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Changer d’identité c’est tourner le dos à son passé. C’est cette idée qu’illustre le tableau de Magritte, la Reproduction interdite (1937), présent à la première et à la dernière scène du film.
Jeune femme divorcée mère de Yûto, Rie tient une papeterie où se présente souvent un jeune client plutôt charmant qui vient acheter du papier à dessin : Daisuke Taniguchi. Une relation amicale puis amoureuse se noue entre eux ; ils se marient et naît une fille. Dessiner n’est qu’un passe-temps pour Daisuke, car il gagne sa vie comme bûcheron. La vie s’écoule en bonheur familial jusqu’à ce que Daisuke meure d’un accident de travail écrasé par la chute d’un arbre.
Un an après les obsèques, le frère de la victime, propriétaire d’une auberge rurale et de thermes, constate que l’homme sur la photo de l’autel familial n’est pas son frère, pas le vrai Daisuke dont il est sans nouvelles depuis une rupture familiale. Tandis que Rie empoche l’assurance-vie de Daisuke, l’avocat Akira Kido est chargé d’enquêter sur la victime et trouver sa véritable identité. Sur une idée de son associé il interroge en prison un condamné pour avoir servi d’entremetteur dans d’autres cas de disparitions et changements d’identité. Il découvre que le soi-disant Daisuke est le fils d’un condamné à mort exécuté il y a quelques années et se nomme Makoto Hara. L’enquêteur s'aperçoit aussi qu’il s’est brillamment lancé dans la boxe comme pour recevoir des coups et se punir du crime sanglant de son père. Après une altercation avec le manager du club de boxe, Makota a choisi de changer de nom et de vie, échangeant son identité avec le vrai Daisuke qui voulait rompre avec sa famille.
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Les perturbations psychologiques nées du changement d’identité ne se limitent pas au seul Makoto/Daisuke autrement dit Monsieur X. Le réalisateur inclut dans sa réflexion l’avocat, le fils de Rie, et le vrai Daisuke. Avec un ton presque accusatoire, le prisonnier démasque l’avocat comme un homme qui préfère cacher son origine coréenne, malaimée au Japon. Yûto est tourmenté par son changement de patronyme : il a perdu celui de son père biologique après le divorce de sa mère, est devenu un Taniguchi, et maintenant quel nom portera-t-il ? Quand l’affaire est réglée, le rapport de l’enquêteur lu par Rie et Yûto, celui-ci regrette paradoxalement ce père adoptif disparu. Quant au vrai Daisuke, sa petite amie le retrouvera bien. C’est finalement l’avocat Akira Kido qui semble avoir un problème de couple. Mais c’est une autre histoire.
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Ce film multi-récompensé au Japon en 2023 est d’une grande sensibilité et d’une sobriété remarquable. Cette retenue passe notamment dans le rôle de Rie épouse éplorée et mère très douce. Certains trouveront même quelque fadeur dans ce beau film, ni violent ni romantique. Le scénario est fondé sur le roman homonyme de Keiichiro HIRANO, prix Yomiuri 2018 (non traduit).
• A Man, film de Kei ISHIKAWA, 2022, 120 min.