![](https://img.over-blog-kiwi.com/0/53/84/41/20180626/ob_132082_mar-azul.jpg)
Une narratrice anonyme, retraitée, fréquente assidument la piscine — et non la mer comme le titre l'aurait fait penser — pour garder la forme et oublier ses ennuis de santé dont témoignent plusieurs appels téléphoniques pour joindre différents spécialistes.
Elle vient d'assister aux obsèques de son père, décédé à 94 ans, après avoir dû quitter son pays natal — l'Argentine ? — pour travailler à la conception d'une ville nouvelle et — en même temps ? — fuir la dictature. A cette époque il avait laissé sa fille aux bons soins de la mère de son amie Vicky. Peut-être parce qu'il perdait la mémoire, le père écrivait sur des carnets que sa fille a retrouvés et qu'elle annote à son tour.
Elle et Vicky étaient amies intimes quand elles étaient adolescentes et étudiantes. Elles ont aussi pratiqué le théâtre ensemble. Mais un jour Vicky a disparu, c'était le 24 juin 1976. « Desaparecido » : disparue donc, c'était l'époque où la dictature militaire sévissait.
« Trois mois après la disparition de Vicky, j'ai pris un autocar à la gare routière et j'ai suivi un trajet incertain vers le nord ». Vers le Brésil ? La mer bleue a servi à faire disparaître bien des ennemis politiques : autre possibilité pour comprendre le titre. Mais rien n'est sûr. En nageant la narratrice se souvient de Vicky.
Les dialogues qui démarrent à l'incipit renvoient à d'heureux souvenirs de la narratrice quand elle habitait avec la disparue. Ce bref roman joue sur la nostalgie, sur les interférences de la mémoire et du présent, sur l'absence d'êtres chers. Rien à voir avec un roman engagé sur la dictature malgré la prière d'insérer qui m'a paru insister à tort sur ce point ! Une certitude : le roman n'est pas directement autobiographique, puisque Paloma Vidal est née en 1975.
• Paloma Vidal. Mar azul. Traduit du portugais (Brésil) par Geneviève Leibrich. Mercure de France, 2015, 188 pages.