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Au centre du récit il y a Martin, qui fuit la ville, son errance de meurtrier aboutit à une plantation où il va être sauvé. Cette fazenda gérée par Victoria héberge aussi Ermelinda qui s'éprend de Martin. Mais Martin et Victoria ne seraient-ils pas aussi attirés l'un l'autre ? La richesse du livre n'est pas dans le scénario, mais, outre la description du milieu végétal, dans l'introspection permanente et la finesse de l'analyse des pulsions intimes. Il y a beaucoup d'émotions, souvent suggérées.
Le roman est d'une lecture difficile pour qui s'attacherait à la rationalité pure d'un récit linéaire. «Expliquer n'a jamais conduit personne nulle part, et comprendre est une futilité» dit Martin peu avant de quitter la fazenda de Victoria. Clarice Lispector (1920-1977) appartient au mouvement littéraire "O Novo Romance Brasileiro" qui n'est pas sans rappeler notre Nouveau Roman. Si l'on accepte ce rapprochement, alors la manière de Clarice Lispector peut faire penser à celle de Nathalie Sarraute, mais avec des phrases plus amples, et très poétiques.
Au temps où les Éditions Des Femmes avaient commencé à publier les ouvrages de Clarice Lispector, la rumeur de sa qualité littéraire m'était parvenue. « Le bâtisseur de ruines » a été réédité par Gallimard en 1970 et repris dans la collection « L'Imaginaire » en 2000. C'est un gros livre de 424 pages, traduit par Violante Do Canto. [A Maçã no Escuro, 1961] .
• Une biographie de Clarice Lispector a été publiée en 2009 par Benjamin Moser (Why this World, 479 pp., Oxford University Press). Voir compte-rendu par Fernanda Eberstadt dans le New York Times.