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Supposons que vous ignorez tout de la cartographie médiévale, que vous n'avez pas lu l' "Odyssée" du divin Homère, ni la "Prise de Constantinople" du chevalier Villehardouin, imaginons que vous n'avez dévoré aucun roman d' heroic fanzy, aucune biographie de Frédéric Barberousse, pas plus que l'"Alamut" de Bartol, ni le "Chevalier inexistant" de Calvino, ni le "Livre des Merveilles" de Marco Polo. Oui, supposons tout cela... Alors, Umberto Eco a écrit "Baudolino" rien que pour vous ! Le premier chapitre sera un test de lecture des plus décisifs ! Puis il vous faudra persévérer, prendre des notes et vous accrocher. La vie (culturelle) est un combat. Courage !

 

En revanche, si vous connaissez déjà les querelles des villes guelfes et des empereurs souabes, si vous avez déjà entrevu avec délices les innombrables et insondables querelles byzantines sur la Trinité et la nature du Christ, si vous vous inquiétez encore de l'origine du saint suaire, si vous doutez toujours du saint Graal, si vous imaginez que les Assassins — Haschichins — du Vieux de la Montagne ne sont que de vulgaires précurseurs des kamikazes d’Al-Qaïda, si vous pensez que les Croisades partaient toutes pour délivrer Jérusalem, si vous ne faites pas encore de différence entre Gênois et Vénitiens, si…, si…, si… Alors vous dévorerez ce livre superbe écrit à la gloire du moyen-âge, incessant clin d'œil à ses légendes, à ses belles Dames, à ses preux chevaliers, à ses moines orthodoxes,— écrit aussi à la gloire du mensonge permanent appelé fiction.

 


Concrètement, Umberto Eco nous fait suivre Baudolino depuis son village piémontais qu'il a quitté en 1154 jusqu'à la cour de l'empereur Frédéric Barberousse, depuis la prise de Milan jusqu'à celle de Constantinople en 1204. Toutes ses aventures sont déroulées devant nous en un récit conté au grec Nikétas qui a le bon goût d'y croire plus qu'à moitié car, lorsque les Croisés pillèrent sa ville et embrochèrent ses habitants, c'est Baudolino en personne qui l'avait sauvé. Baudolino a aussi le don des langues ce qui facilite les voyages lointains et téméraires à la recherche du royaume du Prêtre Jean. Il a aussi le don d'inventer des reliques fussent-elles des Rois Mages ou de saint Jean-Baptiste. Les questions religieuses jouent un rôle important dans l'intrigue : Umberto Eco se moque gentiment des pratiques et croyances médiévales. Il se moque aussi des polars d'aujourd'hui en résolvant un mystère pluriséculaire :  qui donc a tué l'empereur Barberousse ?

 

• Umberto ECO :  B A U D O L I N O. Traduit de l'italien par Jean-Noël Schifano, Grasset, 2002, Livre de poche 666 pages.

 
Tag(s) : #HISTOIRE MOYEN AGE, #LITTERATURE ITALIENNE
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