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« J'étais en Australie au milieu de la Nullarbor.» Ce n'est que le début du périple qui donne son nom au livre couronné du prix Nicolas Bouvier en 2007. Un jeune Français s'aventure à traverser l'île-continent depuis Melbourne jusqu'à Perth en faisant du stop. Avec des camionneurs au volant de "road-trains" ou avec Adam, docteur en grec ancien, au volant d'une épave japonaise. Son ami de quelques jours le largue à Freemantle, port de pêche proche de Perth. Pour gagner de quoi subsister, notre aventurier s'embarque sur "La Perle des Mers", chalutier armé en palangrier , avec un équipage d'enfer : il survivra à une campagne de pêche cauchemardesque respectueuse ni des hommes ni des poissons.


Mais ce n'est qu'une étape. Car le but n'est pas Perth : de là, cap plein Nord, il remonte sur Broome, "le bout du monde", 2000 km plus haut sur la carte. Avant d'en arriver là, il faudra échapper au couple d'Italiens soucieux de trouver un prêtre catholique pour Pâques. Passé les feux de broussaille, Port-Hedland et les ravages d'un cyclone, il tombe à Broome sur une Irlandaise qui lui propose d'aller voir les Aborigènes de la Fitzroy River à la région de Kimberley.


La seconde moitié du récit se passe donc au milieu des Aborigènes. Non pas  de gentils artistes peintres pour le Musée du Quai Branly, mais des conducteurs sauvages de Land Rover à bout de souffle,  comme Augustus, l'ancien du Vietnam et des plates-formes pétrolières. Aux côtés d'Augustus et de ses amis, le voyageur intrépide est interpellé au nom de  "Yagoo" ou de "Napoléon !", invité à partager des mets exotiques et qui peuvent lui sembler répugnants comme les tripes de lamantin, lui le réputé mangeur de grenouilles. Ils l'initient à la pêche dans la mangrove et à éviter serpents venimeux et crocodiles insatiables. Tout en lui faisant entrevoir un univers magique — c'est ce qui fait l'intérêt du livre — en plus de son côté "Cul-de-sac en Australie" auquel on pense çà et là dans la première partie.

 

L'écriture toute simple fait que ce récit se lit très vite, peut-être trop vite, car il donne réellement à voir les Aborigènes d'aujourd'hui, entre des aventures de pêche miraculeuse, des excès d'alcool et de gantja, des récits de fantômes et de corbeaux, et des lieux trop sacrés pour qu'un étranger y pénètre seul au risque de rencontrer le "boogie man", le véritable aborigène sauvage ! « Il est peut-être, tout près… Là, comme ça, à te regarder, mais toi tu l'vois jamais... Si tu lui reviens pas, ouh… Il peut te tuer comme ça, clac, tu l'sens même pas.…»

 

David FAUQUEMBERG

Nullarbor

Hoëbeke, 2007 et Gallimard, Folio, 2009, 232 pages.


 

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE
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