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Il était une fois, dans le désert d'Atacama, la ville minière de Pampa Unión que la crise n'avait pas encore ruinée.

 

Une visite officielle du président de la République a été annoncée pour le 7 août 1929. Les notables doivent le recevoir au Club Radical et ils ont prévu qu'on y jouerait du piano. Ce serait la tâche de la belle Golondrina del Rosario, bientôt trente ans, fille unique du coiffeur Sixto Pastor Alzamora, lui-même figure populaire connue comme anarchiste et proche des ouvriers exploités par les compagnies minières. Dans l'urgence, les notables ont également décidé de réunir une fanfare pour accueillir comme il faut l'homme d'État à sa descente du train. On recrute alors des musiciens parmi ceux qui jouent pour les ouvriers des mines et pour les clients des bordels. Tous fréquentent assidument les troquets de la rue du Commerce, aussi la formation réunie dans la fièvre du rendez-vous présidentiel est-elle nommée la Fanfare au Litron. Parmi ces musiciens figure le trompettiste Bello Sandalio qui avait lu l'annonce publiée dans La Voix du désert.

 

Ainsi un coiffeur, une pianiste qui interprète Chopin et un trompettiste de jazz portant noeud papillon sont ils les personnages principaux de ce roman. Mais dans l'univers d' Hernán Rivera Letelier, dont on a déjà lu Malarrosa, nombreux sont les personnages touchants et truculents représentatifs du petit peuple, traités avec autant d'attention que le trio déjà présenté. Tel est principalement le cas des musiciens, parfois désignés par leur instruments, et dont la misère présente s'enracine dans les drames passés de l'exploitation ouvrière ou même de la Guerre du Pacifique de 1879. Au nombre des passages truculents il faut compter aussi les descriptions des bordels, de leurs filles, de leurs tenancières, de leurs clients, et de leurs musiciens comme Bello Sandalio.

 

Cette fiction donne une importance particulière à la rencontre de Golondrina et de Bello. Rencontre improbable ? Pas tout à fait car d'une part ils ont en commun la passion de la musique et d'autre part seul un simple mur facile à escalader sépare l'établissement du Chat maigre du jardin sur lequel s'ouvre la chambre de Golondrina. Une histoire d'amour torride en résulte, mais comme dit une chanson bien connue, les histoires d'amour finissent mal, en général...

 

Enfin ce roman psychologique et social, mais aussi drolatique et paillard, se range dans la grande catégorie latino-américaine des histoires de dictateurs. Le général don Carlos Ibañez del Campo préside une République qui a fusillé les syndicalistes et les ouvriers et le coiffeur Alzamora se sent prêt à mourir en martyr pour le triomphe de la cause du peuple. Le lecteur devrait donc s'attendre à une fin explosive ! 

 

 

Hernán Rivera Letelier – Mirage d'amour avec fanfare. Traduit par Bertille Hausberg. Métailié, 2000, 234 pages. Réédition Suites, 2004.

 

Tag(s) : #AMERIQUE LATINE, #CHILI
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