On pourrait dire : roman nègre. Pas roman noir. C'est l'histoire du nègre. Il n'y a pas ici le moindre racisme : Jean-Marie Catonné écrit l'histoire racontée par un nègre. Le narrateur n'ayant pas obtenu la publication de son immense roman "Les Palmiers de la violence" (merci Faulkner) par l'éditeur Pierre-Ulysse Banador, alias PUB, il s'est vu proposer d'écrire l'autobiographie de Magali, éphémère vedette d'une émission de télé-réalité. Le succès est tel qu'il continuera par le livre de recettes de cuisine au nom d'une présentatrice météo avant de rédiger un livre pour un homme politique ambitieux, probable candidat à l'élection présidentielle.
« C'est tout de même de l'escroquerie, une activité de faussaire ! – Pas du tout. Les faussaires en peinture s'approprient des noms qui ne sont pas les leurs. Ce sont des voleurs. On peut les poursuivre en justice. Dans le monde de l'édition c'est l'inverse. Le nom de l'escroc figure toujours sur la couverture.» (Extrait de la 4ème de couv').
Aucune prétention littéraire dans ce roman. Son seul but est de se moquer des "livres people". D'ironiser sur la prolifération des faux livres, signés (mais pas écrits) par les présentateurs de la télé, les champions sportifs et les politiciens. PUB prétend que l'édition doit satisfaire la demande du public. Autrement dit, "Double Je" est une façon de dénoncer la prétendue crise du roman "balzacien", crise mythique qui a traversé l'actualité littéraire et la critique depuis belle lurette, c'est-à-dire au moins depuis le lancement du Nouveau Roman. "Double Je" dénonce aussi les nullissimes émissions de télébavardage (talkshaw si vous préférez) qui prolifèrent – mais le narrateur finit par craquer… et courir y participer !
• Jean-Marie Catonné : Double Je.
Éditions Héloïse d'Ormesson. 2007 - 200 pages.
Éditions Héloïse d'Ormesson. 2007 - 200 pages.