De la tête aux pieds
Un grand miroir, mobile, sur un chassis vertical, ou sur un pied, telle est la psyché. Elle sert le plus souvent à peindre un portrait en pied, d'une femme à sa toilette, ou qui s'habille, ou se dévêt. L'objet accompagne fréquemment un nu, sans connotation culturelle particulière, ce que la photographie amplifiera. C'est aussi le miroir de la classe de danse.
Glaize - Psyché
Cette psyché de Léon Glaize (1873) est la plus ancienne représentation de psyché que j'aie trouvé. Par sa hauteur, la psyché permet à Glaize de souligner la minceur de l'objet et du modèle, donc l'élégance de la femme.
TOULMOUCHE - Vanité - fin XIXè s.
Quel narcissisme ! De Glaize comme de Toulmouche, la psyché donne lieu à une peinture académique, froide. D'ailleurs certains ont ironisé sur les "toulmoucheries". Comme d'autres ironisaient sur les impressionnistes. À long terme, difficile de se faire si catégorique… La Psyché de Berthe Morisot est loin d'être le meilleur de sa production.
Berthe Morisot - Psyché - 1876
Berthe Morisot a également peint une femme se poudrant (1877) et une femme assise devant son miroir (1890). cf. MIROIRS 2
Édouard MANET - Devant un miroir
Avant de sortir, vérifier l'allure ! C'est ce que fait Madame Jeantaud :
Félix VALLOTTON - Femmes à leur toilette - 1897.
Avec toutes ces couleurs vives, la toile de Vallotton donne l'impression d'un Delvaux revu par l'École de Pont-Aven.
Thomas W. DEWING - Before the mirror - 1916
S'il ne tenait qu'à la forme de la psyché, la toile de Picasso et celle de Dewing seraient des jumelles avec leur grand miroir ovale. En réalité, beaucoup plus de seize années les séparent. La force brutale des formes et des couleurs de Picasso s'oppose à la douceur voire à la mièvrerie des formes et des coloris de Dewing.
Kees Van DONGEN. La vasque fleurie. c 1925
Leonardo CREMONINI, Les sens et les choses
Le miroir de la danse
La danse est une activité que les peintres ont représenté en utilisant des miroirs. Deux exemples avec Edgar Degas et Max Pechstein. Degas a peint toute une série de toiles inspirées par la danse plus que des portraits de danseuses en gros plan ce qui l'inspire c'est le mouvement et la grâce. Dans d'autres toiles de Degas sur la danse, il y a des miroirs muraux. Ici, La classe de danse (1871) du Metropolitan Museum de New York.
Ci-dessous, Max Pechstein avec Tanzerin im Spiegel (1923).
Entre ces deux œuvres, l'évolution est puissante. Question de date, d'air du temps. La danseuse de Pechstein est représentée en pleine action : le mouvement, mais pas la grâce. La Guerre et la crise allemande ont poursuivi la ruine de la peinture "léchée" entreprise à la fin de la "Belle Époque".
Psyché et Photo érotique
Incursion dans le domaine de la photographie… qui tend à prolonger la figuration quand la peinture est devenue abstraite.
Photographie érotique - début XX° siècle
Avec cette photographie de Helmut NEWTON, Self-Portrait with Wife and Models (1981), le spectateur est invité à entrer dans l'image, comme dans le tableau de Van Eyck sur les époux Arnolfini.
• On pourrait continuer indéfiniment... Le miroir et la photographie forment un couple solide encore passé l'an 2001. Un correspondant me suggère d'ajouter cette œuvre de Richard Hamilton "Descending nude" de 2006.