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Près d'une carrière, un voyou à peine sorti de prison poignarde sauvagement un motocycliste pour s'emparer de sa machine. La police identifie rapidement le criminel ; mais celui-ci a pris la fuite ou bien on l'a laissé filer. L'identité du coupable présumé est toutefois donnée à Lao Tie, le frère de la victime.

Et faute d'une enquête policière au-delà des limites de la province, il part lui-même à sa recherche, vengeance en tête. La quête ne donne rien dans le Guizhou, si ce n'est qu'après avoir voulu aider un ami dealer il se fait rançonner par un policier de la grande ville. Déterminé, Lao Tie ne tient compte ni de son ex-femme qu'il est allé retrouver en ville ni du magicien du village qui sait endormir un coq mais pas calmer son irrépressible besoin de vengeance. 

Après avoir rendu hommage à son frère disparu (photo) Lao Tie persiste dans sa quête et aux deux-tiers du film change de tactique. Travailleur migrant, il ira travailler dans une mine de charbon où — selon un témoignage très incertain— s'est rendu le coupable. C'est la descente aux enfers. Au sens premier comme au sens figuré. 

Primé en 2011 à la Mostra de Venise (Lion d'or de la mise en scène) et aux Trois Continents à Nantes (Montgolfière d'argent), le second film de Cai Shangjun s'apparente plus à un conte qu'à un western —et présenter le film comme un road movie chinois serait une sérieuse tromperie même si, enfourchant sa moto, Lao Tie se rend dans différents endroits du pays. L'action est plutôt lente et le peu de clarté de la quête de Lao Tie est souligné par l'atmosphère enfumée ou par le brouillard qui couvre villes et campagnes aperçues dans des plans larges. Certains spectateurs y verront une dénonciation de la pollution due à l'utilisation démentielle du charbon : c'est faire fausse route, ou du moins ce n'est pas l'essentiel. Tout à son esprit de vengeance, Lao Tie croit être plus fort que le destin ou la fatalité. D'où la chute finale. C'est ce qu'on appelle l'ironie du sort. Une société violente et corrompue, c'est aussi l'autre leçon du film.

Quant au titre ? On en trouve l'explication en consultant le site spécialisé "Chine et films" : « Le titre du film 人山人海 (rén shān rén hǎi, hommes des montagnes hommes des mers) est une expression ou chengyu qui signifie une foule immense.» — Un homme de peu, perdu dans la foule, tel est Lao Tie.

 

People Mountain People Sea - film de CAI Shangjun. 2011, 90 min.

 

L'acteur Jian Bin Chen dans le rôle de Lao Tie.

 

 

Tag(s) : #AU CINEMA, #CHINE
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