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Ouah ! Une histoire de sorcière ! Quel plaisir en perspective...

Elle s'appelle Tituba. Ses aventures démarrent à la Barbade où elle est née au XVIIe siècle, puis se transportent à Boston et à Salem de triste mémoire avant de revenir à la case départ. Conformément au schéma répétitif des romans de Maryse Condé pour ses héros et héroïnes, Tituba va rebondir de tragédie en tragédie par la faute du machisme et du racisme des hommes. Plus précisément, elle va avoir affaire à des hommes décevants (esclavagistes, puritains, et même amants), et ne cesser d'invoquer les esprits des morts pour se faire consoler ou guider.

Les esprits sont principalement ceux de deux femmes. Il s'agit d'abord de sa mère, Abena, qui a été violée par un marin anglais, avant de subir la vie d'esclave sur la plantation de Darnell Davis à la Barbade. Pour échapper à un second viol, Abena a gravement blessé le planteur. Elle est condamnée à mort et pendue sous les yeux de sa fille. L'autre esprit est celui de la vieille esclave Man Yaya, qui a instruit l'orpheline des secrets de la nature (secrets des plantes pour guérir, mais pas que…).

Une réputation de sorcière suit donc Tituba dès ses jeunes années à la Barbade. Mais bientôt la voici vendue avec son compagnon John l'Indien au méchant puritain Samuel Parris qui embarque tout son monde pour Boston et chercher à s'installer comme pasteur. Ainsi l'action se porte-t-elle à Salem où les diableries se multiplient sous la double influence des « petites garces » de l'endroit et du fanatisme des puritains, pour aboutir à de sérieux ennuis judiciaires pour plusieurs femmes : seule Tituba en réchappe. C'est alors que Maryse Condé juge astucieux de faire revenir son héroïne à la Barbade alors que les esclaves y fomentent la révolte.

On aurait goûté une véritable histoire de sorcière maléfique, avec force détails démoniaques, et rendez-vous sataniques. Certes Tituba sacrifie allègrement coqs, chèvres ou moutons pour dialoguer avec les morts et les faire apparaître. Certes la maison du négociant juif qui l'a recueillie à sa sortie de prison est la proie des flammes pendant qu'ils se livrent aux plaisirs de la chair. Vous ne me croirez peut-être pas, mais Tituba prétend réellement aider et guérir les épouses de ses maîtres successifs et les libérer de leurs préjugés, mais on ne lui en sait jamais gré.

Le défaut de profondeur psychologique des personnages donne une allure de BD irréaliste à ce qui aurait dû être un roman passionnant. Il y a en effet trop de personnages, esquissés à la diable, jamais suffisamment creusés. Seule convainc l'opposition entre l'hiver glacé du Massachusetts et la chaleur des îles tropicales.

 

Maryse Condé. Moi, Tituba sorcière. Mercure de France, 1986. Folio, 2019, 277 pages.



 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE, #ANTILLES - CARAIBES
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