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Dans ce roman éblouissant d'à peine cent pages une voix inconnue et comme venue d'outre-tombe tutoie un jeune héros qui n'est jamais nommé.

« Le soir, au bar de l'hôtel, tu as dit à Conti, que tu ne pouvais toujours pas appeler autrement que mon adjudant, bien que vous serviez désormais une armée sans grade et sans drapeau, ça va être un désastre, ici, mon adjudant, une défaite épouvantable, nous allons nous faire massacrer…» Après la fin d'un service militaire qui l'a amené à Djibouti, le jeune Corse s'est engagé comme mercenaire dans une entreprise de sécurité en Syrie et en Irak où son ami Jean-Do l'a rejoint. Ce "nouvel art français de la guerre" est une entreprise à haut risque : une femme kamikaze se fait exploser près d'eux ; le jeune aventurier rentrera seul en Corse, blessé au bras, blessé plus gravement à l'âme.

Sans suivre la chronologie la narration, dans un présent permanent, intemporel, se focalise sur quelques instants: de solitude avec le chien que le jeune homme a recueilli, de flirt au village avec Magali, de camaraderie avec son ami et compagnon d'arme, de détresse après l'attentat horrible...

Comment vivre après cela ? De Peretti, le voisin, père de Jean-Do, ne veut plus lui parler. Dévasté, il songe à se raccrocher à Magali et lui écrit. Celle-ci hésite à répondre et finalement l'invite dans la ville où elle travaille, entourée de personnes comme elle, dévouées à leur entreprise de consulting. Un monde aux antipodes de celui de l'ancien mercenaire bien vite de retour dans l'île, dans l'oliveraie avec sa carabine, son chien et son angoisse « car tu as été guerrier et martyr d'un monde qui meurt dans les flammes…» Magali arrivera trop tard.

«Les hommes ont besoin pour vivre de quelque chose de plus grand qu'eux » avait un jour pensé la jeune femme, et son ami aussi. La voix lui a dit : « Il y eut une époque où les hommes partaient dans le désert à la recherche de Dieu […] et ils ne trouvaient pas Dieu, ils ne trouvaient que la béance de leur âme.» Tel est le chemin que suivit le jeune homme ; sa route n'a pas ouvert la voie du salut. Il n'a trouvé en Orient qu'un dieu dont on se recommande pour commettre des attentats criminels. Et il n'y a qu'un seul dieu lui a dit le prêtre corse...

Avant de lire "le Sermon sur la chute de Rome" j'ai voulu goûter ce que J. Ferrari avait déjà produit et le hasard qui fait bien les choses m'a mis "Un dieu un animal" entre les mains. Un livre grave, remarquablement écrit.
 

Jérôme Ferrari : Un dieu un animal, Babel, 2012, 109 pages. (Actes Sud, 2009).

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE
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