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Un chômeur qui hésite à rentrer chez lui parce que totalement désargenté rencontre dans un café un homme qui sort de prison après avoir commis un crime et lui offre le thé (« Au Café »). Des fellahs Dib - au caféfont l’apprentissage de la campagne électorale et des tensions qu’elle peut entraîner tandis que l’un d’eux devient père (« Terres interdites »). Une indigente est jetée à la rue après avoir été soignée sans succès à l’hôpital (« La petite cousine »). Des femmes invitées à un mariage papotent tandis que leurs gamins jouent et vident les plats et que la jolie mariée est condamnée par la tradition à demeurer immobile durant la réception (« Un beau mariage »). Un homme est arrêté dans une rafle, en même temps qu’un travailleur émigré revenu de France ; ce dernier meurt sous les coups des geôliers (« Un compagnon »). Des enfants affamés attendent le retour de leur mère (« L’attente »). Un riche personnage abandonne ses amis lors d’une halte dans une auberge et décide de rentrer à pied à travers la forêt qui s’avère “enchantée” ; une fois chez lui il n’est plus qu’une ombre, un fantôme, un mort enfin que pleurent sa femme et ses voisins (« L’héritier enchanté »). Cette septième nouvelle se démarque du réalisme des précédentes puisque le fantastique y débarque dans les dernières pages.

En lisant l’édition Sindbad de 1984, — qui ne se présente pas comme une réédition  — j’ai eu la surprise de retrouver des personnages d’ouvrages précédents. Revenant à la « cuadra » — des écuries transformées en habitations précaires — la vieille petite cousine croise Paméla, qui figure dans la nouvelle « La cuadra » du recueil « Le Talisman ». Toujours malade et perdant l’espoir de la guérison, elle se dit : « Il faut que j’aille à Dar Sbitar, voir Aïni et ses enfants… » Cette femme est précisément au cœur du roman « La Grande Maison », le premier publié de l’œuvre du maître. Dans la nouvelle « L’attente » c’est elle qui tarde à revenir d’Oujda à Tlemcen où ses mômes meurent de faim en l’attendant. Aïni la pauvresse et ses trois enfants sont aussi invités au beau mariage… On est toujours heureux de retrouver des personnages récurrents : c’est ainsi que j’ai découvert que l’édition de 1984 n’était pas la première… La vérité c’est que « La Grande Maison », « Le Talisman » et « Au Café » appartiennent au tout début de la carrière de Mohammed Dib, caractérisé par son écriture limpide, classique et très efficace.

Mohammed DIB - Au Café

Edition originale, Gallimard, 1956. Sindbad, 1984, 131 pages (avec la mention “édition définitive”). Réédition « Babel » 1999.

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE, #ALGERIE
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