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C'est l'histarcan.jpegoire de Charles Nadeau, un photographe que deux femmes se disputent. Le récit commence en pleine canicule quand Julie O'Brien prend un bain de soleil sur la terrasse d'un immeuble du centre-ville de Montréal, avenue Coloniale. Elle a trente-trois ans et vient d'être plaquée par « son dernier amour, Steve Grondin, la plus grande douleur de sa vie ». Elle se passionne pour la gym en salle, mais son point faible c'est le chardonnay, qu'elle consomme sans modération, parfois avec sa voisine Rose Dubois. Rose partage la vie de Charles dont elle est aussi l'assistante : « Ce qui était dur devant les modèles ce n'était pas de voir Charles les photographier, c'était de s'habituer à la suffocation que provoquait leur beauté ». C'est en effet un photographe de mode qui travaille pour Elle Québec et shoote les mannequins à longueur de journée. Mais il ne les désire pas comme Rose aurait pu l'imaginer. Le père de Charles, qui est placé en hôpital psychiatrique, avait été boucher et Charles a pris en horreur toute cette chair exposée, cette bidoche qu'il a trop approchée dans les chambres froides. Charles s'échauffe au contraire avec toutes les photos qu'il trouve sur la toile, même quand il devient l'amant de Julie. Celle-ci a très bien su mettre en relation les souffrances de l'enfant du boucher avec les particularités de sa conduite présente.
Rose se demande bien sûr comment reconquérir Charles. Elle ne doute pas une seconde que ce ne soit pas possible. Venue d'une famille de cinq filles, issue d'une région où il naît selon elle beaucoup plus de filles que de garçons, installée dans un quartier où les bars branchés semblent envahis par les femmes seules en quête de relations masculines, elle est prête à tout pour faire revenir Charles. Et le moyen qu'elle a choisi est la chirurgie esthétique. Charles devrait craquer devant le résultat !
Depuis "Putain" paru en 2001, et qui avait été sélectionné par les jurys des prix Fémina et Médicis, la québécoise Nelly Arcan, est connue pour ses romans provocateurs et au style très efficace mais très cru. De fait, " À ciel ouvert" ne repose pas que sur l'abus de vin blanc ! Il fait également le procès de la chirurgie esthétique quand elle est dévoyée. Mais il est aussi intéressant par la place que tiennent les images dans la société actuelle marquée par ses glissades pornographiques. L'auteure s'est suicidée en 2009 après avoir remis à l'éditeur un quatrième et dernier roman "Paradis, clef en main".
• Nelly ARCAN :  À ciel ouvert. Éditions du Seuil, 2007. "Points", 2010, 251 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE CANADA
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