre Paul Rubens (1577-1640). Retrato ecuestre del duque de Lerma. 1603. Prado.

Diego Vélasquez (1599-1660). Portrait équestre du prince Balthazar-Charles (Baltasar Carlos 1629-1646, est un fils de Philippe IV et d'Isabelle de Bourbon). Vers 1635. Musée du Prado, Madrid. La monture est bien trop impressionnante pour ce petit garçon...

 

 

Antoine Van Dick : Portrait équestre de Charles Ier. - National Gallery, Londres.

 

Giuseppe Castiglione (1688-1766). L'Empereur Qianlong en armure de cérémonie. 1758. Pékin, Musée National de la Cité interdite. Milanais de naissance, Giuseppe Castiglione est devenu jésuite et missionnaire en Chine. Il est mort à Pékin après avoir été peintre à la Cour impériale sous le nom de Lang Shining, exerçant son activité sous les empereurs Kangxi, Yongzheng et Qianlong.

 

Jacques-Louis David (1748-1825). Portrait du comte Stanislaw Kostka Potocki. 1781. Palace Museum in Wilanow.

 

 

Antoine-Jean, baron Gros. Portrait équestre de Joachim Murat roi de Naples. Louvre. 1825.

 

Horace Vernet. Portrait équestre du duc d'Orléans Louis-Philippe en uniforme de Colonel Général des Hussards. 1825. Collection particulière; vente Christies 2015.

 

 

Joseph Parrocel (1646-1704). Madame la comtesse de Saint Géran, née de Warignes. Skokloster Castle, comté d'Uppsala, Suède. Il s'agit d'un des six portraits équestres de femmes de l'aristocratie, commandés par le duc d'Aumont.

 

Théodore Géricault. La Cavalière (1820-24) ou Horsewoman. Metropolitan Museum of Art, New York. Son séjour en Angleterre en 1820-21 permit à Géricault de réaliser des œuvres d'inspiration équestre. Ici le portrait d'une belle Amazone qui contrôle parfaitement sa monture.

 

Dali, bien sûr, tord la tradition.

Salvador Dali. Portrait équestre de Carmen Martinez-Bordiù. Fondation Dali, Figueras.

 

Les marchés aux chevaux

 

 

Dans la société encore très rurale du XIXe siècle, les marchés aux chevaux sont un événement qui marque le calendrier annuel des campagnes tant au pays de Géricault que dans l'Orient rêvé d'un Orientaliste comme Chassériau.

 

Théodore Chassériau (1819-1856). Marchand arabe présentant une jument, 1853. Palais des Beaux-Arts de Lille.

 

Théodore Géricault. Le Marché aux  chevaux. Cinq chevaux au piquet. 1816-19. Musée du Louvre. Département des Arts graphiques.

 

Évariste Vital Luminais.(1821-1896). Le marché aux chevaux, 1861. Musée d'Art de Nantes. On retrouve des chevaux dans bien des toiles de ce peintre nantais qui a fréquenté l'atelier de Constant Troyon, peintre animalier réputé.

 

Rosa Bonheur (1822-1899). Le marché aux chevaux, 1852-55. Metropolitan Museum of Art, New York. C'est une scène pleine de vie. — montrant la puissance des percherons —  et l'un des plus grands tableaux du musée new-yorkais, 244 x 506 cm !

 

Julius von Blaas (1845-1922). Le marché aux chevaux. 1917. Ici au contraire de Rosa Bonheur, c'est l'image d'une scène de vie rurale plus pesante mais bien réaliste.

 

 

Le cheval attelé

 

 

Henri Rousseau dit le Douanier (1844-19&à). La carriole du père Junier. 1908. Musée de l'Orangerie., Paris. Une scène de vie quotidienne comme figée... Le cheval du père Junior s'appelle Rose sûrement parce que c'est une jument.

Théodore Géricault. Le chariot de charbon. 1821-22. Kunsthalle, Mannheim.

 

Théodore Géricault. Un chariot chargé de fûts. Rhode Island Museum.1822-23.

Théodore Géricault. Le four à plâtre. 1821. Musée du Louvre.

 

 

Les chevaux et la guerre

 

 

Des fresques médiévales ont pu représenter des chevaux dans des scènes militaires, comme à Cressac dans la chapelle des Templiers, mais notre chronologie picturale commence avec le Quattrocento. Ainsi le florentin Paolo Uccello est sans doute à l'origine des premières peintures sur bois relatant une bataille bien réelle : la bataille de San Romano.

 

Paolo di Dono dit Paolo Uccello (1397-1475). La Bataille de San Romano. National Gallery, Londres. C'est l'un des trois panneaux conservés commandés par les Médicis.

 

Paolo Uccello. La Bataille de San Romano. Panneau conservé aux Offices à Florence. Bernardino della Ciarda est désarçonné par Niccolo Mauruzi da Tolentino, le condottiere passé au service des Florentins.

 

Paolo Uccello. La Bataille de San Romano. Panneau du Musée du Louvre. La contre-attaque de Michelotto da Cotignola permit à l'armée des Florentins de remporter la victoire décisive sur les Siennois, le 1er juin 1432 et marquant le déclin définitif de la puissance siennois. La cavalerie est l'arme maîtresse avant l'invention des canons. Les cavaliers sont armés de lances fort longues qui captent d'abord le regard avant qu'on puisse s'intéresser aux chevaux du champ de bataille !

 

"Mon Royaume pour un cheval" (Shakespeare, Richard III, Acte V, scène IV)... De la guerre de Troie aux guerres du XXe siècle, le cheval participe aux combats des armées.  Inspirées par les thèmes de la guerre de Troie, et de la vie du héros troyen Énée d'après Virgile, les peintures de la galerie du château d'Oiron sont l'œuvre de Noël Jallier, un peintre français de l’École de Fontainebleau supposé de l'entourage du Primatice. Elles ont été réalisées  entre 1546 et 1549.

 

Noël Jallier. Le Cheval de Troie. Au château d'Oiron, c'est le dixième tableau de cette galerie. Le cheval de bois rempli de guerriers grecs a été introduit par ruse dans la ville de Troie dont on voit les murailles par le traître Sinon. Celui-ci (à gauche) est amené devant le roi Priam drapé de rouge et couronné (à droite).

Détail du tableau de Noël Jallier sur le Cheval de Troie.

 

Autre scène cavalière fameuse, dans cette galerie, Noël Jallier a aussi représenté La mort d'Hector.

Parmi les nombreuses œuvres inspirées par le cheval de Troie, celle de Tiepolo.

Giovanni Tiepolo (1696-1770). Le cheval de Troie, 1760. Dans ces deux cas, c'est plus un vrai cheval qu'une machine de guerre.

 

Hommes et chevaux s'affrontent dans les scènes de bataille à la Renaissance comme dans l'Antiquité grecque.

Giorgio Vasari. (1511)1574). La bataille de Marciano dans le Val de Chiana. 1570-71. Florence.

 

Giorgio de Vasari (détail)

 

Rubens. La bataille d'Anghiari ou La lutte pour l'étendard, d'après Léonard de Vinci, 1600-08, Musée du Louvre.

 

Joseph Parrocel (1846-1704). La bataille d'Arbelès en 331 av. J.-C. - Château de Versailles.

 

Giuseppe Castiglione. Improprement appelé "Scène de bataille", ce tableau montre un défilé de la Garde impériale à queue de léopard ou Baowei Ban Shiwei (豹尾班侍衛). Ces soldats sont sélectionnés parmi les hommes des trois plus hautes bannières mandchoues.

 

Giuseppe Castiglione. Ayusi attaquant les rebelles avec une lance. Encre et couleur sur rouleau de papier, détail, 1755. Musée National, Taipei. Ayusi a servi l'empereur Yongzheng par son assaut contre le khan dzunghar. Le tableau est une commande de l'empereur Qianlong pour honorer Ayusi, dzunghar lui-même.

 

Carle Vernet (1758-1836) Un Mamelouk conduisant son cheval. Collection particulière, image reproduite par Web Gallery of Art.  Carle Vernet comme son fils Horace Vernet ont peint à plusieurs reprises des pur-sang et des cavaliers. L'expédition d’Égypte de Napoléon Bonaparte en 1798 a popularisé l'image des Mamelouks devenus synonymes de guerriers des sultans égyptiens.

 

Francisco Goya. (1746-1828) El Dos de Mayo de 1808 en Madrid ou La lucha con los mamelucos. Musée du Prado., 1814, très grand format de 268 x 347 cm. L'armée napoléonienne est renforcée de mamelouks ; lors de l'occupation de l'Espagne, l’insurrection s'en prend aux mamelouks devenus symboles de l'oppression française.

Eugène Delacroix. Combat de chevaliers. 1824. Louvre.

 

Giorgio De Chirico. Le Tournoi. 1952.

 

Comme par le passé, le XXe siècle a utilisé les chevaux dans les conflits. Malevitch a ainsi représenté une scène inspirée par les années de guerre civile consécutive à la Révolution russe.

Kasimir Malevitch. (1879-1935). La charge de la cavalerie rouge. 1932. Musée Russe, Saint-Pétersbourg.

 

La chasse à courre

 

La chasse à courre reste aujourd'hui surtout associée aux mœurs britanniques. Aussi sera-t-on étonner d'y rencontrer Napoléon Bonaparte en forêt de Fontainebleau.

 

Philips Wouwerman (1619-1668). A Hunting Party Halting at an Inn. 1656. Private collection. Cet artiste appartient au Siècle d'Or hollandais. Il a passé presque toute sa vie à Haarlem et a représenté de nombreuses scènes avec des chevaux, très appréciées de son temps.

 

Philips Wouwerman. Hunting and Fishing Party (détail). Musée du Prado.

 

Antoine Van Dyck (1599-1641). Charles Ier à la chasse. 1635. Musée du Louvre. Le cheval semble s'incliner devant le souverain...

 

James Seymour (1702-1752). Mr Russell on his Bay Hunter. Tate Gallery, Londres. James Seymour avait la passion des courses hippiques et posséda des chevaux de course.

 

Carle Vernet. Napoléon à la chasse en forêt de Fontainebleau en présence de Marie-Louise. 1812. Senlis, Musée de la Vènerie. Napoléon, descendu de cheval, sert au fusil le cerf hallali sur pied, cerné par la meute.

D'autres usages du cheval pour la chasse existent, par exemple dans le monde arabo-musulman.

Soliman le Magnifique à la chasse au faucon. Miniature persane du XVII° siècle. Bibliothèque de Topkapı, Istanbul.

 

 

 

 

Les courses de chevaux

 

Les courses de chevaux sont devenues une attraction de la vie mondaine au XIXe siècle. Edgar Degas a brillé dans leur représentation. Raoul Dufy ensuite fut plus allusif.

 

Théodore Géricault. Le derby d'Epsom, 1821. Louvre. On peut remarquer que les sabots de ces chevaux ne touchent même pas la pelouse ! Degas s'efforcera de rendre leur course plus réaliste.

 

Édouard Manet (1832-1883). Courses à Longchamp. 1867. Art Institute, Chicaho.

 

Edgar Degas (1834-1917). Course de gentlemen. Avant le départ. 1862. Musée d'Orsay, Paris.

 

Edgar Degas. Aux courses. Le départ. 1860-62. Fogg Art Museum, Harvard University.

 

Edgar Degas. Jockeys et chevaux de course. c.1890-1895. Fondation Barnes, Philadelphie.

 

Edgar Degas. Course de chevaux à Longchamp. 1873-75. Boston Museum of Fine Arts. Il est tentant de rapprocher cette peinture d'une célèbre  œuvre de Gauguin, postérieure d'une génération.

Paul Gauguin (1848-1903). Cavaliers sur la plage. 1902. Museum Folkwang, Essen.

 

Raoul Dufy (1877-1953). L'Hippodrome. 1929. Dufy a commencé à fréquenter les champs de course en 1922.
 

Raoul Dufy : Deauville, le champ de course, 1928. Musée de l'Annonciade, Saint-Tropez.

 

Raoul Dufy : Le champ de course de Deauville. 1931. C'est une reprise de l'œuvre précédente. Puis, dans le même format :

Raoul Dufy : Le champ de course d'Ascot en 1930/31.

 

Les chevaux de Marc Chagall

 

Marc Chagall (1887-1985) a souvent utilisé l'image du cheval, particulièrement dans sa mise en scène de l'univers du cirque. Il y en a de toutes les couleurs ! Rouge, bleu, jaune, vert, le cheval est au centre de l'univers onirique de Chagall puisqu'il y en a de toutes les couleurs.

 

 Marc Chagall : Le Cheval rouge. Huile sur toile des années 1938-1944. Musée d'Art de Nantes.

 

 L'Écuyère.

 

 Le Cheval de cirque

 

Le Cheval à l'ombrelle, 1926-27. Collection particulière. On rejoint ici avec ce Cheval à l'ombrelle l'univers pictural de la jeunesse du peintre de Vitebsk avec son couple d'amoureux sur le toit.

 

 

L'imaginaire, l'inconscient et l'érotisme

 

L'inconscient qui hante les nuits a inspiré un gothique romantique comme Füssli (1741-1825) et plus encore les surréalistes.

Johann Heinrich Füssli (1741-1825). Le Cauchemar. 1781. Detroit Institute of Fine Arts. La nuit, des êtres maléfiques font irruption dans la chambre : un être démoniaque suggère un viol tandis que le cheval noir passe la tête entre les rideaux !

 

J.H. Füssli. Le Cauchemar. Dans cette version du Musée Goethe, Francfort, datant des années 1790-91, le cheval reste paradoxalement un voyeur, mais aveugle, sans doute est-il le symbole de la libido.

 

 Le surréalisme pouvait-il ignorer le cheval ? Non, bien sûr...

Salvador Dali : La tentation de saint-Antoine. Tableau peint à New York en 1946, exposé au Musée Royal des Beaux Arts de Bruxelles.

 

René Magritte (1898-1967). Le blanc seing (1965). National Gallery of Art, Washington D.C. Le cheval participe ici à une illusion d'optique. Le titre n'a rien à voir avec l'image ce qui est souvent le cas chez Magritte et les surréalistes en général.

 

Leonora Carrington (1917-2011) Les chevaux de Lords Candlestick (1938). Cavalière accomplie dès sa jeunesse, Leonora Carrington peint ici huit chevaux à l'état “sauvage”. Elle a été nourrie de mythes celtiques, comme celui d'Epona la reine des Chevaux.

 

On connaît aussi son autoportrait L'Auberge du cheval de l'aube. (1936-37). Collection Matisse, au Metropolitan Museum of Art, New York. Son épaisse chevelure fait penser à la crinière d'un cheval.

Raymond Douillet. (1947 —).  La mort de Chiron. Huile sur toile. Le peintre symboliste et surréaliste représente ici un cheval un peu particulier puisque Chiron est un centaure dans la mythologie grecque, fils de Chronos et de la nymphe Philyra. Théoriquement, il est immortel... Mais la flèche que lui décocha Héraklès avait été plongée dont le sang de l'Hydre de Lerne. Ce fut fatal.

 

Raymond Douillet. Hortense de Beauharnais et la perspective cavalière (détail 1).

Raymond Douillet. Hortense de Beauharnais et la perspective cavalière. (détail 2). Comme sa mère, Hortense de Beauharnais était réputée pour ses mœurs légères et ses amants, mais le peintre surréaliste donc amateur de jeu de mots, a surtout pensé à un beau harnais...

 

Ton Haring et Bernard Dumaine. Gardenscapes. 2022. Huile sur toile, 100 x 80 cm. La toile est une coopération d'un artiste néerlandais et d'un artiste originaire d'Angoulême né en 1953.

 

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Tag(s) : #BEAUX ARTS
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