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Une fois achevée la lecture de "Je vais mieux", la récente œuvre de David Foenkinos, je peux dire moi aussi : je vais mieux. Non que j'aie souffert à la lecture ! Au contraire, cette autofiction parodique tend à donner de l'optimisme par l'humour qu'elle prodigue et la progression vers une "happy end" qui nous inonde de bonne humeur.
Soyons clair : on ne prend pas très au sérieux le mal de dos persistant dont souffre le héros, un mal du siècle, maladie du monde stressé, un symptôme dont la fonction est d'amener le personnage principal à se mettre en question. Le narrateur va découvrir qu'il menait une vie sans valeur, sans repères, autant dire vide :
« J'étais le théâtre de l'indécision contemporaine. Nous étions perdus sur tous les sujets, incapables de nous définir. J'étais sûr qu'aucune époque n'avait jamais produit autant de maladies psychosomatiques. Je me souvenais des paroles de la pharmacienne : “Le mal de dos est à la mode.” Même dans mes souffrances, je n'avais rien d'original. Notre modernité c'était donc ça. On souffrait de ne plus très bien savoir que faire et que penser. Nous n'étions donc plus animés par de grands idéaux. La politique était devenue le service de communication des mouvements boursiers et aucune guerre ne se profilait en Europe. Alors, à quoi bon lutter ? Notre époque était vide de tout engagement. J'étais certain que Sartre ou Camus, eux, n'avaient jamais eu mal au dos.»
On comprend en effet assez vite le ressort du récit : les consultations successives des spécialistes par le patient impatient montrent que son mal de dos n'a aucune cause physique. Tandis que l'intensité de la douleur joue au yo-yo, ni l'examen radiographique, ni l'IRM, ne montrent de raison physique à ce mal être. Son ami dentiste a sans doute tort de l'envoyer consulter un ostéopathe, puis une professionnelle du sexe pour le détendre ; en revanche, un psychothérapeute saura lui dire le mot qu'il faut.
« Il voulait que nous décidions d'un nouveau rendez-vous, mais j'ai dit que je n'avais pas mon agenda. Il a fait mine de croire cet alibi ridicule. Je n'avais simplement pas envie de reprendre un rendez-vous tout de suite. J'avais subitement libéré des mois de paroles retenues, ça suffisait. Et puis, il avait dit l'essentiel : il fallait dénouer. Je devais régler les problèmes de ma vie pour aller mieux. Sans la moindre hésitation, j'ai su qu'il fallait commencer par l'essentiel : mes parents.»
Avant d'entreprendre le circuit de la rédemption, c'est un rude chemin de croix qu'il lui faudra vivre avec, dans la même journée, licenciement et demande de divorce !... Après avoir touché le fond, le narrateur remontera donc peu à peu à la surface, mettant au clair ses relations avec ses enfants adultes qui ont quitté la maison, soldant ses relations avec l'entreprise, le cabinet d'architecte, où il travaillait depuis vingt ans, et allant jusqu'à provoquer une scène de ménage fictive pour mettre joyeusement un terme à sa vie de couple avec Élise qui finira par avouer qu'elle lui reprochait sa mollesse. Clin d'œil à une certaine mode littéraire, le narrateur en vient à dresser « une liste de tous les conflits » qu'il a vécus, à commencer par la « non-invitation » à un anniversaire au temps du CE2. Régler au moins l'un de ces conflits devrait l'aider à reprendre confiance en lui. Grâce à un réseau social bien connu, il retrouve Sophie, devenue sexologue et surtout prête à l'inviter pour son prochain anniversaire : « la blessure était réparée ». Rapidement, tout se dénoue. Un homme nouveau émerge du roman : nouvelle femme, nouvelle profession, nouvelle adresse, nouvelle envie de vivre... C'est le thème d'une métamorphose réussie ! Un livre tous publics et malicieux, sans difficultés stylistiques, à recommander comme antidote en ces temps de crise et de morosité.
• David FOENKINOS : Je vais mieux. Gallimard, 2012, 329 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE
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