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On a voulu montrer comment les mangeurs se retrouvent dans la peinture occidentale du XVIe au XIXe siècles. Le repas est généralement un partage, souvent familial. Mais les représentations à caractère religieux, celles de la Cène et des Repas chez Emmaüs, ont été écartées, car elles mériteraient tout un chapitre à elles seules. D'autre part, les repas montrent une société, villageoise ou urbaine, populaire ou aristocratique.

Le repas est souvent associé à la fête, comme le banquet de noces (Bruegel), ou simplement réunion de parents et d'amis (Courbet). Généralement, le peintre ne distingue guère les aliments préparés, cuisinés et donc fragiles, il est davantage porté vers la représentation du pain, des fruits, et pour les repas plus luxueux, des fruits de mer (de Troy). Le peintre montre presque toujours une nappe, voire un simple torchon, et il peut lui arriver d'omettre assiettes et couverts. En revanche, verres, carafes et bouteilles sont plus fréquents — tous éléments tranquilles de nature morte.

Les fins de repas, sont plus souvent représentées à en croire le corpus qui a été constitué. Alors les convives s'adonnent au chant, à la musique, aux rires et à l'ivresse et certains hommes lutinent ces dames. Dans les milieux modestes, entre amis, le repas représenté dégage un caractère festif : la joie d'être ensemble et de se laisser aller gagne les enfants et se communique même aux chiens (van Ostade, Jan Steen, Jacob Jordaens). Cela vaut pour les repas dans les auberges (Hogarth). C'est un temps pour oublier la misère. Chez les bourgeois et les aristocrates, en dehors des fêtes, les convives peuvent être plus guindés (Hogarth, Signac), exprimant moins de sentiments, et le peinture révèle moins de convivialité. Le repas est un moment convenu et sans grand plaisir.

Aux XIX° et XX° siècles, beaucoup plus d'attention est portée par le peintre aux aliments, à la belle vaisselle, aux détails de la table comme un casse-noix, un rond de serviette ou un porte-couteau (Caillebotte). L'exotisme du repas africain où l'on mange avec ses doigts et qui présente des mangues et des bananes atteint la peinture occidentale (di Rosa).

Ainsi la représentation du repas montre-t-elle une tension entre deux pôles, le festif et le quotidien.

Les peintres flamands et hollandais occupent une place importante dans cette peinture d'événements quotidiens, qui nous emmènent dans la société rurale aussi bien qu'urbaine. On commencera par l'un des plus célèbres :

 • Pieter BRUEGEL l'Ancien - Noce paysanne (Bauernhochzeit) - Kunsthistorisches Museum, Vienne (1569).  

Un des tableaux les plus célèbres du XVIe siècle. Loin du raffinement urbain ou du raffinement italien, le peintre flamand présente la bonne humeur qui règne dans cette noce paysanne qui est accompagnée par deux musiciens (un ou deux joueurs de cornemuse). Mais savoir ce que l'on consomme est une autre affaire : comme une sorte de bouillie ou de purée dont on lèche le reste avec les doigts ? Les deux serveurs portent dix plats ou assiettes, dont deux diffèrent par la couleur. Tout le monde a gardé un bonnet ou une coiffe sur la tête. La mariée est placée sous une couronne devant la tapisserie foncée.

 

• Adriaen BROUWER. The Pancake Baker. c.1625. Musée de Philadelphie 

Avec son bonnet rouge, et son chapeau posé derrière lui, l'homme qui fait cuire les crèpes est tourné vers la cheminée ; son voisin en est tout rouge. Les mangeurs ont tous gardé un couvre-chef. Le gamin a posé son assiette sur une chaise. L'équipement intérieur est rustique et la grande dimension des pots et marmites semble indiquer qu'il y aura beaucoup de gens à servir. — Ne sommes-nous pas dans une auberge ?

• Quiringh van BREKELENKAM - c.1650 - Couple dînant devant la cheminée. Collection privée.

On est frappé du caractère strict de cet intérieur modeste. Les deux personnes assises devant la petite table semblent en être à la soupe. Frugalité : il y a peu de bois dans la cheminée. Donc pas étonnant qu'elles portent un bonnet de fourrure ou de laine. — On verra par la suite que l'on reste souvent couvert pour passer à table au XVIIe siècle.

 

• Adriaen van OSTADE. Famille de paysans dans leur masure. 1661. Collection van Otterloo, Museum of Fine Arts, Boston.

Masure et misère peut-être, mais des fenêtres qui donnent un bon éclairage à la scène familiale. La table à trois pieds est à moitié couverte par un torchon ; seul le couple a pu s'y installer. Un jeune enfant s'est levé de son berceau vers sa mère qui semble tenir une grande marmite contenant l'essentiel du repas. Il n'y a pas de grande table pour le repas familial : les deux enfants ont et repoussés jusqu'au bord de la fenêtre pour manger. Fumant la pipe un personnage en noir (un aïeul sans doute) se tient à l'arrière-plan à droite. Un récipient et une cuiller traînent par terre derrière le chien. 

 

• Vincent VAN GOGH - Les mangeurs de pomme de terre (1885). Musée van Gogh, Amsterdam.

C'est le titre qui nous indique ce qui est consommé, du fait du faible éclairage et de la touche du peintre. Il y a un plat unique pour les cinq convives. L'austérité règne. Accrochées au mur à droite, on voit deux fourchettes et deux cuillères mais c'est avec un couteau que le couple se sert. Est-ce du thé que l'on boit et qui est servi à droite ? 

 

• VELASQUEZ - Le déjeuner des paysans (El Almuerzo). 1620. Musée de Budapest.

Contrairement au tableau précédent, la table est bien éclairée et la lampe à huile n'a pas été allumée : le plat contient un poisson (fumé ?) et un citron. Un pain rond, une orange, un légume (genre scorsonère). Le repas de ces paysans — père et fils ? — est à peine moins austère que celui peint par Van Gogh près de deux siècles plus tard. La conversation prend une place plus importante que le fait d'ingurgiter des aliments, elle est même assez animée. L'homme à gauche se soucie plus de sa discussion que de dire merci à sa femme ou à la servante qui lui sert du vin. (Dans la version de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, datée 1617, la scène est assez semblable avec un plat de moules au lieu du poisson.)

 

• Louis LE NAIN.  Le repas du paysan. (1642) Musée du Louvre.

Repas du paysan ? ou de trois hommes ? Un banc sert de table. Un adulte et un garçon sont pieds nus. Ce tableau a beaucoup servi pour démontrer la misère des paysans français sous Louis XIV. Ce qui semble excessif. On peut l'interpréter autrement : on pourrait dire que deux hommes de passage sont venus goûter le vin clairet du maître de maison qui est au centre.   

 

• Richard BRAKENBURG  (Haarlem, 1650-1702) - Le déjeuner en famille. Coll. privée.

Deux chapeaux accrochés au mur, deux couvre-chef sont restés sur les têtes. Du pain, du poisson. Un plat vide sur la cheminée semble avoir été consommé par l'homme debout qui fume la pipe. Le couple n'a besoin que d'une petite table, mais avec une nappe. Pas d'assiette. Ils grignotent quelque chose à la main. L'aiguière en argent, la gravure (une marine) et la mappemonde accrochée au mur révèlent un milieu qui n'est pas si pauvre alors que les planches d'inégale longueur nous incitent à dire le contraire.

 

• Gustave COURBET - L'après-dînée à Ornans. (1849) Musée des Beaux-Arts, Lille.

Cette toile à dominante marron-brun indique bien la torpeur qui gagne le convive de gauche à la fin du repas. Le personnage qui porte une barbe écoute un homme jouant de la guitare. Ce n'est pas ce qui réveille le chien sous la chaise du personnage de dos qui semble lui aussi jouer d'un instrument (?) — Deux ou trois bouteilles, des verres pas tous vides. Contrairement à des peintures plus anciennes, la description des lieux formant le décor est à peu près impossible. Pourtant Courbet est un peintre réaliste...

 

• Pieter AERSTEN. Joyeuse compagnie. (ou Paysans devant l'âtre). c.1650. Musée Mayer van der Bergh, Anvers.

Le thème de la joyeuse compagnie traverse les siècles. Ici, dans une mise en scène typique du XVIe siècle, les quatre fêtards sont observés de loin. La table est mise mais la cuisine se prolonge et de la nourriture traîne au sol avec des coquilles de moules. L'homme habillé de rouge a passé son bras autour de la taille de la cuisinière. 

 

• Jan H. STEEN. The Merry Family. 1668. Rijksmuseum Amsterdam.

De la "Joyeuse compagnie" d'Aertsen on passe à un niveau supérieur de réjouissance avec cette toile de Jan Steen. Accroché à la cheminée, un texte annonce la fête. Deux personnes fument la pipe à droite (assise) et à la fenêtre, dehors, tenant un cor de l'autre main. Le patriarche tenant un grand verre de bière blonde semble chanter avec les deux femmes à sa gauche, elle semblent suivre l'air sur un livret imprimé tandis que le joueur de cornemuse derrière contemple l'ensemble de la scène. Le joueur de flûte sur un banc fait de même. Sur la table couverte d'une tapisserie et d'une nappe repassée, un beau gigot n'a pas été terminé. Sur le sol carrelé, poêle, plat en argent, bouteille, cuiller et récipient bouché. Les enfants accentuent le caractère joyeux de cette réunion.

 

• Jan H. STEEN - Joyeuse compagnie sur une terrasse - c.1670 - Metropolitan, New York

Toute la compagnie s'amuse. Noter le jouet : un cheval noir. Et une cage pour un oiseau chanteur comme ci-dessus chez van Ostade et ci-dessous chez le Jordaens du musée de Valenciennes. Au milieu de la table, un jambon appétissant (à moins que ce ne soit un gigot!) seule indication un peu sûre qu'il y ait eu à manger mais la boisson ne manquait pas...

 

• Jan H. STEEN. Twelfth Night Feast. 1662.

C'est la douzième nuit après Noël (ce que rappelle la petite scène dehors à gauche): l'épiphanie. Le repas de fête dure trop longtemps pour les deux enfants qui jouent avec les chandelles… Le bébé sur la table : c'est lui le roi de la fête !

• Jan H. STEEN - La mangeuse d'huîtres (1658). Mauritshuis, La Haye.

Pour continuer avec Jan Steen : sa mangeuse d'huîtres est souriante, bien qu'apparemment seule à table, et joliment vêtue. Son vêtement de couleur vive bordé de fourrure et sa coiffure apprêtée donnent une impression de richesse. Sur le plateau en argent, une tourte est partiellement consommée. Un verre de vin blanc pour accompagner des huîtres cela ne nous étonne pas, mais dans le plateau la présence du poivre (dans un cornet de papier) pour épicer les coquillages peut nous surprendre. Selon certains, c'est le signe du repas d'une courtisane. Noter le petit doigt élégamment levé…      

Une autre mangeuse d'huîtres, mais deux bons siècles plus tard, nous est proposée par James Ensor. 

• James ENSOR - La mangeuse d'huîtres (1882). Paris, Musée d'Orsay.

C'est sa sœur que James Ensor a peinte. Une assiette au premier plan donne à penser que la mangeuse d'huîtres partage avec le peintre.

• Jacob JORDAENS. Le Mangeur. 1650 env. Musée de Kassel.

Un gros mangeur au centre. Mais aussi un gros buveur à gauche. Tenant un bébé qui se frotte les yeux, une maman qui montre du doigt la chèvre qui est au premier plan. Un bébé joufflu qui joue avec son sexe d'une main et tient une petite flûte de l'autre. Tout premier plan à gauche : une nature morte de chou, carottes et navets.. Une fillette lorgne sur le plat central. Une femme, sa grand-mère ?, sert la bière. Un tableau fort sympathique.

• Jacob JORDAENS (1593-1678)? Les jeunes piaillent comme les chantent les vieux. Musée des Beaux-Arts de Valenciennes.

Une inspiration proche du tableau précédent. Noter : les deux personnes les plus âgées portent des lunettes, utiles pour lire le refrain et les couplets.

 

• Dirk HALS (1591-1656). Le festin champêtre. Musée du Louvre.

Ce beau monde à la mode est bien trop apprêté pour un festin vraiment "champêtre"; cela semble plutôt se passer dans les jardins d'un château. Chien de race, boissons au frais dans un vaste récipient au premier plan et des huîtres déjà signes de repas aristocratique. Une viande rôtie attend-elle sur la table que les musiciens aient terminé leur prestation ? Ils vont dîner froid.

• Carl van LOO. 1737 - Le repas de chasse. Louvre.

Ce repas de chasse nous fait entrer dans le monde aristocratique typique du XVIIIe siècle. Sans doute de la viande dans les plats. Les invités utilisent des assiettes qu'on pose sur les genoux.

 

• Jean-François de TROY - Le repas de chasse, ou Le déjeuner de chasse, 1737. Louvre. Détail inférieur droit..

Des huîtres (?). De la vaisselle argent ou en vermeil. Du vin. A part la servante noire, tous ont un air de parenté où dîneurs et serviteurs ont les mêmes traits. On notera l'usage de la serviette. La "marquise" du premier plan ne tient pas à tacher sa robe de soie.

• Jean-François de TROY. Le déjeuner d'huîtres. (1735) Chantilly, Musée Condé.

Au royaume de l'abondance ! On consomme debout comme assis. Le varech qui gardait les coquillages au frais est étalé sur le carrelage. Le vin est maintenu dans l'eau fraîche. Un serviteur ouvre d'autres huîtres au premier plan.

Le XVIIIe siècle à table c'est naturellement chez William HOGARTH :  

 

• William HOGARTH. La Famille Strode. c.1738, Tate Gallery 

Admirons le sérieux ! Mrs Strode se tient bien droite et tient comme il faut sa "cup of tea". Les chiens aussi savent se tenir. Le pasteur va nous lire quelque chose d'édifiant. Vaisselle en argent, c'est "classe".

• William HOGARTH. Le Banquet. - Soane's Museum, Londres. 

Changement de décor... Ce banquet rappelle les "joyeuses compagnies" des époques précédentes. Beaucoup de petites scènes qui nécessiteraient des agrandissements. C'est la liesse populaire, avec des visages joyeux et bien rouges, des gens qui ont fait des excès, et qui ne sont pas tous des gens modestes (notez les perruques de plusieurs messieurs). Les esprits sont même un peu échauffés : au fond à droite le tabouret sert d'arme dans un pugilat. Côté nourriture, noter le homard bien cuit dans le coin.

 

• Jacques AUTREAU. (1657-1745) Les buveurs de vin. Autre titre : Le poète Piron à table avec ses amis. Musée du Louvre.

Loin de l'orgie la conversation sérieuse de ces vieux messieurs — surtout si c'est Piron qui trône ici. Tranquille : loin de Voltaire. Le grand plat paraît rempli de fruits (raisins blancs et noirs). Dans le fond, noter un porte-verres (il en reste un). L'homme de droite tient élégamment le verre par son pied pour que son voisin continue de servir le vin.

• Jerome B. THOMSON. Pique-nique dans les bois en Nouvelle-Angleterre (1855). Boston, Museum of Fine Arts.

Comme une "Belle Époque" à quelques années de la Guerre Civile...

• Édouard MANET. Le déjeuner dans l'atelier. 1868. Neue Pinakothek, Munich. Pour ne pas croire que Manet n'a peint que "le déjeuner sur l'herbe"... que voici. Plus de table, il faut le noter et pas seulement que la dame est nue!

• Édouard MANET : Le déjeuner sur l'herbe - 1863 - Musée d'Orsay. Ils n'ont pas tout mangé ! Le panier contient encore de quoi grignoter… Le déjeuner devait se limiter à des fruits (pêches, prunes ?)

 

•  James TISSOT  - Partie carrée - 1870 - Collection privée.

J'ai choisi cette peinture de Tissot pour faire contraste avec la célébrissime œuvre de Manet. Pas de nudité. Surtout une société très occupée à boire ; il y a des réserves dans la panière en osier posée par terre tout à droite. Sur la nappe, il me semble voir entre autres mets un pâté en croûte, entamé. Il n'est pas difficile de noter que Tissot est très classique : couverts en argent pour pique-niquer, c'est le grand monde — ce que suggèrent aussi les habits d'allure aristocratique. Salière et poivrière : des gens organisés ! 

 

• Auguste RENOIR - Le déjeuner des canotiers - 1881 - Phillips collection, Washington.

Impossible d'ignorer le déjeuner le plus célèbre de la peinture du XIXe siècle… Cela paraît très spontané ; en réalité il fallut plusieurs séances de pose ! Du vin et des raisins : les canotiers ne sont pas venus pour faire bombance.

 

• Paul BONNARD - Déjeuner à la grande lampe - 1899 - Musée des Beaux Arts de Budapest.

En peignant par touches peu précises, Bonnard ne nous permet pas de longues considérations sur ce repas bourgeois. Le repas semble terminé : une femme, à gauche boit le café alors que les autres convives se sont levés de table. La fillette en robe rose s'occupe à desservir. Il reste deux corbeilles de fruits, des poires au premier plan, du raisin au second plan ; peut-être des oranges. La carafe de vin est encore sur la table mais les verres sont déjà enlevés. On devine plusieurs assiettes et peut-être un pain entamé au milieu de la table recouverte d'une nappe. 

 

• Félix VALLOTTON - Le dîner, effet de lampe (1899). Musée d'Orsay, Paris..

Un repas bourgeois comme d'autres mais des particularités. Un couple avec une petite-fille et un personnage à contre-jour au premier plan : la fillette et sa mère sont nettement éclairées par la lampe dont l'abat-jour est à motif animal. La fille regarde l'inconnu ; les parents observent la fillette. L'action de manger est arrêtée (à la différence du tableau de Caillebotte qui suit) ou arrivée au dessert : fruits au centre de la table, casse-noix. La nappe bicolore, la ménagère en argent (couteau, fourchette, cuiller) et la bouteille de vin blanc avec une étiquette donnent une impression de modernité.

 

• Gustave CAILLEBOTTE - Le déjeuner - 1876  - Collection privée.

Le repas vu par Caillebotte est un étalage de la richesse bourgeoise constituée ici par la verrerie. Les verres à pied, les carafes donnent l'idée d'un goût recherché ; le maître d'hôtel qui sert la mère du peintre, comme les porte-couteau indiquent la bonne maison. En dehors des deux corbeilles de fruits qui attendent la fin du repas, ce qui est servi est cependant mystérieux : peut-être des tranches de viandes... On remarque que le couvert est mis directement sur une table vernie. Le personnage de droite, René le frère de l'artiste, est absorbé dans son repas. Le vin est seulement servi au premier plan pour un convive qu'on ne voit pas puisqu'on est à sa place : c'est Gustave Caillebotte. Un vaisselier assez théâtral occupe une angle de la pièce.

 

• Une toile peu connue de Claude MONET, le Déjeuner, datant de 1869. Städel, Francfort-sur-le-Main. Très descriptive comme la précédente et la suivante.

 

• Zenaida SEREBRIAKOVA - Le Déjeuner des enfants - 1914 - Galerie Tretiakov, Moscou.

L'artiste qui est surtout célèbre pour ses nus féminins a peint ses enfants (?) en bout de table familiale. Très sages... Une personne sert le potage : il faudrait que le petite-fille enlève sa main de l'assiette pour qu'on lui serve ce potage. Par ailleurs : petits pains ou brioche, gâteaux secs (ou au chocolat), pot de crème ou de beurre. Serviette dans un rond. En somme une œuvre à part chez cette artiste russe.

 

• Paul SIGNAC - Le petit déjeuner - 1886 - Kroller Mueller, Otterlo.

Étonnante couleur bleu... En accord avec le service bleu et blanc. Rond de serviette comme sur la toile précédente, mais peu de choses à manger ! Il est vrai qu'on ne voit pas toute la table. Que tient la servante : des billets pour aller faire les courses ? Ou est-ce qu'on vient de lui payer sa semaine ? L'homme assis tient-il un cigare en main dès le petit-déjeuner ? En ce cas je n'irais pas volontiers partager sa table. À moins qu'il ne s'agisse de la fin d'un déjeuner...

 

• Fernando BOTERO - Picnic II - 1989 - Collection particulière.

La scène se place à la fin du repas champêtre : une femme dont on ne voit que les mains a allumé une cigarette et monsieur a entamé une sieste. — que l'éruption volcanique va peut-être écourter... La rondeur du visage, typique chez Botero, correspond à celle des fruits. D'ailleurs c'est un repas qui comprend surtout des légumes et des fruits. Il reste toutefois deux boudins et deux pommes de terre. La nappe porte les traces du pliage. Elle est faite de plusieurs éléments chez Gauguin. Pas de nappe en revanche chez Di Rosa.

 

• Paul Gauguin  -  Bananes. 1891. Paris, Musée d'Orsay.

L'œuvre s'intitule aussi "Le Repas" alors que ces trois jeunes Tahitiens sont plutôt assis en spectateurs : on dirait qu'ils attendent qu'on leur fasse la démonstration d'une préparation culinaire — d'ailleurs le couteau n'est pas de leur côté de la table.

• Hervé di ROSA. Déjeuner à Kumasi. 1994.

Pour l'exotisme, — Kumasi est situé au Ghana — un tableau puissamment coloré avec des animaux très présents. Comme chez Botero, une certaine naïveté dans la composition et la réalisation.

 

• Dorothy TANNING - Portrait de famille (1954) Paris, Centre Pompidou MNAM.

Influencée par le surréalisme ! Noter les disproportions entre les personnages, chien inclus. Ni couteau ni fourchette. Mais une nappe qui a été repassée — ce qui est presque une constante dans ce genre de tableaux.

Et maintenant : DESSERT !

• Georg FLEGEL (1566-1638). Nature morte avec du pain et des confiseries. Francfort, Städelsches Kunstinstitut.

Pour terminer par une œuvre d'un spécialiste des natures mortes : des friandises rarement peintes et surtout peintes pour elles-mêmes. Le dessert est une caractéristique du repas occidental. Mais ces confiseries du XVIIe siècle sont aussi préparées pour un goûter. Noter que le sucre attire des insectes : un papillon, un insecte, une coccinelle tout en bas. Dans le verre magnifique, imaginons du vin du Rhin ou de Moselle vu la localisation de l'œuvre picturale.

 

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Tag(s) : #BEAUX ARTS, #ECOLE HOLLANDAISE
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