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Comment peut-on être Indien ? Avec plus de sérieux que la série "Goodness gracious me", le psychanalyste Sudir KAKAR et son épouse Katharina spécialiste des religions nous brossent le portrait mental des Indiens de l'Union indienne, cette Inde "amputée de ses deux bras" comme disent les hindouistes pour évoquer la "Bharat" issue de la Partition, ce cruel divorce d'avec l'Inde musulmane devenue Pakistan (initialement occidental et oriental — ce dernier s'émancipant en Bengla Desh dès 1971).

 

L'Indien a des repères familiaux forts. La famille élargie s'adapte à l'urbanisation et modère aujourd'hui la poussée individualiste liée à la "modernité" importée. L'Indien se positionne toujours dans une société de castes, polarisée entre pureté et pollution, où les dalits (c'est-à-dire intouchables, ou encore parias) sont relégués de diverses manières (habitat, métier, école) malgré soixante ans de promesses des dirigeants depuis l'indépendance de 1947. Les tensions entre musulmans et hindous ne sont apaisées ni par la vie politique de ces dernières années ni par la mondialisation. Il y a des cas où la célèbre "tolérance" hindoue est une vue de l'esprit.

 

L'hindouité ("hindutva") est à la base de l'idéologie des partis hindouistes opposés au Congrès qui est lié au clan Nehru-Gandhi. Elle s'est fondée sur les écrits de V.D. Savarkhar (1883-1966) et le VHP (Vishna Hindu Parishad) a été l'ancêtre des partis nationalistes plus récents (BJP, Shiv Sena). L'hindou rêve alors d'une Inde unie ajoutant aux hindous, les bouddhistes, les jaïns et même les sikhs, mais écartant les musulmans et les chrétiens. À ceux-ci l'accès à la cuisine est interdit.

 

Scène de rue à Delhi.jpg

 

 

 

 

 

 

Les auteurs expliquent le statut de la femme en prenant soin de situer la question dans le contexte indien et non par rapport aux notions universelles du "droit-de-l'hommisme". Ce souci du contexte indien est une constante de cet ouvrage et c'est en cela qu'il nous intéresse plus que les tableaux statistiques de l'IDH élaborées par le PNUD (cet IDH si cher aux géographes et bien connu des lycéens). Dire que la femme indienne est prise "entre tradition et modernité" c'est évidemment un cliché, mais pertinent ! Les auteurs justifient la persistance du mariage arrangé au lieu du mariage d'amour qui végète en Inde avec une réputation ternie par la connaissance des taux de divorcialité du monde occidental. Les histoires d'amour de Bollywood aboutissent en fait, nous dit-on, à des mariages arrangés.

 

Sur la mort, la maladie, l'alimentation, la médecine ayurvédique, le lecteur européen découvrira dans cet essai de vulgarisation de nombreuses réflexions passionnantes. Les auteurs concluent que les traditions culturelles indiennes sont autonomes et plus déterminantes que les structures économiques et sociales.

 

Sudir et Katharina KAKAR : LES INDIENS. Portrait d'un peuple.

Éditions du Seuil, 2007, 254 pages.

 

 

 

 

 

 

 

Tag(s) : #MONDE INDIEN
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