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"Les aventures irrésistibles d'un killer sentimental dans un camp naturiste" avertit l'esthétique couverture de l'édition italienne... Le narrateur, Juanito Pérez Pérez, — mais est-ce son vrai nom ?— est un redoutable tueur à gages appelé Numéro Trois dans son Entreprise et camouflé pour les siens en vendeur de papier toilette ou cadre dans un labo pharmaceutique. Cette fois-ci pas de « colis à livrer », mais une mission imprécise qui l'amène jusqu'à un village de vacances sur une plage de Murcie. Comme le disait son collègue disparu, il faut se méfier de deux choses : « des coïncidences et des prostituées à petits seins».

 

Si ces dernières sont absentes, en revanche il y a bien trop de coïncidences ! Accompagné de ses deux enfants pour la durée de leurs vacances, Juanito est surpris de retrouver Leticia son ex-femme au regard brûlant, Gaspar l'incorruptible juge anti-mafia qui l'a remplacé auprès d'elle, Tony l'ami d'enfance. Il y a aussi Yolanda l'animatrice trop jeune, trop belle et trop empressée, un maître nageur suédois, Sofia la déplaisante compagne de Tony, et ce Numéro Treize dont la fin tragique attirera sur place le commissaire Arregui, à la fois ami et rival de Juanito. Sans compter l'écrivain Camilleri qui n'est autre que... laissons cela pour plus tard.

Presque tous ces personnages sont susceptibles d'en vouloir à Juan Pérez. Arregui pour l'inculper d'un meurtre ancien. Le juge et Leticia pour éliminer le mari jaloux. Tony parce qu'il a perdu un œil par la faute de Juanito du temps où ils étaient mômes et jouaient aux pirates. Et Numéro Treize ne serait-il pas venu pour effectuer un contrat : l'éliminer sur ordre de l'Entreprise elle-même ? Tandis que Yolanda doit s'absenter, et que ses propres enfants pourraient être menacés, il se passe de vraies tempêtes dans la tête de Juanito. Seul, l'écrivain Camilleri lui semble d'un certain secours.

L'action, faut-il le redire, se déroule dans un camp nudiste, contexte qui facilite moins le port d'armes que la libido des principaux personnages. Si Carlos Salem ne lésine pas sur les scènes grivoises, il prend aussi un malin plaisir à nous balader dans les hypothèses plus tordues les unes que les autres en même temps qu'elles traversent l'esprit du narrateur. Le tout avec un humour certain : « Résumé des dernières deux heures : quatre tentatives d'analyse de la situation, cinq appels téléphoniques à l'Entreprise, six attaques de doute concernant Yolande, sept érections. » Si le scénario alambiqué peut décevoir les puristes du roman noir, Nager sans se mouiller reste un bien beau titre en plus d'être un... roman de plage !

 

Carlos Salem. Nager sans se mouiller. Traduit par Danielle Schramm. Babel Noir, 2011, 295 pages.  [Titre espagnol : Matar y guardar la ropa, Madrid, 2008].

 

Tag(s) : #LITTERATURE ESPAGNOLE, #Polar
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