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Rendues célèbres par la nouvelle traduction — géniale — du chef-d'œuvre de Laurence Sterne, les éditions Tristram renouvellent l'exploit avec ce dépoussiérage de L'Île au Trésor de Robert Louis Stevenson, ouvrage originellement paru en anglais en 1883 sous le titre Treasure Island.

 

Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'histoire — est-ce possible ? — voici en deux mots ce dont il s'agit : un récit d'aventures maritimes du XVIIIè siècle raconté par le jeune Jim Hawkins, fils d'aubergistes. Après le décès d'un flibustier nommé Billy Bones à l'auberge à l'Amiral Benbow, et l'ouverture du coffre du marin, Jim s'est retrouvé en possession de la carte de l'île lointaine où le pirate Flint avait enfoui un trésor considérable. Une expédition est montée par Trelawney le seigneur du village et le docteur Livesey ; à Bristol, ils recrutent un équipage, affrètent une goélette, et font route vers les Caraïbes. Les pressentiments du capitaine Smollett ne tardent pas à se réaliser dès que l'expédition atteint sa destination. Mutinerie, bagarres à répétition, exploits du jeune Jim, il y a tout ce qu'il faut pour que L'Île au Trésor corresponde au must des récits d'aventures pour la jeunesse. N'oublions pas que Robert Louis Stevenson avait écrit ce texte pour son jeune beau-fils. Le récit est émaillé de figures inoubliables de pirates, la plus marquante étant celle de Long John Silver, jambe de bois et perroquet loquace. C'est une figure ambiguë : successivement tenancier d'une auberge à Bristol, maître coq de l'Hispaniola, meneur des marins mutinés mais aussi loyal envers le jeune Jim Hawkins qu'il sauve de la folie furieuse des autres mutins. Après maintes péripéties, tout se terminera donc bien pour Jim Hawkins puisque c'est lui qui sera le rédacteur de cette histoire à la demande du sieur Trelawney et du docteur Livesey.

 

L'originalité de cette édition réside dans la traduction de Jean-Jacques Greif. Contrairement aux éditions traditionnelles où tout le monde parle un langage châtié, ici le traducteur fait s'exprimer les pirates dans une langue familière, voire argotique, pleine de saveur et truculente, où le pirate Chien-Noir conserve le nom de Black Dog. Je donne un exemple saisissant emprunté à un dialogue où l'un des pirates prend la parole :

 

Ancienne traduction (Déodat Serval) :

 Demande pardon, capitaine, répliqua l’un des hommes, tu en prends par trop à ton aise avec certaines de nos règles. Cet équipage est mécontent ; cet équipage n’aime pas l’intimidation plus que les coups d’épissoir ; cet équipage a ses droits comme tous les équipages, je prends la liberté de le dire ; et de tes propres règles, je retiens que nous pouvons causer ensemble. Je te demande pardon, reconnaissant que tu es mon capitaine en ce moment ; mais je réclame mon droit, et je sors pour aller tenir conseil.

 

Nouvelle traduction :

 Sauf vot' respet, msieur, a répliqué l'un des hommes, vous prenez vot'aise avec certaines règues ; vous srez ptêt aimabe d'observer les aut'. Ce quipage est pas satisfait ; ce quipage précie pas la tyrannie ; ce quipage a ses droits autant qu'un aut quipage, j'me permets. Et par vos propres règues, j'pense que nous avons l'droit d'causer entre nous. Sauf vot' respet, msieur, j'vous r'connais comme cap'n présentement ; mais j'réclame mon droit, et j'sors dehors pour tenir conseil.

 

Cet exemple me paraît suffisant pour démontrer l'intérêt de la présente version des éditions Tristram. Voilà un bouquin indispensable ! Magnifique couverture aussi.

 

Robert Louis Stevenson. L'Île au Trésor. Traduction de Jean-Jacques Greif. Tristram, 2018, 301 pages.

 

 

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE ANGLAISE, #LITTERATURE JEUNESSE
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