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Comme dans le film “Factory” de Youri Bykov, l'action se passe dans une usine au bord de la faillite. Mais l'intrigue prend un tout autre chemin. L'aciérie ILVA de Tarente en Italie du sud, est l'un de ces monstres que les années 70 ont imaginé pour industrialiser le Mezzogiorno. Le repreneur entend réduire les effectifs sans licencier. Le film s'ouvre symboliquement sur les obsèques d'un ouvrier victime d'un nouvel accident du travail. Le climat est donc très tendu dans cette usine.

 

Au nettoyage des fours, le travail de Caterino Lamanna (rôle tenu par Michele Piondino) est dur et sans perspective. Or voilà que le directeur du personnel (Elio Germano) va s'intéresser à lui et lui obtenir une promotion. Ça tombe bien, sa compagne a envie de trouver un logement moins proche des fumées de l'usine ! En fait, on fait de lui un mouchard mais il ne s'en rend pas compte sur le moment. Voilà donc Lamanna qui participe aux grèves, fréquente les syndicalistes, écoute les conciliabules des personnels inquiets de la tournure des événements. Il découvre par hasard que certains membres du personnel, comme l'informaticien à qui il vient remettre le permis de conduire oublié lors d'un contrôle de police, sont mutés au bâtiment appelé Palazzina LAF, des initiales mystérieuses pour cet immeuble de bureaux — proche du laminoir à froid —  désaffecté et où s'empilent des archives. Lamanna croit y voir un camp de vacances !

 

Muté à sa demande dans ce “service”, son rôle de mouchard prend de l'ampleur et il découvre la réalité. Des employés placardisés se voient offrir un poste d'ouvrier : une rétrogradation, un déclassement. On veut les briser et les pousser à la démission. Las de glander, de tourner en rond, et de jouer aux cartes, ils décident de se plaindre collectivement. Leur relégation est devenue un enfer. Ils ont contacté un avocat, mais celui-ci les laisse tomber. Quand à son tour arrive au LAF la secrétaire du DRH, les placardisés passent à l'action. La visite de l'évêque sera mise à profit pour tenter de lui remettre une supplique en attendant que l'Inspection du travail se réveille et dénonce ce cas de harcèlement moral.

 

Un film engagé et proche du documentaire dans une mise en scène sans fioritures.

 

 

Palazzina LAF. Film italien de Michele Riondino, 2023, 1h 39. D'après le livre du journaliste Alessandro Leogrande, Fumo sulla città, Roma, 2013.

 

 

Tag(s) : #AU CINEMA, #ITALIE
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