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Le thème des noces a donné bien des films remarquables dans l'histoire du cinéma. Celui-ci est à part : démarrant au son des cloches, il se déroule sur deux journées dans une île du lac de Pskov, région de St-Pétersbourg —comme le montre l'immatriculation d'un bateau. Le mariage que le village s'apprête à célébrer c'est celui de Macha, (Anna Iliouchenko) une fille un peu simplette, enceinte des oeuvres du brun Piotr, (Piotr Semak), un pêcheur veuf qui purge une peine de prison. Alors elle va épouser Ivan, le blond et gentil Ivanka, (Evgueni Titov), un pêcheur lui aussi. On mangera donc du poisson — d'où le titre russe du film : "putina" qui n'est pas une allusion au Président — et des tas d'autres plats alléchants : un cuisinier jovial est déjà au travail. Un orchestre populaire, déjà, répète ses morceaux traditionnels.

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La scène qui n'aura pas lieu !

Mais voilà que Piotr s'évade, qu'il rejoint les pêcheurs, qu'il sauve Ivan de la noyade – alors qu'il se promettait de le tuer – et que Macha le retrouve ! Entre les deux hommes son coeur balance… La situation fait effectivement jaser. Mais Ivan ne semble pas douter de Macha, puisqu'avec son aide il réexpédie vers la ville une de ses conquêtes oubliées venue toute pomponnée le relancer jusqu'à la porte de son sauna l'inviter , et repartir sur un air d'Édith Piaf. Mais quand arrive l'heure des noces, et que sonnent les cloches, Macha s'enfuit, ce qui n'est pas prudent vu son état. Elle jette à la face d'Ivan qu'elle le déteste. Arrive alors Piotr, qui la ramène devant l'orchestre et la table mise, parle de fiançailles. Nouveau coup de théâtre, il faut d'urgence conduire Macha en barque vers la clinique. Au son des cloches, comme au début.

Voilà du cinéma populaire qui mêle tragique et comique. Autour du trio de base de l'intrigue, se démènent des personnages truculents, grands buveurs de vodka – je t'en remets vingt grammes –  et d'airs d'accordéon. Étrangers aux modes de la grande ville, ces hommes et ces femmes sont restés proches de la Nature, comme le cheval sauvage, témoin muet de l'intrigue, proches d'une vie rythmée par les naissances et les morts, et fidèles au culte orthodoxe — pommes et poissons faisant figure de symboles chrétiens.

Le thème de l'île avec un pope charismatique nous rappelle bien sûr le film de Pavel Lounguine, un microcosme coupé, isolé, des folies du grand monde, alors que l'entrain jubilatoire du cuisinier et des musiciens peut faire penser à ce que réalise Émir Kusturica. Le réalisateur russe Valeri Ogorodnikov est décédé le 2 juillet 2006 et son film posthume fut applaudi au 29e Festival international de Moscou en 2007.


Pour plus de détails : article d'Eva Binder (U. Innsbrück)

Une saison de pêche (Putina)
Film de Valeri Ogorodnikov

2007 - 100 min.


 

Tag(s) : #AU CINEMA, #RUSSIE
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