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 Madrid, de nos jours. Trois sœurs se relaient, d'un chapitre à l'autre, pour conter leurs vies qui furent exaltantes puis décevantes. On saura tout puisque les titres des chapitres vont de A à Z... Pourtant, les sœurs Gaena, qui semblent sortir d'un film d'Almodovar, auraient pu susciter l'envie : Ana bien installée dans la vie, Rosa cadre supérieur dans une multinationale, et Cristina, la plus jeune, qui a trouvé l'amour avec un Irlandais. Oui mais tout se déglingue d'une façon ou d'une autre et les anti-dépresseurs pleuvent chez les filles de la pharmacienne. 

Ana s'ennuie dans son univers douillet : « Ma sœur BCBG, la fille modèle, sainte mère et épouse, en cure de désintoxication. Il fallait le voir pour le croire.» Si bien que « la confrérie des psychiatres de Madrid allait nous élever un monument, à nous, les sœurs Gaena, en reconnaissance de tout le fric qu'ils s'étaient fait sur notre dos.» Son benêt de mari, Borja, ne voit pas venir la chute.

Avec « 155 de QI » et bardée de diplômes, Rosa dispose de hauts revenus qui lui permettent de s'offrir un appartement au design contemporain, et de collectionner les vêtements des marques de luxe. Mais elle finit par détester les horaires déments et les responsabilités qui l'étouffent, réduisant à néant son temps libre. Mais qui peut bien lui téléphoner tous les soirs pour lui faire entendre "L'Heure fatale" de Purcell ? De quoi s'interroger sur le sens de la vie. 

Cristina, la benjamine, a démissionné du stage qui couronnait ses études ; elle a préféré se délecter de films porno avec ses copines délurées et prendre un job au comptoir d'un bar de nuit à la mode, le Planeta X, où la drogue abonde, sur fond de musique techno. Toujours fringuée comme l'as de pique, elle s'est séparée de son "fiancé" irlandais et mène une vie déjantée que ses aînées condamnent.

Chemin faisant on s'aperçoit que les trois femmes ont été d'une certaine façon victimes de leur famille. Leur père a quitté la maison et n'a plus donné de nouvelles. Leur mère, toute à sa profession, n'a pas su mener seule le quotidien. La jalousie couve aussi entre les sœurs : Cristina était la favorite du père comme du cousin Gonzalo…

Ces histoires légères et crues soutiennent l'intérêt grâce au ton particulier de l'auteure dont c'était le premier roman : on s'attache à ce bavardage enjoué et insistant qui fait passer sans prévenir du rire à la gravité.

• Lucía Etxebarria - Amour, Prozac et autres curiosités. Denoël, 1999 et 10/18, 281 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE ESPAGNOLE
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