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Auteure appréciée de "La Fille sans qualités" la romancière Juli Zeh traite ici d'une intrigue qui nous fait plonger dans l'anticipation. L'action se passe en 2057 dans une Allemagne soumise à une dictature qui se veut bienveillante au nom de l'hygiène et de la santé publique. Plus d'usines, plus d'autoroutes. Les émissions de gaz à effet de serre ont apparemment disparu et des milliers d'éoliennes ont fleuri pour alimenter des villes où les habitants sont parqués et reclus : une puce sous-cutanée prévient les autorités quand ils s'aventurent en terre polluée et microbienne. La cigarette, l'alcool, le café, le thé et le chocolat ont disparu. On s'offre une tasse d'eau chaude avec éventuellement quelques gouttes de jus de citron. Pire, on ne peut avoir de relations intimes qu'avec des personnes "compatibles". Bref, c'est la joie ! Non, c'est la Méthode qui gouverne : la pensée des Lumières a accouché de la tyrannie. C'est "Le meilleur des Mondes" de Huxley greffé sur le "Nous Autres" de Zamiatine.
 
L'héroïne, Mia Holl, une biologiste qu'on ne voit jamais au travail, mais chez elle ou au tribunal, est désespérée par la mort de son frère Moritz. Celui-ci a été accusé du viol et du meurtre de Sibylle avec qui il avait rendez-vous en périphérie de la ville. Il a été condamné sur la base de son ADN, mais il a clamé, en vain son innocence. En prison, il s'est suicidé avec la complicité de Mia. Celle-ci devient d'autant plus suspecte aux autorités, à la Méthode, qu'elle se soustrait aux contrôles quotidiens obligatoires pour tous. Mia est arrêtée à plusieurs reprises. Les opposants du "Droit à la maladie" manifestent en son nom ; ils en font leur icône. Les choses vont aller de mal en pis pour elle, malgré un avocat dévoué et un journaliste de télévision au comportement ambigu. La Méthode ne sera pas renversée par les "antiméthodistes" qui s'agitent tandis qu'un important magistrat se réjouit du départ de ses fils vers des pays étrangers. 
 
Le roman à thèse a l'élégance de ne pas être épais. C'est heureux, car la romancière donne l'impression d'être dépassée par la complexité de son affaire : personnages en carton pâte, dialogues indigestes, intrigue assommante, absence d'humour... Bref, vous pouvez faire l'économie de cette lecture à moins d'être un inconditionnel de la science-fiction. 
 
• Juli ZEH. Corpus delicti. Actes Sud, 2010, 237 pages. Traduit de l'allemand par Brigitte Hébert et Jean-Claude Colbus.

 

Tag(s) : #LITTERATURE ALLEMANDE
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