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Ce petit ouvrage codirigé par Béatrice Kammerer, journaliste scientifique et Héloïse Lhérété, directrice de la rédaction de « Sciences Humaines », donne la mesure de l’éducation positive — ou bienveillante — qui se généralise et fait débat.


 

Née au XIX° siècle, elle se fonde sur la théorie de l’attachement de Bowlby, psychanalyste anglais du siècle dernier dont Boris Cyrulnik s’inspire : tout jeune enfant a besoin, pour bien se développer, d’un environnement parental sécurisant et stable. Selon Maria Montessori, il faut laisser faire l’enfant sans le juger ; pour Françoise Dolto, l’enfant est une personne : les parents doivent l’écouter, ne pas l’humilier, l’accompagner sans le diriger. En 1989 la Convention des Droits de l’Enfant a reconnu la nécessité de l’éducation positive. Et en 2006 le Conseil de l’Europe a renchéri, confirmant que « l’éducation positive est un comportement qui vise à élever l'enfant et à le responsabiliser ». Les gourous de cette parentalité bienveillante dispensent de beaux principes : pour aider l’enfant à « devenir lui-même » les parents devraient renoncer à le punir s’il agit mal, mais plutôt lui faire prendre conscience de sa responsabilité et lui enjoindre de réparer ses torts... ne jamais rien lui imposer sans explication, préférer la négociation à la punition et renoncer à toute violence éducative. Ils  doivent se mettre au service de l’autonomie de leur enfant.


 

Nombreuses sont les controverses ! Cette « tyrannie de la parentalité »parfaite amène à une sur-responsabilisation des parents : entre laxisme et autoritarisme leur rôle se complexifie. De plus, en usant d’une autorité douce et non répressive on peut craindre de voir pointer « l’enfant-roi ». Enfin, ces diktats trop normatifs inspirés du « développement personnel » stigmatisent les parents vulnérables et augmentent la culpabilité mentale des mères, souvent proches du burn out. En réalité il faut une part « négative », une limite à la bienveillance, pour apprendre à l’enfant le sens de l’effort, sans le brutaliser mais sans céder à ses désirs. Enfin, les parents ne doivent pas y sacrifier leur épanouissement personnel !

Certes, « on ne naît pas parent, on le devient », mais livres et tutoriels d’éducation positive génèrent surtout beaucoup d’anxiété parentale. Certes, les parents s’efforcent d’éviter les violences verbales, les claques et les fessées. Certes, l’éducation positive contribue à réduire les violences familiales, mais elle fait courir le risque d’enfants trop centrés sur eux-mêmes, peu capables de cette empathie que l’on enseigne désormais dès la maternelle et dont on guette les effets hors du cadre scolaire.


 

Béatrice Kammerer et Héloïse Lhérété (dir.) : L'éducation positive face à ses limites. - Sciences Humaines Éditions, 2024, 275 pages.

Chroniqué par Kate

 

Tag(s) : #EDUCATION, #ESSAIS
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