C'est un polar classique par sa structure. Le commissaire Habib et l'inspecteur Sosso ont été envoyés loin de Bamako pour mener une enquête délicate en pays dogon. Dans ce polar, l'essentiel tient en effet aux Dogons et à leur culture différente.
Suite à un duel tragique entre deux jeunes hommes, Yadjé et Nèmèguo, à propos d'une fille, fiancée de l'un, et amante de l'autre, les morts s'enchaînent à Pigui, petite commune de la falaise de Bandiagara. Au cours de la bagarre, Yadjé et sa soeur Yalème trouvent la mort en se jetant dans le vide. Nèmèguo est tombé lui aussi mais il n'est que blessé. Pourtant le lendemain, Nèmèguo est retrouvé mort — ainsi qu'un de ses amis. Étrangement, aucune plainte n'a été déposée. Est-ce bien un drame passionnel qui expliquerait toutes ces victimes ?
Petit à petit, le commissaire Habib se rend compte qu'il ne saura rien de solide sur la cause de ces crimes s'il n'entre pas lui-même dans les mentalités et les usages des Dogons. Réfractaires à l'autorité du pouvoir central, ceux-ci forment un groupe ethnique très réputé pour ses traditions ; mais les anciens et les jeunes partagent-ils encore les mêmes valeurs ?
Sous la houlette du Hogon, le vieux leader, les chefs de famille resserrent les rangs autour des traditions. Sous l'impulsion de Dolo, les jeunes sont entrés dans le jeu politique nouveau résultant de la création des communes dans leur région. Cette innovation pourrait déstabiliser la société des Dogons en amenant des projets de développement touristique. Dolo et ses jeunes amis du conseil municipal — que boudent les anciens — voient favorablement ces projets qui leur assureraient beaucoup plus d'argent que la culture des oignons.
Malgré divers avertissements, Habib et Sosso courent des risques qu'ils ne soupçonnaient pas. L'empreinte du renard est — simplement — la trace du passage du renard dans la table de divination dont Kodjo garde le secret. Mais Kodjo, dit Le Chat, a plus d'un tour dans son sac. Il a aussi une fille amoureuse de l'un des jeunes conseillers municipaux…
=> Ce polar a deux atouts : son écriture et — plus encore — la visite qu'il nous organise au pays des Dogons. Ces hommes qui jadis avaient tant intéressé l'ethnologue Marcel Griaule, sont pris aujourd'hui entre tradition et modernité.
• Moussa KONATÉ : L'empreinte du renard
Fayard, 2006, 264 pages (Points policier)