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L'exposition Arman s'achève au Centre Pompidou le 10 janvier 2011. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une rétrospective de toute l'œuvre d'Arman — ainsi regrette-t-on l'absence de ses travaux récents, notamment avec des masques africains durant les derniers années de sa vie. L'exposition insiste sur les créations des années 60 et 70, période marquée par les objets de rebut, les boîtes, les casiers, les accumulations, et les déconstructions par bris, feu, explosion, ou découpe.
Mon intention sera simplement de montrer combien les œuvres de cette période valent par le jeu de mots de leur appellation. Il crée chez le visiteur un état de bonheur, pour tout dire un ravissement, quand il rapproche œuvre et titre. Je ne suis pas certain que cette excitation se retrouve encore produite par ses créations postérieures.
Une boîte, des escarpins bien tassés, bien rangés : c'est "Madison avenue" connue pour ses magasins de luxe et où Arman fils tiendra une galerie d'art. Une boîte, des poupées bien rangées, bien tassées, de même taille : "Birth Control". Une boîte, des masques à gaz : "Home sweet home". Une boîte, des insecticides de marque "Flytox" alors très répandus en France : "Dieu reconnaîtra les siens". L'humour noir, l'esprit Dada semblent inspirer ces macabres joyeusetés.
Des machines à écrire d'autrefois, du temps où on se cassait les ongles sur ces Remington et Underwood, machines bien alignées et superposées dans des casiers, surmontant des rames de papier : "Hard Times".
Une boîte, une accumulation de rasoir électriques des années 60 : "Malheur aux barbus" - titre doublé d'une allusion au feuilleton de Francis Blanche et Pierre Dac. Une composition de trompettes : "Jéricho"... Un vieux combiné téléphonique symétriquement fendu par le milieu et inclus dans du béton : "Téléphone coupé". Une statuette de Jeanne d'Arc proprement découpée : "Tranches de vie" et ainsi de suite. Sans compter une Vénus de Milo parodiée en Vénus pleine de blaireaux.
Cet humour a disparu ensuite : effet de l'âge ? Ou plus vraisemblablement adaptation à un marché de l'art international, mondialisé et donc anglicisé, où ces astuces bien franchouillardes feraient tache ?
Un masque : exemple de ce que cette exposition a contourné : pour laisser le Quai Branly s'en emparer ?
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