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Ce titre n'est qu'une question rhétorique visant à interpeller l'opinion. Albert Jacquard, généticien reconnu, a déjà la réponse : la fin de l'humanité ne tardera guère si nous, pays nantis du Nord, ne modifions pas nos comportements. C'est un cri d'alarme : le sujet n'est pas original et l'auteur ne prétend pas proposer des solutions ; au mieux cherche-t-il à provoquer une prise de conscience individuelle.

 

Notre société du risque doit développer la vigilance en actes. « L'avenir de la planète Terre ne semble nullement compromis » aux yeux du chercheur ; « le réchauffement climatique n'a pour elle que des conséquences limitées.» C'est l'humanité qui se met en danger si elle ne stabilise pas ses rapports à la planète dont les richesses naturelles sont limitées (pétrole-gaz-charbon). En outre, l'espèce humaine s'accroît et la planète n'est pas sa poubelle. L'auteur appelle donc les pays nantis à réduire la consommation-gâchis, à abandonner le nucléaire pour résoudre le problème de nos déchets. Il s'en prend avec virulence à l'économie et  à la croissance et réfute la course à la production et à la rentabilité : elle exacerbe le matérialisme en n'accordant de valeur qu'aux biens marchands. Ce n'est pas, selon Jacquard, le bon objectif de développement, surtout après le tsunami économico-financier de l'été 2008 : non pas une "crise", mais une "mutation" radicale ; rien dans nos sociétés ne sera plus comme avant.

Quels nouveaux objectifs proposer pour orienter cet inéluctable changement ? L'auteur plaide pour l'augmentation des biens sans valeur marchande, ceux que l'économie ni la croissance ne peuvent chiffrer : la recherche, la lutte contre les maladies, la création artistique et surtout, l'éducation. Car l'école doit éveiller la lucidité des jeunes générations et les préparer à adopter de nouveaux comportements pour parvenir, entre autres, à une gestion collective et raisonnable des richesses mondiales. Le système éducatif doit donc cesser de formater les jeunes selon la demande du marché de l'emploi, cesser de les pousser à la rivalité et à la compétition. Car l'école, affirme l'auteur, n'est pas au service de la société. Les politiques doivent rapidement déterminer les nouveaux objectifs pour éviter la disparition annoncée des hommes afin que chaque jeune puisse élaborer, dans cette perspective, son projet personnel. Pour le mettre en œuvre, à l'école de lui donner les moyens d'acquérir les compétences nécessaires. Car le véritable objectif humain, c'est de se dépasser soi-même, et non son condisciple ; c'est de se réaliser par la rencontre et l'échange, qui seuls permettent à un jeune de « devenir celui qu'il choisit d'être.»

Albert Jacquard reste un chercheur humaniste, partisan de la coopération féconde et de l'engagement solidaire. On partage la sagesse de ses propos ; mais ils demeurent, hélas, empreints d'idéalisme utopique.  
Albert JACQUARD  -  Le compte à rebours a-t-il commencé ?
Stock, 2009, 138 pages

Tag(s) : #EDUCATION
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