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Contrairement à une idée reçue, Hugo Pratt ne s’est pas contenté de produire des BD. On retrouve ainsi Corto Maltese sans bulles dans ce roman Cour des mystères. Il s’agit en fait de la 24ème aventure de son héros parue chez Casterman sous le titre Corto Maltese en Sibérie.

 

Au début du siècle dernier les empires s’effondrent. Le vieil empire chinois cède la place à la république en 1911. L’empire des tsars connaît une même fin tragique six ans plus tard. Des années excessivement troublées suivront. Sur leurs confins mongols s’affrontent des ambitions multiples incarnées dans ce roman par une galerie de personnages fascinants, exotiques et multiculturels.

 

A peine rentré chez lui à Hong Kong en 1919, Corto Maltese est happé par une histoire de train blindé tombé entre les mains des hommes de Koltchak, transportant l’or des Romanov jusqu'en Extrême-Orient. On sait que les trains blindés vont jouer un grand rôle dans la guerre civile en Russie comme en Sibérie. Comme on ne présente plus Corto Maltese, l’homme à la casquette blanche, intrépide et toujours maître de lui, passons aux personnages qu’il est amené à côtoyer dans cette aventure.

 

Il y a Raspoutine, l’ami redoutable, capable de jouer les gros bras comme de faire parler la dynamite. Le général Semenov, chef de la division des cosaques de Transbaïkalie, est dans cette affaire allié au baron balte, Ungern-Sternberg (un véritable personnage historique de la guerre civile parmi les officiers blancs). Corto croisera aussi un prince mongol, des lamas et des chamans. Des sociétés secrètes chinoises se combattent et les Lanternes Rouges représentées par de jeunes guerrières audacieuses comme Shanghai Lil, sont bien décidées à empêcher le général Kouang, l’homme de Tchang Kai-chek, de s’emparer de l’or russe que tous convoitent. Sans oublier la duchesse Marina Semianova et l’aviateur américain Jack Tippit qui permet à Corto de rejoindre la Mandchourie, où les Japonais sont déjà présents, tandis que leurs alliés américains ont débarqué à Vladivostok pour finir d’encercler la Russie bolchevique. Belle révision géopolitique !

 

Évidemment, Corto Maltese échappe par miracle aux armes blanches, au tir des mitrailleuses, à l’explosion d’un train au passage d’un viaduc, et à je ne sais trop quoi encore, à l’amour sans doute puis que la comtesse est victime de l’assaut contre son train blindé et que la belle Shanghai Lil préfère in fine la révolution chinoise. Au fait, puisque la profondeur psychologique n'est pas plus présente que celle des descriptions et des paysages, pourquoi se priver des bulles ?

 

Hugo Pratt : Cour des mystères. Folio n°3167, 237 pages, 1999. Traduit de l'italien par Fanchita Gonzalez Batle. Texte original publié chez Einaudi, à Turin, en 1996 [Corto Maltese. Corte sconta detta arcana].

 

Tag(s) : #LITTERATURE ITALIENNE, #BD
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