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Ce film est quasiment un huis clos. L'action se passe dans un collège allemand de construction moderne qui offre un cadre de travail agréable aux élèves et aux enseignants. Mais des vols ont eu lieu dans la salle des profs alors que l'établissement affirme s'en tenir à la « tolérance zéro ».
Interprétée par Leonie Benesch, une jeune professeur principale dans une classe de 5ème, Madame Nowak, assiste irritée contre cette pratique à la tentative de l'administration de faire avouer à deux délégués de classe quel élève doit être suspecté de larcin. La fille affirme qu'elle n'en a aucune idée, mais son camarade garçon hoche la tête quand le style d'un professeur suggère un nom. Les porte-monnaie des garçons de la classe sont fouillés. Ali, fils d'immigrés turcs, est suspecté. Les parents convoqués prennent très mal cette suspicion et la mère soutient qu'elle a bien le droit de donner de l'argent à son fils. L'enquête doit reprendre.
Nouvellement nommée dans ce collège, Carla Nowak est très rigoureuse. Sa leçon de maths, en ouverture du film, insiste d'ailleurs sur l'idée de preuve. Les vols continuant en salle des profs, Carla veut établir une preuve incriminant une personne. Elle y installe son ordinateur portable, webcam allumée, face à sa veste posée sur sa chaise, compte les billets de son porte-feuille et part encadrer les élèves au gymnase. Quand elle revient en salle des profs, elle constate qu'il manque une certaine somme dans son porte-feuilles, consulte l'enregistrement de sa webcam, et ô surprise, une manche de chemisier avec un motif orange a été filmée fouillant sa veste. A ce vêtement original, Carla identifie la voleuse, c'est Madame Kuhn, la cheffe du secrétariat !
Les deux femmes s'affrontent. La directrice est mise au courant. Elle interroge la secrétaire et la suspend pour quelques jours le temps de tout éclaircir et apaiser le conflit. Au lieu de quoi toute l'institution scolaire vacille. Plusieurs professeurs accusent Mme Nowak de les filmer à leur insu. La directrice s'interroge sur l'utilisation d'une vidéo et déclare se replier derrière le service juridique... Les parents sont horrifiés après l'irruption de Mme Kuhn, en colère, dans leur réunion avec la professeure principale. Le problème est qu'Oskar, le fils de Mme Kuhn, est le chouchou de Mme Nowak, c'est le crac de la classe en maths ! Elle lui à même confié un Rubik's Cube pour tester ses capacités...
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Carla Novak au milieu de ses collègues
La classe se rebelle contre l'autorité de Mme Nowak. La situation empire avec le journal du collège qui dévoile au grand jour l'affaire de la vidéo compromettante et qui peut-être viole des droits élémentaires. Oskar, qui s'oppose à sa prof, est harcelé par une partie de la classe. Il pète les plombs, bouscule la prof, s'empare de son ordinateur et quitte en courant l'établissement. Mme Nowak le rattrape sur le pont. Il jette l'ordi dans la rivière : il n'y a plus de preuve de la culpabilité de sa mère. Oskar est exclu pour dix jours, on envisage de l'envoyer dans une autre école, des élèves crient au racisme. Au lieu d'obéir à l'administration, Oskar revient en classe et s'incruste à sa place.
Le dernier plan du film montre deux policiers le portant sur sa chaise comme sur un trône vers la sortie. Est-ce la victoire de l'autorité ou le triomphe d'un résistant à l'oppression ? L'ambiguïté de cette scène finale est à la mesure de tout le film dont les intentions ne semblent pas claires sinon d'exposer le gâchis provoqué par une enseignante passionnée par son métier. Elle veut bien faire mais ça tourne pour elle au cauchemar. Aussi s'explique-t-on à la fois la polémique qu'il a pu susciter et son triomphe au Deutscher Filmpreis de 2023 (Lola d'or, meilleur rôle féminin pour Leonie Benesch, etc).
• La Salle des Profs [Das Lehrerzimmer]. Film allemand d'Ilker Çatak, 2024, 1h 40.