LES VANITÉS — 2
4 - Les Vanités des peintres français
Vanité à la chandelle - 1644, Accademia Carrare, Bergame
1641, Musée des Beaux-Arts, Strasbourg
Cette Vanité est parfaite avec le crâne, la chandelle qui bientôt s'éteint, un sceau, la pipe et le tabac avec la signature de l'artiste sur le papier en bas à gauche.
1668, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.
Vanité - c.1650, Musée des Beaux-Arts, Lyon
Vanité. Œuvre du maître de l'Almanach, DAMIEN LHOMME. 2ème quart du XVIIe siècle. — Stiftung Moritzburg, Kunstmuseum des Landes Sachsen-Anhalt, Halle an der Saale.
Sur la page ouverte sur le crâne : CHRIST ÉTAIT MA VIE ET MOURIR EST MON GAIN. À gauche un dessin illustrant la Cène. Au premier plan devant le crâne, un Traité de l'Existence...
Galleria Nazionale d'Arte Antica, Rome
1630, Musée du Louvre
c.1630, Metropolitan Museum, New York.
Les coquillages exotiques sont collectionnés par les amateurs et sont considérés comme des emblèmes de la vanité. À la différence de Bonnecroy, Stoskopff est luthérien, l'Alsace ayant été un important centre de la Réforme.
Également de Stoskopff :
5 - Les Vanités italiennes
Peu de peintres italiens dans cette histoire des vanités. L'Italie de la Contre-Réforme est fidèle aux représentations religieuses traditionnelles, aux grands sujets mythologiques et d'histoire. La Papauté continue d'exercer une action de mécène. L'art jésuite triomphe. Néanmoins, deux artistes sont présents :
1623, Musée du Louvre
Avec cette toile de Domenico Fetti (ou Feti) on a assisté à la fusion du portrait de la Mélancolie de Dürer avec l'image représentant la femme en pleine méditation. Elle fixe du regard le crâne et a comme oublié le livre qui est dessous, le globe céleste, la palette et les pinceaux, le livre ouvert à terre, le chien même, et aussi le paysage. Celui-ci n'apparaît qu'au-delà de murs ruinés qui anticipent sur le culte romantique des ruines. Le sens est évident : toute l'activité humaine, pratique, théorique, ou artistique, est vaine (13).
Musée des Beaux-Arts, Amiens
Guido Cagnacci, élève de Guido Reni, a surtout peint des allégories plutôt que des vanités. Après un voyage à Venise, il finit ses jours à Vienne où il travailla sur le thème de la Mort de Cléopâtre.
6 - Les vanités des peintres espagnols
Ce premier tableau d'Antonio de Pereda montre un saint Jérôme âgé en méditation. On peut l'opposer à la Marie-Madeleine de La Tour : au lieu de fixer le crâne, le regard est tourné vers le ciel. La trompette annonce le Jugement dernier. Le livre ouvert est orienté vers le spectateur, non vers saint Jérôme, afin que l'image christique soit bien comprise, artifice qui rappelle ce que d'autres artistes ont signifié en recourant au texte, et une croix sommaire est posée sur le Livre.
La Galerie des Offices à Florence possède une autre vanité de Pereda, datée de 1668. Comme dans l'Allégorie ci-dessus, on retrouve un médaillon représentant le portrait de Charles Quint. L'empereur est ici placé sur le monde, mais le vaste empire fut éphémère. Par ailleurs, ce tableau est intéressant par sa composition : d'un côté la puissance et les richesses au-dessus du coffre, de l'autre les images de la mort : crânes, sablier, fusil, lampe éteinte.
Encore une allégorie ailée, encore une pendulette en forme de tour de l'horloge, encore des armes. Mais on note le glissement de la méditation vers le sommeil et le rêve. Et pour la première fois, un masque de comédien.
Deux tableaux singuliers de Juan Valdès Léal.
Ce Valdès possédait, Young de la peinture,
Les secrets de la mort et de la sépulture (…)
Un vrai peintre espagnol, catholique et féroce,
Par la laideur terrible et la souffrance atroce (…)
1670, chapelle de l'Hôpital de la Charité, Séville
Le XIXe siècle fut très pauvre en vanités proprement dites : le crâne tend à l'emporter. Aux deux bouts du siècle, Géricault et Cézanne le représentent en triple exemplaire. Ce dernier peint trois crânes comme il peindrait trois pommes. Purs objets sans transcendance.
Paul Cézanne (1839-1906) - Nature morte - Detroit Institute of Arts, Michigan
1902 - La boule de cristal
Cent ans plus tard…
Vanitas and Vermeer
Vanitas (2000)
Vanitas 3D
Gianrico GUALTIERI - Vanité avec Cupidon qui tend son arc. 2020. Huile sur bois.
Guido MOCAFICO Vanité et objets de musique 2007. Photographie
Pour terminer, place à l'artiste russe Dimitri Tsykalov né en Russie en 1963. Son œuvre pastiche celle de Philippe de Champaigne qui commençait notre présentation; elle a été exposée à la Galerie Rabouan Moussion à Paris.
Dimitri TSYKALOV, Memento Mori, 2019,
Assemblage de caisses de munitions, 114 x 150,5 x 8,5 cm
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CONCLUSION
Aujourd'hui, la Vanité sort de l'oubli. Mon compte-rendu de l'exposition du musée Maillol (fév.-juillet 2010) en donne la démonstration, tout en insistant sur la perte du sens humaniste de la vanité.
NOTES