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Montessori.jpgLa réputation des écoles Montessori n'est plus à faire. La méthode de ce médecin et pédagogue inspire toujours, témoin sur le site du Café Pédagogique les expérimentations de la tablette et de twitter en maternelle, mais aussi "La main à la pâte" où l'on tente de rendre l'élève conscient de la perception, de l'attention et du fonctionnement mémoriel. Dans son dernier ouvrage, "L'esprit absorbant de l'enfant", Maria Montessori synthétisait sa conception de "l'école ouverte". Certes depuis 1959, certaines analyses sont dépassées; toutefois les valeurs et les expériences de l'auteur restent éclairantes pour les maîtres, comme pour les parents. Car, à l'encontre des théories contemporaines des sciences de l'éducation, tout se joue avant six ans, les capacités d'apprentissage comme l'adaptation sociale.

Pour Maria Montessori, tout enfant vient au monde nanti de forces psychiques; selon les lois de l'énergie vitale, elles assurent son développement avec "le maximum d'intensité pendant les trois premières années de sa vie". Les adultes ne peuvent qu'accompagner la maturation de l'enfant : l'éducation, dès la naissance, n'est qu' "une aide à la vie". Il est donc fort utile de connaître les paliers, les "périodes sensibles" de ce développement psychique, la première surtout car "l'éducation des deux premières années a une importance pour toute la durée de la vie". Jusqu'à six ans, la croissance du petit naît de sa sensorialité puis de son activité : son psychisme absorbe et stocke dans l'inconscient tout ce qui l'environne grâce à la vue, l'ouïe, le toucher ; à partir de trois ans sa conscience se développe et il s'imprègne par imitation. L'enfant a soif d'autonomie qu'il conquiert par l'action ; plus son milieu de vie est riche, plus fort sera son psychisme : c'est le contexte plus que l'hérédité qui construit le futur adulte. Aux parents de parler une langue grammaticalement correcte sans babil enfantin, au vocabulaire nourri ; d'associer l'enfant à leurs activités et échanges humains, de "ne pas faire vivre les enfants à l'écart".

Pour devenir autonome, l'enfant absorbe en manipulant des objets du quotidien et pas seulement les jouets qui, comme les contes de fées, selon M.Montessori, n'aident pas le petit à s'adapter à son milieu. Plier, verser, porter : il maîtrise ainsi la coordination de ses mouvements et sa concentration sur "un travail intéressant choisi librement": à l'adulte à lui proposer des situations qui éveillent son intérêt. L'auteure est formelle : les qualités de caractère "surgissent de l'exercice individuel de trois à six ans"; sinon, au-delà, les enfants deviennent "des jeunes qui n'arrivent pas à apprendre". Elle note en particulier que la sensibilité de l'enfant au langage "cessant entre cinq ans et demi et six ans, il est évident que l'écriture ne peut être acquise qu'avant cet âge"; sinon son acquisition ne se fait plus par absoption spontanée et les erreurs seront multiples. Par ailleurs, l'adulte doit éviter d'interrompre l'activité du petit, ne pas lui imposer son aide, rester vigilant et disponible.

M. Montessori ne ménageait pas les critiques à l'égard des maîtres de l'école "traditionnelle", trop autoritaires, trop peu attentifs au rythme de chaque enfant, trop peu cultivés et souvent sans grande richesse lexicale…ce qui donne à réfléchir aux actuels professeurs des écoles… "Aide moi à faire seul" demande l'enfant à ses parents. Si son développement psychique ne dépend pas d'eux, ils en sont toutefois les facilitateurs, humbles et bienveillants.

 

• Maria Montessori : L'esprit absorbant de l'enfant. Desclée de Brouwer, 1959, rééd.2010, 240 p.  

Lu par Kate

Tag(s) : #EDUCATION, #ESSAIS
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