Le succès de l'internat grandit en France ; la demande explose chez les adolescents mais aussi chez certains parents. Journaliste au service Éducation du "Monde", M. Baumard en expose clairement les raisons dans ce petit guide précis et bien documenté : établissements publics ou privés, coût annuel, conditions de vie. De nombreux témoignages d'élèves, de chefs d'établissement, de psychologues étayent ses analyses.
L'internat n'offre plus l'image de l'ancienne pension ; finis les dortoirs et la vie de caserne : l'hébergement en petites chambres, la part faite aux loisirs, l'accès à l'internet en font aujourd'hui un lieu de vie agréable. M. Blanquer, directeur de l'enseignement scolaire et père du concept d'internat d'excellence, évoque un "internat-liberté, le lieu que l'enfant recherche pour son épanouissement, pour mieux renouer avec sa famille par la suite". Son succès tiendrait également, selon la journaliste, à l'engouement pour Harry Potter…
Quoi qu'il en soit, de plus en plus d'adolescents y aspirent afin de sortir du milieu familial où ils éprouvent des difficultés à travailler : familles recomposées, parents divorcés, ou trop absorbés par leur vie professionnelle, trop permissifs ou, à l'inverse, trop "cocooners" et angoissés de la réussite scolaire de leur enfant. L'internat offre à ces jeunes des règles de vie et un cadre structurant : ils ont besoin de repères et d'interdits pour se concentrer sur leur "métier d'élève". À l'internat ils se retrouvent entre pairs et bénéficient de l'aide du personnel d'encadrement : ils s'y construisent et conquièrent leur autonomie. Certains parents ont du mal à accepter la demande de leur enfant et vivent cette séparation comme leur propre échec ; d'autres, qui ne parviennent plus à faire entendre leur autorité, y voient la solution miracle.
Or, comme le rappellent les psychologues, il n'en est rien. Car l'internat représente, malgré tout, une rupture et ne soigne pas : être interne n'est une voie de réussite que pour un adolescent réellement motivé à prendre en charge son avenir et capable de s'adapter à ce mode de vie. Tout repose en fait sur le projet du chef d'établissement, la personnalité des surveillants, la capacité d'écoute et la disponibilité du personnel d'encadrement. Un adolescent rebelle qui refuse de travailler ne s'y transforme que s'il rencontre un adulte référent dont il accepte l'autorité et qui devient son passeur vers la réussite.
Si l'internat attire de plus en plus d'adolescents, il n'est pas sans risques. Selon les spécialistes de l'adolescence, mieux vaut aider les parents à poser des limites, un cadre à leur vie familiale, plutôt que de se décharger sur l'internat ; le jeune ne doit pas croire que l'on veut se débarrasser de lui. Mieux vaut aider les parents à accepter que "l'on éduque l'enfant pour lui permettre de partir" et mieux vaut s'assurer que l'adolescent a la force d'assumer, grâce à l'internat, sa nécessaire autonomie.
Maryline Baumard, Vive la pension. Ces ados qui veulent aller en internat. JC Lattès, 2012, 194 p.