
La fin de la vie de Camino est désormais un long calvaire. Elle regrette amèrement ses copines de collège. Sa mère, sa soeur, sa tante, toutes sont totalement imprégnées dans cet Opus Dei, cette secte qu'on ne nomme pas comme telle dans le film, mais que l'on évoque par une tournure plus douce, insidieuse : l'œuvre. L'étouffement sectaire s'ajoute aux violences de l'acharnement thérapeutique. Petit à petit, la mère de Camino, qui a déjà perdu un petit enfant "repris par Dieu" et dont l'aînée est asservie dans l'organisation comme "numéraire", se durcit dans l'orgueil immense de donner à l'Opus Dei une martyre, une sainte. Et de fait, Camino est en cours de béatification nous apprendra une note du générique de fin.
Contrairement à son épouse, le père de Camino n'est pas un fanatique. Il est encore capable de raisonner quand il voit ce dont sa fille est privée par ce mélange de mesquinerie et de bondieuserie : jusqu'à un bouquet de fleurs dans sa chambre d'hôpital sous prétexte que d'autres les mériteraient davantage. C'est lui qui découvre les lettres adressées à Nuria, sa fille aînée, par son jeune amoureux rentré en Italie, lettres cachées par la mère. C'est lui qui découvre que le Jésus des rêves de sa petite fille n'est pas seulement le fils de Dieu, mais aussi ce Jésus, alias Cuco, un pré-ado que sa fille a rencontré au club de théâtre et avec qui elle s'imaginait sur scène pour jouer Cendrillon avec une si jolie petite robe rouge. Mais sur la route de l'hôpital, le retour du père qui vient d'avoir révélation de toutes ces choses sera stoppé net.
Dans ce film engagé, le club de théâtre fonctionne comme l'antidote du dressage

CAMINO
Film espagnol de Javier FESSER, 2008, 2h 30.
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