Olivia Ruiz : La commode aux tiroirs de couleurs

     Rita, l'Abuela, vient de mourir. Elle laisse à sa petite-fille un curieuse commode aux tiroirs pleins de souvenirs, papiers et objets mêlés. La petite-fille en a fait un roman riche de bonheurs et de malheurs mêlés, qui se déguste avec enchantement bien qu'il repose au début sur la déchirure de l'exil.

Tout cela c'est à cause de la fichue guerre d'Espagne ! Un couple de républicains confie ses trois filles à des amis pour les convoyer jusqu'en France. Les réfugiés, on le sait, sont mal accueillis au nord des Pyrénées, mais tio Pepe trouve à les loger à Narbonne. Ainsi Leonor, Rita et Carmen vont grandir sans leurs parents et devenir bilingues.

Voici donc surtout l'histoire de Rita, de ses années d'acclimatation pas toujours facile en Occitanie, ballotée entre deux cultures. Les années passent. Elle rencontre à Toulouse Rafael, un jeune réfugié espagnol : c'est le coup de foudre. De là vient le grand bonheur de la naissance d'une fille, Cali. Mais Rafael doit accomplir une mission auprès de la résistance anti-franquiste. Il n'en reviendra pas. Rita qui n'a alors guère plus de vingt ans, trouve rapidement un compagnon pour tenir le rôle de père auprès de Cali. Entre André qui a la passion de la musique et Cali ce sera la parfaite harmonie au point que Rita souffre un temps d'être mal aimée et marginalisée. Mais c'est une battante...

Un jour, Rita vide la Vierge noire de ses économies, assez substantielle pour acheter un commerce à Marseillette, un village de la région : idée folle ? Non, le café, hôtel, restaurant, station-service devient un paradis où tout le monde s'épanouit. L'harmonie familiale est retrouvée. C'est la fête au village. On sent Olivia Ruiz attachée à ce bonheur familial et champêtre qui a précédé sa naissance. Son récit dynamique est convaincant.

• Olivia Ruiz : La commode aux tiroirs de couleurs. - JC Lattès, 2020 et Le livre de poche, 2021, 180 pages.