Un film présenté au 17ème Festival du cinéma espagnol, Nantes, mars 2007
Malgré un master de gestion, Jorge a dû reprendre le travail de concierge de son père handicapé et s'occuper de lui quasiment à plein temps. Son frère aîné, Antonio, est en prison (une prison modèle d'ailleurs). Natalie, la fille qu'il aime depuis l'enfance, est revenue vivre dans l'immeuble. Jorge passe une bonne partie de son temps sur le toits de l'immeuble à bavarder avec Israel son meilleur ami. La routine. Tout bascule pour Jorge quand Antonio, sorti de prison, lui demande un étrange service parce que lui-même est stérile: mettre enceinte, à sa place, Paula, sa petite amie restée en prison...
Sur les toits : Jorge et Israel
Le triangle Jorge-Antonio-Paula est donc à la base de cette histoire sensée renouveler le classique trio amoureux. Mais Daniel Sanchez Arevalo, le réalisateur madrilène, est aussi le scénariste et il a créé une galerie de portraits qui, bien que limitée en nombre, l'entraîne parfois loin de son propos, n'hésitant pas à nous asséner du déterminisme social et sexuel en croyant donner de la profondeur et de l'actualité à son film.
• Jorge (Quim Guttierez) cherche un autre emploi que concierge, mais on ne le recrute que comme gardien. Tragédie de la déqualification. Soulignée par le fait que Jorge vient à l'entretien d'embauche en costard-cravate signe d'ascension sociale. Peu importe qu'il provienne de la vitrine défoncée par la voiture-bélier ou soit emprunté chez la voisine. On peut conclure au déterminisme social : Jorge n'est pas fait pour être en costard.
• Jorge (Quim Guttierez) cherche un autre emploi que concierge, mais on ne le recrute que comme gardien. Tragédie de la déqualification. Soulignée par le fait que Jorge vient à l'entretien d'embauche en costard-cravate signe d'ascension sociale. Peu importe qu'il provienne de la vitrine défoncée par la voiture-bélier ou soit emprunté chez la voisine. On peut conclure au déterminisme social : Jorge n'est pas fait pour être en costard.
Antonio et Paula
• Antonio (Antonio del Torre) est brut de décoffrage si l'on peut dire. En prison, il profite du club-théâtre pour s'éprendre de Paula. Libre, il souhaite surtout récupérer le fric du père invalide (Hector Colomé). Donc rivalité des frères.
• Paula (Marta Etura) la jolie jeune femme prisonnière arrêtée pour trafic de drogue en provenance de Colombie. Les scènes où elle est présente sont parmi les meilleures du film. Sa liaison avec Antonio se transforme en passion pour Jorge. Là est –paradoxalement– la partie romanesque du scénario.
• Paula (Marta Etura) la jolie jeune femme prisonnière arrêtée pour trafic de drogue en provenance de Colombie. Les scènes où elle est présente sont parmi les meilleures du film. Sa liaison avec Antonio se transforme en passion pour Jorge. Là est –paradoxalement– la partie romanesque du scénario.
Sur les toits : Natalia, Jorge et encore le bocal à poisson
• Natalia (Eva Pallares), la douce voisine d'immeuble de Jorge, semble appartenir à un autre milieu social. Quand Jorge vient la voir et sonne à sa porte, une amie annonce: "C'est le concierge !" Ça casse l'ambiance… D'ailleurs elle finit par vendre son appartement. Jorge n'est pas fait pour vivre avec une femme au statut probable de cadre.
• Israel (Arturo Arevalo) ne rencontre pas seulement Jorge sur les toits de l'immeuble, il découvre aussi son homosexualité et celle de son père – longue digression maladroite qui encombre le dernier tiers du film. Ce personnage ne semble exister que parce que ce sujet est à la mode ce qui donne l'opportunité d'un supplément de dialogues salaces, parmi d'autres influences d'Almodovar : Israel passe son temps sur le toit à espionner en voyeur les voisins (cf."Kika", 1993).
Le titre, Azul Oscuro Casi Negro, –je détache volontairement les mots collés dans le titre espagnol– c'est-à-dire bleu sombre presque noir, situe bien la tonalité de ce film entre le comique et le tragique. Entre le roman social et l'apologue. Au risque de ne pas trouver de spectateur pleinement satisfait ! [Goya 2007 pour la mise en scène et les rôles masculins.]
• Israel (Arturo Arevalo) ne rencontre pas seulement Jorge sur les toits de l'immeuble, il découvre aussi son homosexualité et celle de son père – longue digression maladroite qui encombre le dernier tiers du film. Ce personnage ne semble exister que parce que ce sujet est à la mode ce qui donne l'opportunité d'un supplément de dialogues salaces, parmi d'autres influences d'Almodovar : Israel passe son temps sur le toit à espionner en voyeur les voisins (cf."Kika", 1993).
Le titre, Azul Oscuro Casi Negro, –je détache volontairement les mots collés dans le titre espagnol– c'est-à-dire bleu sombre presque noir, situe bien la tonalité de ce film entre le comique et le tragique. Entre le roman social et l'apologue. Au risque de ne pas trouver de spectateur pleinement satisfait ! [Goya 2007 pour la mise en scène et les rôles masculins.]
Daniel Sanchez Arévalo
AZUL (Azuloscurocasinegro)
2006, 1h 46.
AZUL (Azuloscurocasinegro)
2006, 1h 46.