Un monastère perdu dans le Nord dans une petite île, des constructions en bois, froid et neige. Là, des moines barbus, bien orthodoxes. Et avec eux, un ermite plus déjanté plus sale plus sauvage et fortement repentant vivant son châtiment à n'en plus finir. Au milieu de son tas de charbon, et couchant dessus pour s'humilier encore plus. Pour expier quel crime ?
La première séquence : 1942. Un patrouilleur allemand capture deux marins russes sur la côte. L'officier allemand oblige l'un à tuer l'autre... L'un : le soldat Anatoli Savostianov l'autre son camarade Tikhon Yakovlev. Les Allemands le laissent en vie et l'abandonnent sur l'île. Séquence suivante : 1976, l'île, le monastère où l'ermite a été recueilli. Détesté par certains moines, à cause de ses foucades, il est vénéré pour sa sagesse : on s’adresse à lui pour des conseils, des guérisons, des exorcismes.
Le souvenir du criminel péché commis dans sa jeunesse ne laisse pas son âme en paix... Un jour, un autre vieil homme, accompagné par sa fille malade arrive sur l'île. C'est Tikhon Yakovlev qui par miracle a survécu à l'exécution et est devenu amiral. Après avoir exorcisé la jeune femme veuve d'un sous-marinier —on voit l'allusion au naufrage du Koursk— Anatoli comprend que sa faute est pardonnée. Il meurt en paix à condition que son cercueil soit des plus modestes.
La photographie est souvent admirable : le bois, l'eau, le feu… Les moines expriment une forte spiritualité mais Anatoli est le plus pieux de tous : il "convertit" son supérieur à sa vie d'expiation : adieu les belles bottes et la couverture luxueuse ! Nous avions découvert Lounguine avec le déjà rude Taxi blues (1990) : aujourd'hui Lounguine croit en un renouveau spirituel de sa patrie à l'heure où les popes bénissent les croiseurs et où l'on redore les coupoles dans toutes les Russies. L’Ile a été projetée en clôture de la Semaine de la Culture russe, à Nantes le 4 mars 2007.
Avec Petr Mamonov, Dmitri Dioujev,
Viktor Soukhoroukov, Iouri Kouznetsov…