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Dans ce nouvel essai Olivier Babeau, agrégé d’économie, poursuit la polémique de son précédent ouvrage où il alertait sur La tyrannie du divertissement, de ce temps libre occupé par écrans et réseaux sociaux, qui n’invite pas à l’effort. Seule une minorité le met à profit pour améliorer ses compétences et développer ses connaissances. Cette fois Olivier Babeau veut nous mettre en garde contre la disparition progressive de l’effort en tous domaines. Il ignore la nuance, choisit l’exagération et la généralisation hâtive, implique son lecteur en recourant au « nous » : genre polémique oblige !
L’auteur prétend que « l’on perd le sens de l’effort dans nos vieux pays occidentaux » désormais menacés d’être colonisés par les sociétés asiatiques dont l’effort reste le moteur. Autrefois tout nécessitait des efforts — pour survivre, pour s’intégrer dans la société — au prix du sacrifice de soi. Aujourd’hui O. Babeau affirme que l’effort devient de plus en plus inutile et obsolète ! Désormais le temps de travail se réduit à 12% de notre vie, il exige de moins en moins d’efforts et on n’en attend plus rien… « La France travaille trop peu » ; pourtant beaucoup d’emplois ne trouvent pas preneur. On refuse de s’engager ; « le Covid a brisé notre rapport à l’effort et au travail. » De plus l’automatisation et l’intelligence artificielle rendent tout effort désormais inutile. Tout est fait pour l’épargner : le niveau scolaire en France baisse, les inégalités s’aggravent, tout annonce « notre affaiblissement économique et moral ». Désormais « il faudrait apprendre les mathématiques, les langues, le code en s’amusant » …!
Nous ne savons plus attendre : entre « plaid et canapé » tout nous est livré : les connaissances, les repas ou les provisions ! Selon O. Babeau « le progrès n’a plus cours, on ne croit plus en la science ». Vivre au présent et se faire plaisir serait le nouveau credo ! Aux yeux des jeunes la politesse passe pour ringarde, on ne se contraint plus à suivre les convenances sociales. L’impératif de Mac Do « Venez comme vous êtes » en est la parfaite illustration. Cet individualisme narcissique fait la part belle à l’émotion, au ressenti : nous sommes traumatisés par une pensée différente de la nôtre : le wokisme rend les débats impossibles.
Et l’auteur de nous rappeler que « l’effort est le précepte numéro un de toute éducation réussie », « qu’il « s’apprend et se transmet ».
O. Babeau nous met au banc des accusés et n’a pas tort de nous alerter mais on peut difficilement partager certaines de ses idées : la « flemme » naît surtout du manque de motivation.
• Olivier Babeau : L’ère de la flemme. Comment nous et nos enfants avons perdu le sens de l’effort. Buchet-Chastel, 2025, 288 pages.
Chroniqué par Kate