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Toutes les civilisations depuis la nuit des temps ont représenté le soleil, personnifié ou sous forme d'allégorie. Il symbolise la vie, la sagesse, la connaissance, mais aussi la jeunesse et la beauté. Il est surtout symbole de puissance et manifestation de la présence divine jusqu'au 16ème siècle. Dans le Retable d'Issenheim de Grünewald ou dans l'Adoration de l'Agneau mystique de Jan van Eyck, le soleil symbolise l'Esprit Saint. Souvent sous les traits d'un visage humain ses rayons matérialisent l'alliance entre Dieu et l'Homme. À partir du 17ème siècle, après les découvertes de Galilée et Copernic, le soleil prend une place centrale. Il devient symbole du pouvoir et Louis XIV  le Roi Soleil. Mais ce n'est vraiment qu'au 19ème siècle que le soleil devient un élément constitutif du tableau : on pense à Monet, à Impression soleil levant. Plus que l'astre ce sont surtout les effets de sa lumière que les peintres cherchent à restituer, ainsi chez Turner car rares sont les tableaux où l'astre est le seul ou le principal objet.


 

Le Soleil et les Quatre Saisons

Suivons d'abord, avec les peintres, le soleil au long de l'année.

Le Printemps

Les rayons du soleil printanier accompagnent le renouveau de la nature. Le travail des champs accapare les paysans. Les prairies reverdissent.

Avec « Frauen auf dem Felde », ces Femmes au champ peintes dans les années 50, Kurt Günther (1893-1955) illustre la venue du printemps. Les arbres en fleurs sont une promesse de bonheur.

 

Erich Heckel (1883-1970) : « Frühlingslandschaft » (1918) Nationalgalerie Berlin. Heckel est l'un des fondateurs de Die Brücke, avec ses amis Ernst Ludwig Kirchner et Karl Schmidt-Rottluff. Le mouvement expressionniste tend à exagérer la force des rayons du soleil.

 

L'Été

Pour Chagall comme pour Matisse, le chaud soleil invite aux séjours balnéaires en toute nudité.

Marc Chagall (1887-1985) : « La saison d'été ». (1954-56) Mine graphite, gouache et aquarelle, illustration du livre de Longus Daphnis et Chloé. Centre Pompidou, Cabinet d'Art graphique.

 

Henri Matisse (1869-1954) : « Luxe calme et volupté » (1904). À l'été 1904 à Saint-Tropez, Paul Signac initie au divisionnisme Matisse qui traite ici du thème de l'Âge d'Or.

 

Vincent Van Gogh : « La Moisson » (1889) Musée Folkwang, Essen

Le soleil estival accompagne les travaux des champs.

Claude Monet (1840-1926) : « Les meules » (1890). Collection Hasso Plattner, Musée Barberini, Potsdam. A la même saison fleurissent ces plantes que l'on appelle vulgairement des soleils, les tournesols, dont la fleur suit la course apparente de l'astre.

 

Erich Heckel : « Gartenecke » (1930). Aquarelle et crayon. Coll. privée. Il y a le Soleil et... le soleil, c'est-à-dire le tournesol.

 

Vincent Van Gogh : « Vase avec douze tournesols » (1888). Neue Pinakothek, Munich. En 1888, Van Gogh a peint au moins sept fois les tournesols.

 

L'Automne

L'automne est souvent associée au temps des vendanges : le soleil a accompli son œuvre sur la vigne.

Vincent Van Gogh « Le vignoble rouge à Arles » (1889), Musée Pouchkine, Moscou.

Vincent Van Gogh (1853-1890) : « Le Semeur au soleil couchant » (1888).  Musée Kröller-Müller, Otterlo. Les semailles se font après les labours d'automne afin que le blé commence à pousser pendant l'hiver. Ce soleil en majesté semble les féconder.

 

L'Hiver

Le soleil éclaire plus timidement, mais son reflet sur la neige ne peut qu'attirer un peintre impressionniste.

Camille Pissarro (1830-1903) : « Blitz auf Bazincourt, Schnee, Sonnenuntergang » (1892). Musée Barberini, Potsdam.  Bazincourt-sur-Epte est un village du Vexin normand.

 

Claude Monet. « Effet de neige. Boulevard Saint-Denis à Argenteuil en hiver » (1875). Museum of Fine Arts, Boston, avec le titre “Snow Effect”.

 

Soleil levant ou soleil couchant ?

 

Soleil levant ou soleil couchant ?  Si la naissance de l'Impressionnisme est associée à un soleil levant, il semble que le coucher du soleil ait davantage inspiré les peintres.

 

Claude Monet : « Impression soleil levant » (1872), Paris, Musée Marmottan.

Camille Pissarro : « Soleil levant à Éragny » (1894). MuMa Le Havre. Éragny-sur-Epte est la commune de l'Oise où le peintre s'est installé en 1884.

 

J.-Fr. Millet : « La Laitière » (1853). Barber Institute of Fine Arts, Birmingham. Le titre ne l'indique pas mais il y a présomption d'un soleil levant car la laitière est généralement matinale !

 

Mais le couchant passe pour plus pittoresque  : Coucher de soleil, Sunset, etc. Et d'abord on retrouve Claude Monet.

Claude Monet : « Soleil couchant sur la Seine à Lavacourt. Effet d'hiver » (1880). Paris, Petit Palais. Lavacourt est en face de Vétheuil où Monet s'est installé en 1878 avant de partir pour Giverny cinq ans plus tard.

Joseph Mallord William Turner (1775-1851) : « Sunset » (1830-35). National Gallery, Londres. L'astre n'est pas visible mais une lumière de feu envahit le paysage.

 

Albert Bierstadt (1830-1902) : « Sunset in the Rockies » (1866). Ici l'astre n'occupe pas le centre du tableau, ce qui décuple le jaillissement de sa lumière.

 

Frederic Edwin Church (1826-1900) : « L'éruption du Cotopaxi » (1862). Le volcan est proche de Quito (E. Church est une figure centrale de l'Hudson River School qui regroupa des paysagistes américains). Le soleil nimbé de lave semble jaillir du volcan.

 

Claude Gellée dit Le Lorrain (c.1600-1682) : « Landscape with an imaginery View of Tivoli » (1642), Galerie Courtaulds, Londres.
 

Simon Mathurin Lantara (1729-1779). « Paysage au soleil couchant ». Musée de Narbonne.

 

Jean-François Millet (1814-1875) : « Bergère avec son troupeau » (1863), Musée d'Orsay. Ici le soleil masqué par les nuages diffuse une apaisante douceur de fin du jour. 
 

 

Van Gogh : « Le semeur au soleil couchant » (1888). Collection Emil G. Bührle, Zurich. Cet astre imposant donne à la scène une dimension mystique.

 

Van Gogh : « Oliviers avec ciel jaune et soleil » (1889). Minneapolis Institute of Arts. "ciel jaune" , car l'astre l'envahit. La puissance du soleil fascine et angoisse.

 

Henri Rousseau dit Le Douanier (1844-1910) : « Forêt vierge au soleil couchant » (1909). Kunstmuseum Bâle. Le soleil sans rayonnement semble plaqué sur le ciel.

 

Félix Vallotton (1865-1925) : « Landscape at Sunset » (1919). Collection privée. Seules les couleurs irisées de l'astre ont retenu le regard du peintre.

Caspar Conrad Friedrich (1774-1840) : « Paysage du soir avec deux hommes » (1830-35). L'Ermitage, Saint-Petersbourg. Devant l'astre ennuagé à quoi pensent ces deux sombres silhouettes ?

 

De Friedrich encore et également en petit format : « Femme devant le coucher du soleil » (1818-20). Musée Folkwang, Essen.

Dans cette toile des environs de 1818 la femme vue de dos admire le couchant, dans une pause semblable à celle du fameux "Voyageur contemplant une mer de nuages". Certains ont interprété la couleur du soleil comme le résultat de l'éruption du Tambora dans les Indes néerlandaises en 1815, qui a eu pour effet de faire rougeoyer durablement l'atmosphère par l'émission d'aérosols.

Édouard-Auguste Nousveaux (1811-1867) : « Campement au Sénégal ». (1845) Musée Condé, Chantilly. Une scène apaisée quand se dissipe la lourde chaleur du jour...

 

Georgia O'Keeffe (1887-1986) : « Evening Star n°III » Aquarelle (1917). MoMa, New York. Avant de devenir célèbre par ses représentations de fleurs, Georgia O'Keeffe a fait ses débuts en 1916 dans une galerie new-yorkaise avec des aquarelles simples et inventives proches de l'abstraction. Ici le Soleil domine un dégradé de couleurs.

 

Anselm Kiefer (né en 1945) : « The Evening of All Days. The Day of All Evening ». (2014). Ce soleil, image du temps qui s'écoule et pourtant toujours revient.

 

Jean Metzinger (1883-1956) : « Coucher de Soleil n°1 » Huile sur toile, 72x100 cm. (1906) Musée Kröller-Müller, Otterlo.

 

 

Le Soleil sur la mer et la rivière

 

Les artistes placent le soleil très bas sur l'eau, au raz de l'horizon ; on pourrait parfois confondre avec les représentations du couchant : seul le titre explicite l'intention du peintre.

 

Pierre Prins (1838-1913) : « Brume et Soleil sur la Manche ». Paris, Musée d'Orsay.

 

John Frederick Kensett (1816-1872) : « Sunset on the Sea » (1872), Metropolitan, New York.

 

Kensett : « New England Sunrise ». Galerie Questroyal Fine Art, New York.On remarque l'étroit reflet du soleil sur la mer.

 

Richard Parkes Bonington (1802-1828) : « Sunset in the Pays de Caux » Aquarelle (1828). Wallace Collection, Londres.

 

Bonington : « Paysage de bord de mer ». Collection privée. Le Soleil perce à peine la brume subtile. L'influence de Turner se devine dans la composition et dans cette grande étendue d'un ciel lumineux.

 

Turner : « La plage de Calais à marée basse. Les poissardes récoltant des appâts » (1830). Le soleil rougeoyant en son coucher fait de cette œuvre l'une des plus colorées de Turner.

 

Turner : « Norham Castle, Sunrise » (c.1845) Tate Gallery, Londres. L'artiste s'est inspiré d'un site du Northumberland sur la rivière Tweed près de la frontière de l'Ecosse. La masse bleue du château s'insère avec douceur dans le jaune pâle du soleil et de son reflet sur la grève.

 

Eugène Boudin (1824-1898). « Coucher de soleil sur la mer au Havre » (1885). Musée Barberini, coll. Hasso Plattner, Potsdam.

 

Boudin : « Coucher de soleil à marée basse à Honfleur ». Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, Manche. Seule l'intensité de la lumière varie; mais le peintre aime les fins du jour paisibles et douces.


 

Charles-François Daubigny (1817-1878) : « Sunset on the Sea Coast » Huile sur panneau. 24 x 40 cm.. Towneley Hall Art Gallery & Museum, Burnley, Lancashire.

 

Maurice Denis (1870-1943) : « Reflet de soleil sur la rivière » (1932). Musée de l'Impressionnisme, Giverny. Une fulgurance lumineuse travers la rivière.

F. E. Church : « The River of Light » (1877). National Gallery of Art, Washington D.C. La rivière devient de la lumière en fusion.

Johan Barthold Jongkind (1819-1891) : « Coucher de soleil à Overschie » (1867). Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam. Overschie fait partie aujourd'hui de l'agglomération de Rotterdam.

 

Johan Barthold Jongkind : « Chemin de halage à Oberschie » (1865). Thyssen Bornemisza Museum, Madrid. Le soleil ne rayonne pas, la lumière froide qui envahit la rivière évoque plutôt celle de la lune.

George Innes (1825-1894) : « A Marine » (1874-75). The Art Institute of Chicago.

Maxime Maufra (1861-1918) : « Les falaises de Belle-Île  » (1913) Collection privée.


 

Henri Edmond Cross (1856-1910) : « Coucher de soleil sur la mer » (1896). Wallraf-Richartz Museum, Cologne. Le pointillisme rend le soleil aussi liquide que son reflet.

 

Matisse : « Le golfe de Saint-Tropez » (1904).
 

 

Arkhip Ivanovitch Kuindzhi [Архип Іванович Куїнджі]. (Marioupol 1841- Saint-Pétersbourg 1910) : « Coucher de soleil sur le Dniepr » (1905-08). Metropolitan Museum, New York.

 

Lee Campbell (née en 1957) : « Quiescence », 2016, Collection privée.

 

Félix Vallotton :  « Soleil couchant ». (1913) Collection particulière.

Théo Van Rysselberghe (1862-1926) : « Sunset Ambleteuse, Pas-de-Calais » (1899). Collection privée.

Robert Delaunay (1885-1941) : « Paysage au disque solaire ». (1906) Musée National d'Art Moderne, Centre Pompidou, Paris.

Max Pechstein (1881-1955) : « Sonnenuntergang an der See » (1921-26). Collection privée.

Ainsi couronné de nuages on croirait voir l'oeil d'un dieu.
 

Max Pechstein. « The First Rays of Sunshine on the Millrace » (c.1934). L'artiste séjourne alors à Leba en Poméranie sur la côte de la Baltique peignant à plusieurs reprises le canal d'un moulin.

 

Du soleil en ville et dans les ports

 

Marc Chagall (1887-1985) : « Le Soleil de Paris ». Lithographie (1977). Musée National d'Art Moderne, Paris.

 

Armand Guillaumin (1841-1927) : « Soleil couchant à Ivry sur Seine » (1873), Musée d'Orsay.

 

Ivan Constantinovitch Aivazovski (1817-1900) : « Coucher de soleil sur Yalta en Crimée » (1861). Collection privée.

 

David Hockney (né en 1937) : « Petit matin à Sainte-Maxime » (1969). Vente privée Christie's, 2022.

 

Giorgio De Chirico (1888-1976) : « Place d'Italie au soleil éteint » (1971). Huile sur toile 50x 70 cm. Fait partie d'une dernière série sur les places. Fondation Chirico, Rome.

 

Claude Monet : « San Giorgio Maggiore au crépuscule » (1908-12). National Museum of Wales, Cardiff. Le séjour de Monet à Venise date de 1908 mais la toile a été terminée dans son atelier en 1912.

 

Paul Signac (1863-1935) : « Le port de Saint-Tropez au soleil couchant » (1892). Musée Barbarini, Potsdam.

 

Claude Gellée dit Le Lorrain (1600-1682) :  « Port de mer au soleil couchant » (1639) Musée du Louvre.

 

Claude Gellée : « Port avec l’embarquement de la reine de Saba ». (1648). National Gallery Londres.

 

Claude Joseph Vernet (1714-1789) :  « Marine, soleil couchant » (1772), musée du Louvre.

 

J.M.W. Turner :  « Regulus » (1828 - repris en 1837). Tate Gallery, Londres. Lors de la première guerre punique le consul Regulus est fait prisonnier de Carthage. Le tableau représente la vision éblouissante qu'il en a après qu'on l'a torturé en lui coupant les paupières. Aveuglé par le soleil, il figure en bas à droite, vêtu de blanc.

 

Salvador Dali (1904-1989) : « La main de Dali retirant une Toison d'or en forme de nuage pour montrer à Gala l'aurore complètement nue, loin derrière le soleil. » La lithographie s'inspire ouvertement d'œuvres de Claude Gellée.

 

 

Le Soleil et le Sacré

 

S.-M. Lantara : « L'Esprit de Dieu planant sur les eaux » (1752). Musée de Grenoble. Puis que la théologie présente Dieu comme infiniment grand, le peintre obtempère !

 

Michelangelo Buonarotti (1475-1564) alias Michel-Ange :  « Dieu crée le soleil et les planètes  » extrait de la fresque du plafond de la « Chapelle Sixtine » (1510-1512).

 

Giovanni di Paolo (1403-1482) : « Creation of the World and Expulsion from Paradise » (1445). Tempera sur bois, Metropolitan New York. Là encore la divinité appartient à un monde solaire.

 

John Martin (1789-1854) : « Joshua commanding the Sun to stand still upon Gibeon » (1816). 150x230 cm. National Gallery of Art, Washington D.C.

Restons dans la Bible. Pour défendre la ville de Gibeon du pays de Canaan, ses citoyens ont appelé à l'aide Joshua, en français Josué. En tant que chef israélite, Josué — que l'on voit les bras levés tourné vers la lumière divine — exhorte Dieu de faire en sorte que le Soleil reste immobile le temps que lui et son armée puissent combattre à la lumière du jour jusqu'à la victoire.  

 

Giambattista Tiepolo (1696-1770) : « L'Annonciation » (c.1735), L'Ermitage, Saint-Petersbourg.  Dieu est suggéré par la lumière solaire d'où est issue la colombe symbole de l'Esprit Saint qui supervise la scène.

 

Alfred Courmes (1898-1993) : « The Two Thieves » (1983), Galerie Loevenbrück, Paris. Le soleil est ici bien plus qu'une auréole. « Jésus nous apparaît comme un soleil qui rayonne la justice » affirme Hésychios de Batos, un moine du Sinaï au IVe siècle.

 

Mathis Gothart Nithart, dit Matthias Grünewald (1475-1528) : « La Résurrection » (1512-15). Musée Unterlinden, Colmar. Le retable a été réalisé pour la commanderie des Antonins d'Issenheim, ordre qui avait pour vocation de soigner les malades souffrant du feu Saint-Antoine, infection causée par l'ingestion de l'ergot de seigle. La résurrection est une explosion de lumière qui ne peut se traduire mieux que par un soleil gigantesque.

 

Jan Van Eyck (1390-1441) : « Adoration de l'Agneau mystique ». Extrait du Retable de Saint-Bavon (1432), cathédrale de Gand.

 

Giovanni di Niccolo del Biondo (1355-1399) : « Vision de saint Benoît » Tempera et feuille d'or sur panneau. Art Gallery of Ontario, Toronto.

 

William Blake (1757-1827) : Extrait des illustrations de John Milton, L'Allegro et Il penseroso. « The Sun and his Eastern Gate » (c.1816-1820). Aquarelle. Tate Gallery, Londres.

 

Kevin Lucbert (Né en 1985) : « Sol Invictus » (2019). Stylo à bille sur papier. Galerie Huberty et Breyne, Paris. L'empereur Aurélien a fait de Sol Invictus le nouveau patron de l'empire le 25 décembre 274, à quelques jours du solstice d'hiver qui marque le début de la croissance de la durée du jour jusqu'au solstice d'été.

 

Artiste anonyme : « Râ et Imentet ». Le dieu Râ (ou Rê) portant le disque solaire et à ses côtés la déesse Imentet, déesse de l'Occident, sont représentés ici dans la tombe de Nefertari, la plus connue des huit épouses de Ramsès II, dans la Vallée des Reines. (XIXème dynastie, 1298-1235 avant J.-C).

 

Leonora Carrington (1917-2011) : « Le monde magique des Mayas ». (1963-64). Museo Nacional de Antropología, Chepultepec, Mexico. Panneau de 210x460 cm. Voir la biographie de l'artiste par Elena Poniatowka : Leonora (lien). Pour dépeindre les croyances populaires dans cette commande publique, Leonora Carrington s'est appuyée sur son interprétation des Codex mayas et du Popol Vuh à l'aide d'anthropologues. Le syncrétisme marque ce paysage énigmatique : au centre de l'image les hommes minuscules sortent en pèlerinage d'une église que surmonte le quetzal, alors que règnent autour les forces du cosmos qui les dépassent. Tandis qu'au premier plan se distinguent un animal sacré à gauche et un arbre sacré à droite, plus haut, au niveau de l'arc-en-ciel, s'animent les planètes et les dieux, Tchac le dieu de la pluie, Kukulkan le dieu-serpent (Quetzalcoatl pour les Toltèques et les Aztèques), et bien sûr le dieu Soleil : Kinich Ahau.

 

Frida Kahlo (1907-1954) : « Autoportrait à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis » (1932). Peinture sur métal de 31x35 cm. Collection Manuel Reyero, New York. Après deux années passées en Californie avec son mari Diego Rivera venu peindre des fresques, Frida Kahlo en a assez des Etats-Unis représentés par leur technique bruyante, leur industrie polluante et une architecture glaciale. Le drapeau à la main, elle regrette son pays dont la civilisation est symbolisée à sa droite par des fleurs, des statuettes et la fameuse pyramide du Temple du Soleil à Teotihuacan.

 

Frida Kahlo : « Sol y Vida ». Museo Dolores-Olmedo, Mexico. Le titre est explicite : le soleil est la source de toute vie sur la planète.

 

Paul Klee (1879-1940) :  « Ad Parnassum » (1932). Musée des Beaux Arts de Berne. Tempera sur lin. C'est l'ultime tableau de Paul Klee. On peut imaginer le soleil ardent au-dessus d'une pyramide d’Égypte où Klee s'était rendu trois ans auparavant même si le titre du tableau fait référence à la Grèce.


 

Le Soleil comme symbole

Le soleil est souvent symbole de naissance ou de renaissance, voire d'immortalité.

Artiste anonyme : « Louis XIV en Roi Soleil ». Aquarelle, mine de plomb, lavis rehaussé d'or. (1652), BNF. - Au début de son règne, en 1653, le jeune monarque se fait Roi Soleil dans un ballet présenté devant Anne d'Autriche et Mazarin. Pour une dernière fois en 1670 le roi sera encore danseur dans la comédie de Molière et Lully Les Amants magnifiques. A Versailles, il ne restera que le mythe solaire.

 

Ce « Soleil rouge » est extrait d'une des versions du « Splendor Solis », traité d'alchimie du XVIe siècle, en allemand. L'exemplaire le plus ancien, datant de 1532-35, est conservé au Kupferstichkabinett des Staatliche Museen de Berlin, dont le cherche Jörg Völlnagel conteste l'attribution traditionnelle au maître de Paracelse, Salomon Trismosin. L'exemplaire Harley Ms. 3469 de la British Library est considéré comme le plus beau selon la fiche de Wikipedia. 

Le Soleil à la face rouge et aux rayons dorés s'élève au-dessus d'une ville. Il représente soit l'aboutissement du travail alchimique, soit l'étoile d'espoir qui inspire l'alchimiste au fil de ses travaux. Dans l'alchimie, le rouge vaut pour l'Opus Magnum, le Grand Œuvre : l'obtention d'un or pur. Autrement dit, le soleil rouge symbolise le but de toute quête, la perfection, le miracle magique de la pierre philosophale, ou en résumé « la splendeur du soleil » d'où le titre latin.

 

Vladimir Kush (Né en 1965) : « Sunrise by the Ocean » (1996). Acrylique sur toile, 58x89 cm. Collection privée.

Au centre du tableau le Soleil se lève entre deux moitiés de coquille d'œuf soutenus par des échafaudages ; il est la seule source de lumière. Le Soleil apporte la vie et la fécondité aux hommes. L'œuf comme le Soleil levant symbolisent le début dans la vie.

 

Hiroshige Utagawa (1797-1858) : « Sunrise at Susaki on New Year's Day ». Victoria and Albert Museum (Young V&A), Londres. Le Japon reste connu comme le Pays du Soleil Levant.

 

Edvard Munch (1863-1944) : « Le Soleil » (1911) - University of Oslo's Art Collection. Pour Munch, le soleil représente un symbole de la connaissance, ainsi que les forces éternelles de la vie et vu la date l'œuvre peut aussi se lire comme la renaissance de la Norvège devenue indépendante de la Suède en 1905.

 

Edvard Munch. « Le Soleil », version de 1912. 162x205 cm. Munchmuseet, Oslo.

 

Albrecht Altdorfer (1480-1538) :  « Bataille d'Issos » ou « Bataille d'Alexandre » (1529). Alte Pinakothek, Munich. Le soleil symbole de la victoire d'Alexandre en 333 av. J.-C. sur l'armée de Darius. On parle aussi de bataille d'Arbelles. Le paysage de la Turquie actuelle peint comme si la bataille s'était déroulée dans un paysage alpin ou germanique.

 

Jacob Heinrich Elbfas (1600-1664) : « Vädersolstavlan » (1636), huile sur bois, 163x110 cm, Cathédrale de Stockholm dite Storkyrkan. Il s'agit d'une copie d'après l'original perdu du peintre Urban Larsson (vers 1535). Dans une disposition qui ressemble au tableau d'Altdorfer, le peintre a représenté un phénomène appelé “parhélie” observé à Stockholm le matin du 20 avril 1535 : dans ce phénomène optique rare, l'image du soleil est répliquée dans plusieurs halos par la présence de cristaux de glace dans l'atmosphère.

 

Paul Nash (1889-1946) : « We are making a New World » (1918). Imperial War Museum, Londres. Le titre optimiste contraste avec la sombre réalité qu'éclaire un soleil rasant, observée par le peintre sur le front près d'Ypres.

 

Conrad Felixmuller (1897-1977) : « La sortie de l'usine ». (1920's). Soleil radieux, avenir radieux sans doute dans l'esprit d'un artiste qui a adhéré au parti communiste allemand au début de la République de Weimar. Il fait alors partie du groupe Sécession de Dresde avec Otto Dix, actifs représentants de la Neue Sachlichleit.

 

 

L'art  contemporain n'a pas oublié le Soleil...

 

Vassily Kandinsky (1866-1944) : « Composition-8 » (1923) Musée Solomon R. Guggenheim, New York. Même s'il s'agit d'abstraction, pourquoi ne pas prendre pour un soleil tel ou tel de ces disques ?

 

Rithika Merchant (Née en 1986) : « Perihelion » (2021). Aquarelle. Exposition en 2019 (lien) à la Galerie LJ, Paris. L'artiste née à Bombay et installée à Barcelone montre ici une vision d'ensemble de l'univers, en quelque sorte cartographique, où le Soleil, surdimensionné, préside au ballet des planètes. Sur chaque orbite, la périhélie est le passage d'une planète au plus près du soleil.

 

Richard Warren Pousette-Dart (Saint-Paul 1916 - New York 1992). « Golden Center » (1964), Munich, collection privée. Pousette-Dart est un des fondateurs de l'école de New York se réclamant de divers mouvements d'avant-garde, dont l'action painting avec Jackson Pollock.

 

Richard Warren Pousette-Dart : « Sky Presence, Morning ». (1963). Whitney Museum of American Art, New York. L'artiste était inspiré par la nature spirituelle de l'univers.

 

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Tag(s) : #BEAUX ARTS, #PEINTURE
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