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C'est le point de départ des aventures de Jorge Osuna, dit le Nopal, qu'on retrouvera quelques années plus tard devenu chef des Culebros dans La double vie de Jesús.

L'action se situa dans les 80, quand Reagan est président du pays au-dessus. Le Nopal n'est encore qu'un gamin d'un quartier populaire de Mexico, Colonia Morelos, où souvent l'eau est coupée. Le Nopal vit seul avec sa mère Carmen, qui est femme de ménage dans un bar. Le père a plus ou moins disparu, malgré les tentatives que fait Carmen pour le ramener à elle en l'attendant à la sortie de son travail. Jorge Osuna père livre du lait, en camion, ou en vélo. Le dimanche, Carmen reçoit un autre homme, Damian, petit employé d'un cinéma de quartier — une personne que le Nopal déteste viscérakement. Le Nopal a quitté l'école Tlacoquemécatl où enseignait Mlle Salgado et maintenant il sniffe de la colle dans une ancienne station service sous le regard apitoyé de sa copine La Canette. Et ça le fait rêver au jour où il sera un caïd.

 

Et peu s'en faut qu'il n'en prenne pas le chemin à cause d'un concours charitable organisé par une radio locale et quelques donateurs. La Radio Familiale, dirigée par Marco Valladares lance l'opération « Quo melius illac » censée récompenser un enfant méritant ayant fait quelque action héroïque. A la clé, un million de pesos et un voyage à Rome avec réception par le pape, car ces gens charitables et sont bien sûr de bons catholiques en apparence. Tout de suite, des dizaines de témoignages, réels ou fabriqués, vont affluer à la Radio Familiale, appâtés par la promesse du gain.

 

Cela permet à l'auteur, à côté du milieu populaire où vit le Nopal, de faire le portrait d'un milieu favorisé de la capitale, excessivement attaché à la réussite matérielle, et attiré par l'american way of life. Marco et son ami Daniel sont assez riches pour collectionner quantité d'armes, comme font les Texans. D'ailleurs c'est au Texas qu'ils se fournissent.

 

Marquitos, le fils du couple Valladares, environ douze-treize ans, est fasciné par les armes de son père, et pour épater son copain Ivàn, monte sur la terrasse avec un fusil piqué à la collection de son père et fait sembler de tirer sur un pauvre cycliste. Malheureusement l'arme était chargée, le coup part, le cycliste est tué. C'était Jorge Osuna père, le livreur de lait... Voilà qui ne s'accorde pas avec l'image morale que veut donner Marcos Valladores, président d'une fondation caritative et directeur d'une station de radio très populaire !

 

A partir de cet « accident » l'auteur s'en donne à cœur joie pour dénoncer la corruption. Celle-ci concerne aussi bien la police que la famille Valladares. Marcos va être généreux avec les policiers corrompus... mais aussi imaginer un scénario pour indemniser la veuve de Jorge Osuna quitte à pervertir son projet !

 

Roman féroce, Quand je serai roi est sans pitié pour la société mexicaine. La presse, la radio, la police, la famille, l'Eglise : toutes les institutions sont pourries, à l'image d'une société malade, gangrenée par l'argent et accro au sexe.

 

Enrique Serna. Quand le serai roi. Traduit par François Gaudry. Métailié, 2009, 263 pages.

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE LATINO-AMERICAINE, #MEXIQUE
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