Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un Voyage en Inde ? Peut-être bien, mais alors cheminant loin des sentiers battus et d'éventuelles attentes culturelles ! G.M. Tavares a écrit une œuvre fort originale il est vrai mais qui s'apparente de très près à de la provocation ou au canular littéraire.

 

Le schéma général de l'écriture est, dit-on, inspiré des Lusiades composées par Luis Vaz de Camões au cœur du XVIe siècle : dix chants, d'une centaine de stances chacune. Si les Lusiades chantaient l'histoire des Portugais et de leur aventure aux Indes, rien ici d'historique ni d'épique. Ce Voyage en Inde est une plate parodie de pastiche de l'original... En 2003, un certain Bloom — originaire non de Dublin mais de Lisbonne — et qui a tué son père pour se venger du meurtre de sa petite amie prétend faire route vers l'Inde pour y apprendre et en ramener la sagesse. Il se rend à Londres puis à Paris où il sympathise avec un certain Jean M. et finalement en Inde pour rencontrer un gourou et étudier auprès de lui. Or, rapidement, ce dernier tente de lui voler des livres de valeur et de le faire assassiner. Bloom réussit cependant à lui piquer un vieil exemplaire du Mahâbhârata et à rentrer à Paris accompagné d'Anish, un ami indien. Jean M. organise une fête avec des prostituées pour fêter le retour de Bloom en France. Mais un événement fort regrettable contraint Bloom à fuir précipitamment de Paris pour Lisbonne.

 

En écrivant cet aperçu de l'intrigue je crains de rendre ce bouquin presque intéressant... C'est que les dix chants de ce Voyage en Inde, malgré une prétention d'ironie affichée (chant I, 24) forment un déluge d'aphorismes plus ou moins ratés, de digressions inutiles, et de platitudes lassantes. Petit florilège : « Tout comme les aphorismes, les objets personnels concentrent de très nombreuses journées dans un petit espace » ou « Aucun critique d'art n'a eu d'influence sur la couleur du ciel » ou encore « Les arbres ne sont pas des œuvres d'art bourgeoises, ils existaient bien avant le XIXe siècle » et pour terminer « Si le progrès dépendait du dimanche, on se déplacerait encore dans des charrettes et on parlerait encore latin. »

 

Ce livre restera pour moi comme la possibilité d'un méchant cadeau pour une personne qui aime la littérature et l'Inde et avec qui on voudrait se fâcher, ou comme une fausse perle pour amateur d'œuvres incongrues et biscornues en diable. L'utilisation du nom de Bloom est, j'imagine, un amical clin d’œil à l'Ulysse de Joyce, et donc indirectement à Homère, mais sans rendre la lecture plus captivante pour autant. En dire plus n'est peut-être pas nécessaire...

 

Gonçalo M. Tavares : Un voyage en Inde. - Traduit du portugais par Dominique Nédellec. Viviane Hamy, 2012, 494 pages.

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE PORTUGAISE
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :