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Le Mémorial de l'Abolition de l'Esclavage a été inauguré dimanche 25 mars 2012 en présence notamment de Christiane Taubira et Lilian Thuram. Pourquoi à Nantes ? Si la participation de Nantes à la Traite atlantique et à ses douze millions de victimes est très inférieure à celle de Liverpool, il n'en reste pas moins que ce port a envoyé plus de 1400 expéditions négrières aux XVIII et XIXe siècle.
• Le Mémorial est inséré dans le Quai de la Fosse, entre la passerelle Victor Schœlcher (le père de la loi de l'abolition française en 1848) et le pont Anne de Bretagne où est l'entrée principale.
En descendant quelques marches, le visiteur entre dans une première galerie — toute de rouge et de noir — qui évoque par une frise chronologique l'histoire de la traite et de l'abolitionnisme. Une grande carte montre les destinations des captifs à l'issue de la "grande traversée".
Après cette carte, à la fin de la frise, il est utilement rappelé que l'esclavage atlantique des années 1500-1850 n'est pas le seul. Et en particulier on termine sur le fait brutal qu'aujourd'hui 200 ou 250 millions de personnes de par le monde sont réduites à une situation d'esclavage, c'est-à-dire de travail forcé, notamment des enfants.
Plus loin, une longue galerie ouverte sur le fleuve est consacrée à des documents mêlés d'hier et d'aujourd'hui dénonçant l'esclavage et réclamant son abolition.
On peut y lire, sur des plaques de verre obliques, des extraits de Déclarations officielles, et des textes d'auteurs célèbres : aussi bien d'Adam Smith démontrant que le prix de l'esclavage est bien plus élevé qu'on le croit, que de l'Abbé Grégoire donnant une définition large du "négrier".
On peut lire aussi des citations d'Olaudah Equiano ou de Frederick Douglass voisinant avec celles de Martin Luther King (I had a dream…) et de Bob Marley. Tout au long des 90 mètres de cette galerie installée dans le quai on se sent un peu comme dans la cale d'un navire. L'éclairage est réduit, on entend le vent et le clapot du fleuve. Les matériaux bruts : béton, brique, rendent l'atmosphère juste assez sinistre pour qu'on se sente aussi dans un mémorial.
Entre les piliers du quai, on peut voir, au-dessus des piles en béton du quai opposé, le palais de Justice conçu par Jean Nouvel — où deux colonnes de textes lumineux reprennent les droits de l'homme et d'autres grands principes...!
Le visiteur qui vient directement du Centre ville aura pu accéder à la galerie par un second escalier qui tourne vers lui une Déclaration bilingue et le mot Liberté dans toutes les langues.
Au niveau du sol, à l'air libre, tout autour de la galerie du Mémorial, des petites plaques incrustées dans le sol égrènent les expéditions négrières parties de Nantes et différentes escales de la traite.
Voici par exemple la plaque d'un navire négrier du XVIIIe siècle auquel a été consacré une monographie. Le Musée de Nantes (au Château des Ducs) permet de compléter la visite du Mémorial. A moins que le visiteur ne soit tenté par la Galerie des Machines, et les promenades de l'Eléphant de l'autre côté du fleuve, dans l'île de Nantes.
Vidéo (10 min.) sur le Mémorial de Nantes et... le Musée de Liverpool