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On connaît l’existence des minorités allemandes dans le sud du Brésil et en Argentine. On y découvre avec ce roman l’émigration polonaise d’autant que l’auteur lui-même est un Brésilien issu de cette émigration. Son anti-héros natif de Katowice et débarqué en 1928, Max Goldman donc, vit à Rio de Janeiro sous le patronyme de Kutner et il s’ensuit une longue histoire !

 

Alors que les migrants juifs sont moins acceptés par les différents États américains, Max a eu la possibilité de prendre la place d’un certain Kutner qui s’était tué au volant à la veille d’embarquer pour le Nouveau Monde. Hannah, la veuve de ce Kutner a elle aussi émigré, avec sa sœur Guita, un temps prise dans un réseau de traite des blanches que la police argentine à démantelé. Ces deux jolies sœurs vont croiser la route de Max et l’entraîner dans des aventures riches de multiples rebondissements.

 

Pour les uns parce qu’ils ont lu et gobé un trop fameux pamphlet, pour les autres parce qu’ils sont sur le qui vive à cause d’un prétendu péril communiste, ces immigrés juifs attirent la suspicion du petit peuple de Rio comme des policiers. Ces derniers y ajoutent la crainte d’espions et de trafiquants nazis de mèche avec les minorités allemandes qui attendent « l’annexion du Brésil au Troisième Reich ». Les policiers recrutent alors le boutiquier Max Kutner. Parce qu’il maîtrise le yiddish, il va devoir ajouter un travail de traducteur à sa profession de cordonnier. La « mission patriotique » de Max sera d’abord de lire des correspondances, y chercher des messages cryptés, et rendre compte au capitaine Avelar. Cette activité ne s’arrêtera pas à traduire les lettres de Guita à Hannah qui cachent des mystères sous couvert d’amicaux messages. Max devra aussi participer à la chasse aux espions en compagnie même de cette Hannah qui véritablement l’ensorcèle et l'intrigue avec ses amies « polaques ».

 

C’est un plaisir de suivre Max ou Hannah dans leurs missions de vrais-faux espions. C’est un plaisir de parcourir le Rio des années vingt-trente entraînée dans la modernisation par le régime de Getulio Vargas peu soucieux de protéger les vieux quartiers populaires où Max rencontre ses semblables qu’il apostrophe et qualifie de Meschougene et de Schmok. Le lecteur retrouve ici le sel des histoires de Sholem Aleikhem avec leur touche de mélancolie et d’ironie. En clair, l’écriture de Ronaldo Wrobel est savoureuse et émaillée d’histoires juives où le sévère hiver polonais contraste avec le climat tropical de Rio.

 

Ronaldo WROBEL : Traduire Hannah. – Traduit du brésilien par Sébastien Roy. Éditions Métailié, 2013, 228 pages.

 

Tag(s) : #BRESIL, #LITTERATURE LATINO-AMERICAINE
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