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Née en 1956, l'année de l'Indépendance, Leila Trabelsi a associé son nom à celui de Zine el-Abidine Ben Ali, le dictateur tunisien dont Nicolas Beau a également publié une biographie critique. Issue du petit peuple, détentrice d'un CAP de coiffure, elle a su se faire remarquer de celui qui était alors un militaire formé en France et aux États-Unis à gérer la sûreté nationale avant de remplacer un Bourguiba âgé et malade en 1987. Depuis Bourguiba, la Présidence de la République est installée à Carthage, commune chic de la banlieue nord de Tunis.

 

De vingt ans plus jeune que son époux Ben Ali, et devenue en quelque sorte “Présidente”, elle a pratiqué népotisme et corruption à une échelle assez rare même dans une dictature bananière. Très habile à faire profiter sa famille — au sens large — de l'indulgence coupable d'un Ben Ali vieillissant, elle tentait de cacher ses turpitudes derrière le beau paravent de la promotion de la condition de la femme. Effectivement la Tunisie est le pays arabo-musulman où la condition féminine est la plus avancée, caractéristique prise dès les premières années du pouvoir d'Habib Bourguiba. Cette action féministe lui assura une forte présence médiatique dans le monde arabe. Simplement, Leila Trabelsi a outrageusement poussé ses protégés à piller le pays : notamment dans le milieu de la banque et de l'immobilier. Un de ses neveux est allé jusqu'à voler yachts et voitures de luxe en France : comme un yacht appartenant à un banquier proche de Chirac et une grosse cylindrée à un footballeur professionnel !... Elle a aussi torpillé un établissement d'élite, le lycée Pasteur de Tunis fondé par le couple francophile Bouebdelli. Surnommée Leila gin, on lui prête par ailleurs une vie privée scandaleuse et des amants choisis dans la bonne société.

 

L'enquête savoureuse des journalistes français multiplie les révélations mais s'arrête en 2009 alors que la situation est devenue explosive. Quand la Révolution renverse le vieux président détesté le 14 janvier 2011, Ben Ali et Leila s'enfuient à Djeddah tandis que leur villa de Sidi Bou Saïd est pillée — et reste aujourd'hui en ruines. La plupart des biens du clan sont alors confisqués par l’État. Initié par Leila Trabelsi, l'immense projet immobilier des “Jardins de Carthage” est resté à demi-achevé — à deux pas de la Présidence de la République. Ainsi s'est achevé l'aventure quasi-mafieuse impulsée par une intrigante sans scrupule qui par exemple fit expulser la veuve d'Arafat qui avait trouvé refuge en Tunisie !

 

Nicolas Beau et Catherine Graciet, La Régente de Carthage : main basse sur la Tunisie. La Découverte, 2009, 178 pages.

Table des matières  : cliquer ici.

 

 

Tag(s) : #BIOGRAPHIE, #ESSAIS, #TUNISIE
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