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Le cinéma russe peut réserver de bien agréables surprises. Après Le géographe qui a bu son globe (2013), le nouveau film d'Aleksandr Veledinski en apporte la preuve.

Dans le port de Cape Town nous invite à découvrir le destin de trois personnages. Le Marin, le Caïd et le Blanc-Bec ont bien cru s'entretuer quelque part au fond d'un port à Sakhaline en 1945 alors que la capitulation du Japon était signée sur le croiseur Missouri. A chaque fois légèrement différentes, les images du règlement de compte sanglant viennent de manière récurrente à la fois insister sur l'épisode fatal et semer le doute dans l'esprit du spectateur. Y a-t-il eu un, deux ou trois survivants ? Que sont-ils devenus ?

 

Cinquante ans plus tard, on retrouve ces personnages dans des contextes très différents : le film nous mène à Sébastopol où l'un d'eux vient faire une cure désintoxication, à Saint-Pétersbourg où vit celui qui a fait une carrière de metteur en scène au théâtre, au Cap en Afrique du sud où l'héritage de Toporkoff, qui a passé vingt au goulag avant de faire fortune, est attendu par ses héritiers divisés en deux clans.

Ce scénario fantaisiste fait tout pour égarer le spectateur avec un sens aigu du coq à l'âne et cela donne un film foutraque sans équivalent — où saxophone et mitraillette peuvent échanger leur place dans les étuis, où un dramaturge peut déchirer ses livres…

 

Dans ce panorama de cinquante ans, le culte de Staline a laissé la place à un culte de la victoire de 1945 accompagné de la mise en avant de la marine russe (Sébastopol et escale de Cape-Town). Le réalisateur utilise à plusieurs reprises des images d'actualités en noir et blanc, rediffusées à la télévision, ainsi que des photos en bistre comme autrefois pour donner plus d'épaisseur à son va-et-vient dans le temps. Une de ces photos au style désuet , en un clin d'œil à la scène primitive, montre des marins qui se sont massacrés dans un bordel — mais ce n'est qu'une mise en scène pour un photographe à l'esprit dérangé.

 

 

La bande-son cite aussi bien un standard sud-africain qu'un air yiddish (By mir bist du schein…) revu et corrigé par une chorale de gamins de Sébastopol. C'est sur cet air bien connu que dansent un marin et une fille sur les hauteurs du port du Cap tant au début qu'à la fin du film : une scène qu'on retiendra dans ce film réjouissant mais fort déconcertant !

Le réalisateur A. Veledinski

Dans le port de Cape-Town (В Кейптаунском порту), film d'Aleksandr Veledinski. Russie, août 2019, 1h 47 min.

 

Tag(s) : #AU CINEMA, #RUSSIE
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