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Toute une brassée de nouvelles et de très courts textes forment ce recueil — qu'un site bien connu qualifie troisKeret-Pipelines.jpg fois de "roman" en trois lignes ! Une foule de personnages y vit des aventures qui tendent à échapper d'une banalité usée et à nous emmener quelques part entre surréalisme, loufoquerie et simple fantaisie.

La nouvelle qui donne son nom à l'ensemble est l'histoire d'un jeune homme que les tests psychologiques ont orienté vers le travail du bois, et qui, allergique à la sciure, doit se diriger vers la fabrication de tuyaux. Et il y prend goût au point d'en faire aussi un loisir : il fabrique un tuyau tellement tarabiscoté que les billes qu'il y lance ne reviennent pas et disparaissent. L'idée lui vient alors d'un tuyau de même architecture mais d'un diamètre suffisant pour s'y aventurer, y disparaître, et retrouver des lutins qui en ont marre de jouer… aux billes !

Même si l'auteur semble avoir une prédilection pour les lutins, les diables et les nains, n'allez tout de même pas croire que c'est un livre de contes moraux pour enfants sages. Tandis que le conducteur d'une Jeep de l'armée s'amuse à écraser un vieil Arabe en roulant sur le trottoir, d'autres militaires prennent des lapins pour cibles. Une prostituée paie son jeune client qui est désormais apte au service militaire. Des amants se retrouvent en Enfer, là où la télévision permet de zieuter le paradis. Un homme d'affaires planque provisoirement de la drogue (ou de l'argent sale) dans des cadeaux destinés aux invités à l'anniversaire de sa fille, cadeaux qu'ils devront rapporter plus tard pour obtenir une récompense.

Parmi mes préférées ? La publicité pour un traité sur le sens de la vie vendu par correspondance 19,99 shekels, permet à un jeune naïf de bouleverser un rabbin, ses fils et leurs ouailles ; sans compter ses achats suivants à 29,99 puis 39,99 car la demande fait monter les prix.

Voilà bien un auteur qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre. Vive l'imaginaire ! Cependant j'avoue que certains textes passent mal : en cause le racisme et la bêtise qu'ils véhiculent ; le "nonsense" n'est pas forcément une preuve de qualité.

 

Etgar KERET  :  P i p e l i n e s

Traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech. Actes Sud, 2008, [1992] 256 pages.

 

 

 

Tag(s) : #ISRAEL et MONDE JUIF
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