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Ces trois contes, issus de la tradition populaire russe, transmis oralement et recueillis par les romantiques des années 1830 ou les ethnologues des années 1930, sont ici revus et corrigés façon Volodine. D'abord c'est le preux chevalier Ilia Mouromietz que l'on retrouve en compagnie d'un autre héros légendaire Sviatogor le géant. Puis Dobrynia Nikititch face à Marinka la sorcière, aussi séduisante que maléfique. Enfin Soukmane fils de Soukmane dans un récit qui donne son nom au recueil des trois bylines. Le terme de byline a été introduit par Ivan Sakharov en 1839 dans son recueil Chants du peuple russe nous dit Wikipedia.

Devenus amis Ilia Mouromietz et Sviatagor errent dans la campagne avec en tête l'idée de rejoindre « les sources de la rivière Saprate et les Monts Vénérables ». Ils tombent sur un curieux cercueil de pierre, géant, ouvert. L'un et l'autre vont l'essayer. Il est à la taille de Sviatogor. Le conte explique pourquoi il lui sera fatal.

Marinka Ignatieva la magicienne a l'air aussi belle qu'une Vénus de Botticelli. Elle « était arrivée de l'Extrême-Nord plusieurs années auparavant, un jour de neige, à moins que ce ne fût du Grand-Sud, un jour de sable, et elle avait emménagé dans les Ruines Grises ». Elle épouse des hommes et ceux-ci disparaissent à tout jamais. Dobrynia décide d'en débarrasser la place, et se rend vaillamment chez elle, prêt à tout bousculer. Mais Marinka convoque des forces obscures, des forces terribles qui métamorphosent le téméraire en auroch égaré dans la plaine. L'année suivante, pour se marier avec le beau Dobrynia, Marinka réussit le tour de force d'opérer les métamorphoses en sens inverse ! A l'issue du mariage qu'il a été contraint d'accepter, Dobrynia cherche à se venger et à tuer le dragon qui sommeillait en elle.

Soukmane avait promis de revenir à la cour de Vladimir avec un cygne hors du commun. « Au kilomètre 333… quarante mille ombres respiraient à travers un grouin de fer » et menaçaient d'envahir Kiev. Combattant avec un courage et une force héroïques, Soukmane les réduit à néant. Blessé dans ces luttes, Soukmane a pensé ses plaies avec des pétales de coquelicots. Il rentre à Kiev fier de son incroyable exploit, or Vladimir Beau Soleil, entouré des ingénieurs de la Centrale, n'en croit rien et jette Soukmane dans un cachot le temps que ses dires soient vérifiés. Une fois libre, Soukmane ne voudra pas rester dans la bande du prince Vladimir. C'est ce que chante le batelier qui sillonne les marécages.

L'atmosphère magique des contes est évidemment modifiée par des éléments “modernes”. Un exemple : « Voilà que Soukmane dépasse la carcasse d'un tracteur, un tas de pneus à moitié brûlés, qu'il contourne les monceaux de fenêtres cassées et les débris » pour se rendre dans l'immeuble déglingué qu'habite Vladimir. Une belle manière de faire connaissance avec la culture populaire de la Russie médiévale avec en plus quelques clins-d'oeil aux ruines des temps modernes.

 

Elli Kronauer. Soukmane fils de Soukmane et les fleurs écarlates. L’École des loisirs, 2000, 137 pages.

 

Tag(s) : #Contes russes
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